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AZF : une erreur judiciaire ?

Seize ans après l’explosion de l’usine de Toulouse, la cour d’appel de Paris a reconnu coupables l’ancien directeur, Serge Biechlin et la filiale de Total, Grande Paroisse. Contre la logique scientifique.

La poudrerie de Toulouse où l'armée fabriquait des explosifs.
La poudrerie de Toulouse où l’armée fabriquait des explosifs.

L’arrêt rendu ce mardi 31 octobre 2017 par la cour d’appel de Paris marque la fin d’une interminable bataille judiciaire. La juridiction parisienne a condamné l’ancien directeur de l’usine AZF de Toulouse à 15 mois de prison avec sursis pour « homicide involontaire » et la société Grande Paroisse, filiale de Total, à 225.000 € d’amende. Pour la justice, l’ancien directeur comme l’entreprise sont reconnus coupables de « négligences » et de « fautes caractérisées » dans l’explosion qui, le 21 septembre 2001 a fait 31 morts, 2.500 blessés et détruit environ 25.000 logements dans les quartiers sud de la Ville rose. C’était le troisième procès de cette affaire.
La cour a retenu la thèse du mélange accidentel d’une benne de DCCNa, un produit chloré, dans le hangar 221 de l’usine où étaient entreposé un stock de 300 tonnes d’ammonitrates, un produit utilisé en agriculture pour la fertilisation des sols. S’il est vrai que les deux produits sont très « réactifs » comme disent les chimistes, c’est-à-dire qu’ils peuvent provoquer l’explosion, la reconstitution effectuée quelques années plus tard a montré qu’il n’était pas possible de transporter du DCCNa sans s’en apercevoir et donc de le confondre avec les ammonitrates, comme l’a soutenu l’accusation.

De la nitrocellulose

Nous sommes persuadés, pour avoir longuement enquêté à Toulouse et ailleurs sur ce dossier douloureux et compliqué, qu’il s’agit d’une regrettable erreur judiciaire.
Le 2 février 2017, alors que le procès s’ouvrait devant la cour de Paris, nous avons publié une longue enquête intitulée : « AZF : la piste oubliée » où nous nous efforçons de démontrer, photos à l’appui, que l’usine AZF était construite sur un ancien site militaire qui, depuis le premier conflit mondial, utilisait de la nitrocellulose, un puissant explosif. Aujourd’hui encore, plusieurs milliers de tonnes restent enfouies sous terre. Et c’est ici, sur ces terres de l’ancienne usine d’explosifs militaires, puis de l’usine AZF que l’on a récemment construit le campus de cancérologie de Toulouse.

Marcel GAY

Lire notre article AZF, la piste oubliée.

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