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Israël-Iran : La Chine hausse le ton

Trop dépendant économiquement du pétrole iranien, l’Empire du Milieu ne laissera pas longtemps l’État hébreu bombarder l’Iran, pas plus qu’il ne laissera Israël s’emparer de Gaza.

La chine veut jouer les conciliateurs (UnlimPhotos)
La chine veut jouer les conciliateurs (UnlimPhotos)

Israël continue de bombarder les sites militaires iraniens au troisième jour d’une guerre visant à empêcher le régime des Mollahs d’accéder à la bombe atomique. Les frappes ont fait plus de 300 morts et plus de mille blessés côté iranien. De hauts responsables du régime ont été tués ainsi que des scientifiques travaillant sur le programme nucléaire.
L’Iran a riposté en envoyant des salves de drones et de missiles balistiques sur Israël causant la mort de 13 personnes et de gros dégâts matériels.

La grogne des opinions publiques

Nous avons dit combien cette guerre entre Israël et l’Iran est lourde de conséquences. Elle déstabilise tout le Moyen-Orient et risque de provoquer une onde de choc économique planétaire. Notamment si l’Iran bloque le détroit d’Ormuz.
Les États-Unis comme le monde occidental, pris de court, ne soutiennent que du bout des lèvres cette agression caractérisée d’un pays souverain à la veille de négociations sur le programme nucléaire de l’Iran. D’autant que les opinions publiques internationales accusent Israël de provoquer délibérément un véritable génocide des Gazaouis.
De nombreuses manifestations ont eu lieu ce dimanche dans les grandes capitales.

La Chine ne laissera pas faire

Plutôt discrète jusqu’ici, la Chine commence à hausser le ton.
Le porte-parole Guo Jiakun a récemment indiqué que Gaza appartient au peuple palestinien. C’est une partie inaliénable du territoire de la Palestine, et non une monnaie d’échange pour des jeux politiques, et encore moins une proie pour les plus forts. « La Chine soutient fermement les droits nationaux légitimes du peuple palestinien » et, estime que « les Palestiniens gouvernent la Palestine » est un principe important qui doit être respecté dans la gouvernance post-conflit de Gaza, et s’oppose au déplacement forcé de la population de Gaza« .
Il y a quelques mois, Pékin réaffirmait son soutien indéfectible à Téhéran. « Quelle que soit l’évolution de la situation internationale et régionale, la Chine sera toujours un partenaire digne de confiance pour l’Iran », a indiqué le ministre chinois des Affaires étrangères Wang Yi au président iranien Massoud Pezeshkian, selon des propos rapportés mercredi par la télévision d’État CCTV.
« La Chine continuera à soutenir l’Iran dans la sauvegarde de sa souveraineté, de sa sécurité, de son intégrité territoriale et de sa dignité nationale », a ajouté Wang Yi, précisant que son pays « s’opposera » à ceux qui « s’ingèrent dans les affaires intérieures de l’Iran et imposent des sanctions ».
Le message est on ne peut plus clair.

La haine de l’occident

La Chine partage avec l’Iran et plus généralement les pays du Sud Global, une inimitié de longue date contre l’Occident, arrogant et dominateur. Mais son économie est très dépendante de l’Iran pour son pétrole. Même sous sanctions internationales, la Chine a continué d’importer du pétrole iranien via des canaux détournés.
Depuis les années 2010, la Chine a massivement investi dans les infrastructures iraniennes (transports, énergie, télécoms) et signé des accords de coopération stratégique (2021). Un partenariat de 25 ans a été signé, prévoyant jusqu’à 400 milliards de dollars d’investissements chinois en échange d’un approvisionnement stable en énergie.
Le commerce entre les deux pays est important. Les produits échangés : pétrole, gaz, produits chimiques, machines-outils, textiles, biens de consommation, équipements électroniques.

Les relations diplomatiques

La Chine soutient aussi l’Iran au sein des institutions internationales, notamment au Conseil de sécurité de l’ONU, en appelant à la levée des sanctions américaines et au respect du plan d’action global commun (JCPOA) sur le nucléaire.
En 2023, l’Iran a officiellement rejoint l’Organisation de coopération de Shanghai (OCS), dirigée par la Chine et la Russie.
La Chine défend l’intégration de l’Iran dans un ordre mondial multipolaire.
Quant aux liens militaires, ils sont discrets, mais réels : exercices navals conjoints (Chine-Iran-Russie), coopération en cybersécurité. La Chine aurait aidé l’Iran à développer certaines capacités de missiles balistiques et de défense électronique, malgré les embargos.
Les deux pays se présentent comme des acteurs opposés à l’hégémonie américaine. Coopération dans le cadre de l’Initiative « La Ceinture et la Route » (BRI) : l’Iran joue un rôle clé de pont logistique entre l’Asie et l’Europe.
On comprend mieux pourquoi la Chine ne laissera pas Israël détruite l’Iran comme il a détruit Gaza.

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