L’Alsace doit-elle sortir du Grand Est pour devenir une région à part entière ? La question est posée directement aux Alsaciens via une plate-forme dédiée. Le scrutin est ouvert jusqu’au 15 février 2022.
C’est la suite logique d’un processus politico-administratif engagé depuis deux ans déjà. L’Alsace veut sortir du Grand Est pour devenir une région française à part entière. C’est le sens de la « votation » proposée aux Alsaciens depuis ce mardi 21 décembre 2021 via une plateforme dédiée. Les Alsaciens, mais aussi tous ceux qui ont des attaches avec l’Alsace peuvent se prononcer et donner leur avis, jusqu’au 15 février 22. L’initiative a été lancée par le président de la Collectivité Européenne d’Alsace (CEA) Frédéric Bierry sur le modèle des « votations » en Suisse.
« Un ensemble hétéroclite »
À vrai dire, l’Alsace n’a jamais accepté d’être noyée dans la région Grand Est. Nous avons écrit ici même, en janvier 2020 sous le titre : L’Alsace rêve de liberté : « Les Alsaciens n’ont jamais accepté d’être noyés dans la nouvelle entité administrative du Grand Est née de la loi NOTRe du 7 août 2015. On ne peut qu’être d’accord avec eux tant cette loi reste une énorme ânerie imposée par l’ancien Président de la République François Hollande et son ineffable Premier ministre Manuel Valls. »
En juillet 2014, un certain Jean Rottner, alors maire de Mulhouse, avait bien raison de fustiger la réforme territoriale, en termes particulièrement véhéments : « Cette région n’a pas vocation à être diluée dans un ensemble hétéroclite, écrivait-il alors sur son blog. Son intérêt, c’est le développement transfrontalier, c’est le retour d’une légitime fierté culturelle et linguistique, pour donner à ses enfants une réelle chance dans l’univers mondialisé de notre siècle. »
Mais ça, c’était avant. Avant la naissance officielle du Grand Est. On sait que, par la suite, Jean Rottner est devenu président de cet « ensemble hétéroclite » qui s’est « illustrée par une gabegie outrancière dénoncée en septembre 2019 par la Cour des comptes. Reste que les Alsaciens n’ont toujours pas digéré leur fusion au sein du Grand Est même si la loi NOTRe a décidé arbitrairement que Strasbourg en serait le chef-lieu. »
L’Alsace, région autonome
Dès le début, donc, l’Alsace voulait sortir du Grand Est. Voilà pourquoi les deux départements du Bas et du Haut-Rhin ont fusionné au sein d’une nouvelle entité administrative, la Collectivité Européenne d’Alsace portée sur les fonts baptismaux le 2 janvier 2021. La nouvelle Collectivité compte 1.884.150 habitants, 880 communes (dont 514 dans le Bas-Rhin, 366 dans le Haut-Rhin). Le Conseil départemental a été installé le 2 janvier 2021 à Colmar avec des compétences qui empiètent largement sur celles de la région Grand Est.
Lors d’une conférence de presse, lundi, le président de la CEA, Frédéric Bierry, a convenu que « la consultation a surtout une portée politique…. Si les Alsaciens font un choix massif du oui, je ne peux pas comprendre que les candidats à la présidentielle ne s’en saisissent pas ».
La méthode et le timing ont fait hurler de nombreux élus du Grand Est qui voient dans cette scission une véritable trahison. Même le très régionaliste mouvement alsacien Unser Land trouve la méthode inappropriée !
Pourtant, si la majorité des Alsaciens se prononce en faveur d’une Alsace autonome, « il suffira d’une loi pour transférer les compétences de la région Grand-Est à la Collectivité européenne d’Alsace » conclut Frédéric Bierry.
C’est comme si c’était fait!
Réaction du sénateur JL Masson