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La France en récession : lanterne rouge de l’économie mondiale

L’économie française s’enfonce dans une récession alarmante alors que ses voisins européens connaissent une légère amélioration, affirme l’économiste Marc Touati. Pendant ce temps, le débat sur les retraites s’intensifie avec un rapport controversé de la Cour des comptes qui semble masquer l’ampleur réelle du déficit.

Marc Touati

L’analyse des derniers indicateurs économiques révèle une situation préoccupante pour la France, qui devient pour le cinquième mois consécutif la « lanterne rouge » de l’économie mondiale. Alors que l’Allemagne et le reste de la zone euro commencent à sortir progressivement de leurs difficultés, l’Hexagone plonge dans une récession que les experts qualifient d‘une des plus graves de son histoire récente.

Une récession profonde et généralisée

Les enquêtes des directeurs d’achat, baromètres fiables de l’activité économique future, affichent des résultats alarmants. L’indicateur composite français est tombé à 44,5 points, bien en dessous du seuil de 50 qui sépare la croissance de la contraction économique. Cette chute représente un plus bas depuis septembre 2023, et hors période COVID, il faut remonter à la crise financière de 2008-2009 pour observer des niveaux aussi préoccupants.
La situation est particulièrement inquiétante dans le secteur industriel, qui connaît son 32ᵉ mois consécutif de récession avec un indice à 45,5. Mais c’est l’effondrement du secteur des services (44,5), traditionnellement le point fort de l’économie française, qui constitue le signal le plus alarmant.
Pendant ce temps, l’Allemagne et la zone euro dans son ensemble montrent des signes timides d’amélioration, avec des indices remontant légèrement au-dessus de 50, creusant ainsi l’écart avec la France.

Des conséquences sur l’emploi

Cette détérioration de l’activité économique a déjà des répercussions visibles sur le marché du travail. L’indicateur du climat de l’emploi s’effondre, laissant présager une hausse significative du chômage dans les prochains mois. Le taux de chômage, actuellement à 7,8% selon Eurostat, pourrait grimper jusqu’à 9% pour la catégorie A, et atteindre 17 à 18% toutes catégories confondues.

Le débat sur les retraites relancé

Parallèlement à cette crise économique, la Cour des comptes a publié un rapport controversé sur les retraites. Tout en reconnaissant une « dégradation nette, rapide et croissante » des finances du système des retraites, l’institution affirme paradoxalement qu’il « n’existe aucun déficit caché des retraites des fonctionnaires ».
Cette position est vivement contestée par de nombreux économistes qui pointent que les subventions exceptionnelles de l’État pour combler le déficit des régimes spéciaux (7,8 milliards d’euros) et de la fonction publique (52,9 milliards) constituent bien un déficit structurel, simplement comptabilisé différemment.
Le système par répartition français montre des signes d’essoufflement évidents, avec un ratio actifs/retraités qui ne cesse de se dégrader. De 3 actifs pour 1 retraité dans les années 70, ce ratio est passé à environ 1,5-1,7 aujourd’hui, et pourrait chuter à 1,3 d’ici à 2050.

La dette publique, bombe à retardement

Au-delà du déficit des retraites, c’est l’ensemble des finances publiques qui présente un tableau inquiétant. La dette publique officielle atteint déjà 3.300 milliards d’euros, mais en ajoutant les engagements « hors bilan » (notamment pour les retraites futures des fonctionnaires), estimés à plus de 4.000 milliards, on arrive à une dette totale approchant les 7.500 milliards d’euros.
Avec un patrimoine public évalué à 4.500 milliards, la France présente un actif net négatif de 3.000 milliards d’euros. Une situation qui pourrait conduire les agences de notation à dégrader la note française dans les prochaines semaines.

Crise politique en Allemagne, menace pour la zone euro

Pour compléter ce tableau économique morose, l’instabilité politique en Allemagne suite aux récentes élections constitue une menace supplémentaire pour la stabilité de la zone euro. La CDU a remporté le scrutin avec 208 sièges sur 630, mais sans majorité absolue, ce qui nécessitera une coalition difficile à former.
L’émergence d’un discours plus virulent envers la France concernant ses dérives budgétaires, notamment de la part du potentiel futur chancelier Friedrich Merz, pourrait fragiliser davantage la cohésion européenne et faire pression sur l’euro.
Face à ces multiples défis économiques et politiques, les experts s’interrogent sur l’avenir de la monnaie unique et prédisent une possible parité avec le dollar dans les mois à venir.

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