Mobilisation massive des pharmaciens, ce jeudi 30 mai dans toute la France. Ils alertent sur les pénuries de médicaments et exigent une revalorisation de leurs honoraires.
Un mouvement de grève d’une ampleur inédite
Les syndicats de pharmaciens ont lancé un préavis de grève pour ce jeudi 30 mai 2024. La journée sera marquée par la fermeture de la majorité des pharmacies en France. Selon les estimations recueillies par l’Agence Radio France, entre 15 000 et 18 000 pharmacies sur les 20 500 du territoire seront fermées, soit une mobilisation de 75% à 90%.
Les deux principaux syndicats, la Fédération des pharmaciens d’officines (FSPF) et l’Union de syndicats de pharmaciens d’officine (USPO), soutenus par l’Ordre des pharmaciens, sont à l’origine de ce mouvement. La pénurie de médicaments est au cœur de leurs revendications.
Une mobilisation régionale très suivie
La participation varie selon les régions. En Bretagne, par exemple, 80% des pharmacies seront fermées, selon l’Agence Régionale de Santé (ARS). En Corse, les taux atteignent 90% en Corse-du-Sud et 86% en Haute-Corse. L’ARS de l’île précise cependant que les services de garde nocturnes seront assurés, le mouvement ne concernant que la journée de jeudi.
Dans ce contexte, certaines pharmacies seront réquisitionnées pour répondre aux besoins urgents. « Les établissements réquisitionnés n’assureront que les besoins urgents, les patients sont donc invités, dans la mesure du possible, à anticiper ou reporter leurs besoins en produits pharmaceutiques », avertit l’ARS Bretagne.
Des rassemblements partout en France
Une trentaine de rassemblements sont prévus à travers le pays, dont une manifestation à Paris à 15 heures entre la faculté de pharmacie et le ministère de l’Économie. Les pharmaciens veulent faire entendre leurs voix et attirer l’attention du gouvernement sur les pénuries de médicaments et la nécessité de revaloriser leurs honoraires.
Des revendications claires
Les revendications des pharmaciens sont claires : ils demandent au gouvernement de mettre en œuvre un plan efficace contre les pénuries de médicaments. Parallèlement, des négociations ont débuté avec l’Assurance maladie, mais les syndicats veulent accentuer la pression pour obtenir une revalorisation significative de leurs honoraires.
« Ce n’est pas la marge des médicaments qui nous rémunère le plus, ce sont les honoraires, et on demande une revalorisation des honoraires », explique Pierre-Olivier Variot, président du syndicat USPO, à franceinfo. Selon lui, chaque officine subit une perte de près de 60 000 euros par an, tandis que l’Assurance maladie propose une revalorisation annuelle de seulement 8 000 euros.
Une situation économique précaire
Pierre-Olivier Variot souligne également l’impact de l’inflation sur les officines. « Nous avons subi de plein fouet l’inflation, comme beaucoup, mais elle a été encore plus présente dans nos officines à cause des salaires, que l’on paie à nos salariés, beaucoup plus majorés que la normale, ce qui fait qu’il y a des fermetures en cascades », déclare-t-il. En janvier, 36 pharmacies ont fermé, soit deux fois plus que l’année précédente.
La grève de ce jeudi 30 mai s’annonce comme un cri d’alarme des pharmaciens, déterminés à obtenir des réponses à leurs revendications et à sécuriser l’approvisionnement en médicaments pour leurs patients.