Sécurité sociale : la Cour des comptes alerte sur un déficit « insoutenable » d’ici à 2029.

À la veille des débats parlementaires sur le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) pour 2026, la Cour des comptes tire une nouvelle fois la sonnette d’alarme. Dans une communication transmise à la commission des affaires sociales de l’Assemblée nationale, les magistrats financiers dressent un constat sévère : le déficit de la Sécurité sociale « s’est fortement dégradé » en 2025 et « aura doublé en deux ans ». Le déficit des régimes obligatoires de base de la Sécurité sociale (Robss) et du fonds de solidarité vieillesse (FSV) atteindrait 23 Md€ en 2025 selon les données du PLFSS pour 2026, en hausse de 7,7 Md€ par rapport à 2024 : en deux ans, le déficit de la Sécurité sociale aura ainsi doublé.
Cette analyse actualise les conclusions du rapport annuel sur l’application des lois de financement de la Sécurité sociale (Ralfss) publié en mai dernier. Elle se concentre sur les régimes obligatoires de base de la Sécurité sociale (ROBSS) et le fonds de solidarité vieillesse (FSV), à l’exclusion de l’assurance chômage et des régimes complémentaires de retraite.
Un déficit en forte dérive
Selon la Cour, la situation financière du système social français atteint un niveau particulièrement préoccupant. Le déficit global, déjà creusé par les effets persistants de la crise sanitaire et des revalorisations liées à l’inflation, s’est aggravé en 2025, tandis que les recettes progressent trop lentement pour compenser l’augmentation des dépenses de santé et de retraite.
Le PLFSS 2026, déposé le 14 octobre et rectifié le 23 octobre 2025, prévoit un effort « important » pour tenter d’enrayer cette dérive. Mais, prévient la Cour, le redressement envisagé reste soumis à de fortes incertitudes : ralentissement de la croissance, vieillissement démographique, inflation des dépenses hospitalières et médicales, ou encore coût des réformes sociales récentes.
Vers une nouvelle dette sociale
À plus long terme, les perspectives apparaissent sombres. D’ici à 2029, la Cour anticipe une accumulation de déficits représentant plus de 100 milliards d’euros, conduisant à la reconstitution d’une nouvelle dette sociale. Cette spirale fragiliserait encore davantage l’Agence centrale des organismes de Sécurité sociale (Acoss), chargée du financement quotidien du système, et créerait « un risque sérieux de liquidité dans les années qui viennent ».
« Une telle situation n’est pas soutenable dans la durée », insiste l’institution, qui appelle les pouvoirs publics à définir une trajectoire crédible de retour à l’équilibre, condition indispensable à toute nouvelle reprise de dette par la Caisse d’amortissement de la dette sociale (Cades).
Une urgence politique et budgétaire
Cette mise en garde intervient à un moment clé du débat budgétaire. Alors que le gouvernement affirme vouloir « restaurer la soutenabilité financière de notre modèle social », la Cour des comptes souligne la nécessité de mesures structurelles pour maîtriser durablement les dépenses de santé et de retraite.
Sans redressement rapide, prévient-elle, le système risquerait d’entrer dans une « logique de déficit permanent » incompatible avec le principe même de solidarité intergénérationnelle sur lequel il repose.
La Cour des comptes appelle à un sursaut politique : sans réformes structurelles et sans trajectoire claire de retour à l’équilibre, la France pourrait, d’ici à 2029, se retrouver confrontée à une nouvelle crise de la dette sociale, compromettant l’avenir même de sa Sécurité sociale.