« Pour une fois, je partage le point de vue de Nicolas Sarkozy, explique le sénateur mosellan Jean-Louis Masson. Il faut une solution diplomatique à la guerre entre l’Ukraine et la Russie. »
Le sénateur Jean-Louis Masson est intervenu à deux reprises au Sénat pour dénoncer « la politique hostile de la France, de l’Union européenne et de l’OTAN à l’égard de la Russie » et « la livraison à l’Ukraine de munition à uranium appauvri » (lire ci-dessous). Il explique les raisons de son intervention.
Le risque d’une guerre mondiale
« Lorsque le Pacte de Varsovie a disparu et lorsque l’URSS s’est disloquée, il fallait dissoudre l’OTAN qui n’avait plus de raison d’être. De même, il fallait respecter la Russie et ne pas chercher à l’encercler. C’est le contraire, qui a été fait ; en violation des engagements pris, l’OTAN a même intégré des pays qui auparavant faisaient partie de l’URSS. Il n’est donc pas surprenant que la Russie réagisse. D’abord face à la Géorgie et maintenant face à l’Ukraine.
En fait, les pays de l’OTAN ne cherchent pas à rétablir la paix, ils veulent que la Russie soit écrasée militairement. C’est totalement irresponsable, car cela peut conduire à une guerre mondiale. En livrant des avions F16, des missiles ultramodernes et des munitions à uranium, les pays de l’OTAN franchissent un palier. Dorénavant, la Russie dont les moyens sont inférieurs va être acculée à choisir entre l’écrasement ou l’utilisation de ses armes nucléaires.
L’OTAN veut dominer le monde
« Que ce soit en Afrique, en Asie ou en Amérique du Sud, beaucoup de pays s’insurgent contre les prétentions de l’OTAN et des pays occidentaux qui veulent imposer leur volonté au monde entier. C’est ainsi que la Première guerre mondiale a été enclenchée en 1914, il faut s’en souvenir. Voilà pourquoi, au Parlement, je me suis constamment opposé à la politique belliqueuse des pays de l’OTAN qui se mêlent de ce qui ne les regarde pas. »
Question du sénateur J.-L. Masson du 7 septembre 2023
Politique hostile de la France, de l’Union européenne et de l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord à l’encontre de la Russie
Le 7 septembre 2023. − M. Jean-Louis Masson attire l’attention de Mme la Première ministre sur l’hostilité de la politique de la France, de l’Union européenne et de l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN) à l’encontre de la Russie. Les arguments avancés par les pays occidentaux et par la presse de ceux-ci sont parfois d’une totale mauvaise foi. Ainsi, en Occident, on a accusé la Russie d’être à l’origine du sabotage du grand gazoduc en mer Baltique qui doit alimenter toute l’Europe. Or depuis peu, il est quasiment prouvé que c’est l’Ukraine qui est coupable. Soudain, les gouvernements restent silencieux et à quelques exceptions près (Le figaro, 28 août 2023), la presse cache également la vérité. Faut-il donc s’étonner si en Afrique, en Asie et en Amérique du Sud, les pays occidentaux sont de plus en plus critiqués ? La politique actuellement suivie par les pays de l’OTAN cherche à aboutir à un écrasement militaire de la Russie et une telle issue de la guerre n’est pas du tout impossible. C’est irresponsable dans la mesure où des milliards et des milliards d’euros et de dollars sont engloutis au détriment des contribuables des pays concernés afin d’entretenir une guerre qui dépasse d’ores et déjà la centaine de milliers de victimes dans chacun des deux pays belligérants. En outre, la volonté d’écraser la Russie crée un risque évident d’escalade car si ce pays est acculé, il est probable qu’il utilisera son armement nucléaire. Cela pourrait conduire à un conflit généralisé comme on l’a vu lors de la Première guerre mondiale.
[Le sénateur Masson] lui demande s’il ne serait pas plus pertinent de favoriser un cessez-le-feu immédiat et sans condition entre les deux belligérants
Question du sénateur J.-L. Masson du 14 septembre 2023
Livraison à l’Ukraine de munitions à uranium enrichi et risque d’une guerre mondiale
14 septembre 2023. − M. Jean-Louis Masson attire l’attention de Mme la ministre de l’Europe et des Affaires étrangères sur le fait que la décision des États-Unis, de livrer à l’Ukraine, des munitions à uranium appauvri, engagent encore un peu plus les pays de l’organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN) dans un conflit qui peut finir par une troisième guerre mondiale. À l’évidence, l’OTAN cherche un écrasement militaire de la Russie. Or, ce pays n’a probablement pas l’intention de se laisser faire et face à la disproportion des moyens mis en œuvre par l’OTAN, il finira par s’engager, à son tour, dans une escalade militaire. En 1914, on a vu à quoi une telle surenchère peut conduire.
Contrairement à ce que le matraquage médiatique d’une presse occidentale entièrement à la solde de l’OTAN veut faire croire, les responsabilités dans la guerre actuelle sont largement partagées. Depuis des décennies, les pays baltes et la Pologne conduisent une politique viscéralement hostile à la Russie, or l’Ukraine était en passe de suivre le même chemin. On peut comprendre que la Russie ait réagi contre cet encerclement. Par le passé, les États-Unis étaient prêts à engager une guerre pour empêcher l’implantation d’armements soviétiques à Cuba. De même, la Russie est aujourd’hui préoccupée par l’avancée de l’OTAN le long de ses frontières, ce qui est en totale contradiction avec les engagements pris lors de l’effondrement du pacte de Varsovie.
[Le sénateur Masson] lui demande donc si, au lieu de mettre de l’huile sur le feu, les pays de l’OTAN ne devraient pas rechercher un retour sans condition à la paix, notamment par un cessez-le-feu immédiat entre les deux belligérants.