Les deux départements alsaciens formant la Communauté européenne d’Alsace (CeA) ont décidé à 92,4% que « L’Alsace doit sortir du grand Est pour redevenir une région à part entière. » La réaction de Jean Rottner.
« L’Alsace veut redevenir une région à part entière, a expliqué Frédéric Bierry, président de la CeA juste après le dépouillement de la consultation. L’Alsace VA redevenir une région à part entière. Le résultat est sans appel, ce 21 février est historique… Nous allons retrouver le fil de notre histoire et fermer la parenthèse Grand Est ».
Un vote pour un divorce
En effet, 168456 personnes ont participé à la consultation en ligne, par courrier ou en déposant un bulletin en main propre, notamment au siège de la CeA à Strasbourg. Le vote avait été lancé le 20 décembre et clos le 15 février à minuit. Les votants devaient cocher la case oui ou non à la question « L’Alsace doit-elle sortir du grand Est pour redevenir une région à part entière ? »
Résultat sans appel par conséquent. La région Grand Est née de la fusion des régions Alsace, Champagne-Ardenne-Lorraine n’aura donc pas tenu bien longtemps.
Dates clés de la création de la CeA (source CeA)
- Février 2017: les Conseils Départementaux du Haut-Rhin et du Bas-Rhin adoptent une motion commune en faveur de la renaissance institutionnelle et politique de l’Alsace
- Fin janvier 2018: le Premier Ministre, Edouard Philippe, demande au Préfet de Région, Jean-Luc Marx, d’évaluer les différentes hypothèses institutionnelles pour l’avenir des deux Départements alsaciens
- Février à mai 2018: une consultation est lancée auprès des citoyens sur la plateforme Expression Citoyenne. 13 000 contributions ont été réceptionnées
- 29 octobre 2018: signature des accords de Matignon : naissance de la Collectivité européenne d’Alsace (CeA)
• 4 février 2019: vote des 2 assemblées. A Colmar et à Strasbourg, elles approuvent officiellement et solennellement la création de la CeA - 27 février 2019: décret n°2019-142 : regroupement des Départements du Bas-Rhin et du Haut-Rhin et présentation du projet de loi relatif aux compétences de la CeA au Conseil des Ministres
- Du 2 au 4 avril 2019: débats et vote du Sénat – 1ère lecture
- Du 24 au 26 juin 2019: débats et vote de l’Assemblée Nationale – 1ère lecture
- 11 juillet 2019: Commission mixte paritaire
- 23 et 25 juillet 2019: approbation du rapport de la Commission mixte paritaire
- 2 août 2019: promulgation de la loi Alsace et publication aux Journal Officiel – Loi n°2019-816 relative aux compétences de la CeA
- 1er janvier 2021 : entrée en fonction officielle de la CeA
- 27 juin 2021 : élection des Conseillers d’Alsace
Chiffres clés de la CeA
- Population : 1 898 533 habitants (estimation Insee au 1er janvier 2021)
- Surface : 8 280 km² (190km de long – 50km de large)
- Communes : 880 (514 dans le Bas-Rhin et 366 dans le Haut-Rhin)
- Budget : près de 2 milliards d’€
- Personnel : 6 200 agents (avec le transfert des personnels d’Etat)- 3 agents pour 1 000 habitants
- Bâtiments : 376 lieux publics de proximité, 147 collèges publics (2ème Département de France), 210 établissements d’accueil pour les personnes âgées
- Routes : 6 300 kms
- Marqueur des plaques d’immatriculation : logo Acoeur
Jean Rottner : 88 % de NON participation !
« Je prends acte ce jour du résultat de la consultation lancée par Frédéric Bierry, qui n’est ni un vote ni une expression à caractère règlementaire » déclare le président du Grand Est.
Dans un communiqué de presse, Jean Rottner a réagi à la votation de la Communauté européenne d’Alsace : « Avec les moyens consacrés à cette vaste campagne de communication locale et nationale, ce résultat n’est ni surprenant, ni convaincant, dit-il. Si le oui comptabilise – sans surprise – 92,4% des participants (142200), quelle place pour les 88 % d’alsaciennes et d’alsaciens qui n’ont pas souhaité participer ? Pas une baguette de pain ou un bar qui n’a pu échapper pendant 2 mois à un matraquage de la campagne de la CeA avec 88% de non-participation, la modération s’impose. »
En tirer les conclusions
Il ajoute : « 10 ans après le référendum alsacien de 2013 qui avait mobilisé 457.685 électeurs sur une seule journée et qui s’était tenu, lui, dans les règles de droit, je note que le taux de participation (condition de sa validité) est passé de près de 36% à un peu plus de 10% pour la consultation de M. Bierry qui aura tout de même duré 2 mois. Même posée autrement, la question emporte donc toujours moins d’adhésion. Il faut en tirer les conclusions et avancer.
Bien sûr, j’entends les craintes des alsaciens qui ont participé à cette consultation. Je veux leur redire que la Région est un espace de solidarité et de puissance. La somme des investissements consacrés à ses territoires est passée de 1,496 Mds€ entre 2011 et 2015 à 1,954 Mds€ entre 2016 et 2020, soit + 30,6 % d’aides. ».