Les négociations américano-russes laissent l’Europe sur la touche, comme l’écrit fort justement Jean-Baptiste Noé dans « L’Institut des Libertés ».
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Les pourparlers entre Washington et Moscou ont débuté à Riyad, marquant un tournant dans la guerre en Ukraine. Un développement qui souligne l’affaiblissement diplomatique de l’Europe et de l’Ukraine elle-même, désormais spectateurs de leur propre destin.
L’Ukraine, monnaie d’échange dans la stratégie américaine
Donald Trump, reprenant les rênes de la diplomatie américaine, a rapidement mis l’accent sur une résolution du conflit ukrainien. Son objectif : libérer les ressources américaines pour se concentrer sur la Chine et le Mexique, considérés comme les véritables enjeux stratégiques. La Russie, bien qu’occupant toujours 20% du territoire ukrainien, montre des signes de fatigue économique après trois années de guerre. Vladimir Poutine a réitéré sa non-opposition à une adhésion ukrainienne à l’UE, un point qui avait pourtant cristallisé les tensions dans les années 2010.
La doctrine américaine de l’équilibre des puissances
La stratégie américaine s’inspire directement de la doctrine britannique du XIXe siècle : s’allier systématiquement avec la troisième puissance mondiale pour contrebalancer la seconde. Cette approche, jadis appliquée en Europe, se joue désormais entre les États-Unis, la Chine et la Russie. Donald Trump inverse la stratégie de Nixon : là où ce dernier s’était rapproché de la Chine pour isoler l’URSS, Trump cherche aujourd’hui à séduire Moscou pour contrer Pékin.
L’Europe, grande absente des négociations
Le choix de Riyad comme lieu de négociation est symbolique d’un changement d’époque. Les Européens, malgré leurs récentes réunions à Paris, se retrouvent marginalisés dans les discussions. L’absence du Royaume-Uni, pourtant soutien historique de l’Ukraine, est également notable. Face à une Allemagne en crise, une France affaiblie et un Royaume-Uni en retrait, seule l’Italie de Giorgia Meloni semble maintenir une certaine influence, bien que limitée par son alignement sur Washington.
La situation actuelle révèle un paradoxe : alors que l’avenir de l’Europe se dessine, ce sont les puissances extra-européennes qui en définissent les contours. Pour l’Ukraine de Zelensky, le risque est désormais de voir son sort scellé sans même être conviée à la table des négociations.