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Policiers devant l’Assemblée nationale : les raisons de la colère

Les syndicats de police appellent les citoyens à se rassembler pour réclamer une réponse pénale ferme de leurs agresseurs. Décryptage avec Laurent Massonneau secrétaire général de l’union des officiers UNSA Police.

Laurent Massoneau, secrétaire général UNSA-Police
Laurent Massonneau, secrétaire général UDO-UNSA-Police

Deux semaines après le meurtre d’Eric Masson à Avignon, le 5 mai, et quatre semaines après celui de Stéphanie Monfermé à Rambouillet, le 23 avril, les policiers n’en peuvent plus d’être la cible de jeunes délinquants. Il ne se passe plus un jour sans que les forces de l’ordre, policiers et gendarmes, ne fassent l’objet d’agressions plus ou moins violentes, en particulier dans les cités où ils sont visés par des tirs de mortiers.

La prison, un parcours initiatique

Comment en est-on arrivé là ? Comment en sortir ? Laurent Massonneau, secrétaire général de l’Union des Officiers (UDO) de police voit dans ces violences à répétition « un scénario de type américain avec un phénomène de meutes ou de bandes dont les meneurs sont connus et reconnus de la police et du juge des enfants. Pour ces caïds de banlieues, dit-il, la prison fait partie d’un parcours initiatique qui les conduit à commettre des actes de plus en plus graves. »

Les quartiers abandonnés de la République

Dans ces quartiers ‘’perdus’’ de la République, les policiers ne sont pas les bienvenus. Mais ils ne sont pas seuls, constate Laurent Massonneau. « Les commerces ferment les uns après les autres, les services publics sont dégradés, il n’y a plus de médecins ou de pharmacie… Cela devient très compliqué. »
Quelle réponse ? « La problématique vient de l’application des textes existants souligne le secrétaire général de l’UDO Police. Les sanctions à l’égard des violences sur personne dépositaire de l’autorité publique existent déjà. Pas besoin d’en créer de nouvelles. Encore faut-il que la justice suive. Le problème c’est que l’on est noyé sous un empilement de textes et de procédures qui bénéficient toujours aux délinquants. On a créé un tel millefeuille de dispositions législatives que plus personne ne s’y retrouve, même pas les magistrats. »

Délinquance des mineurs : un problème d’autorité

Pour sortir de l’impasse, il faudrait donc « un ensemble de mesures qui commencent par le rétablissement de l’autorité scolaire. Il faut remettre les gamins dans le droit chemin et ne plus tolérer qu’ils soient interpellés 5, 6 ou 10 fois sans que cela ne change rien. Les mineurs délinquants multirécidivistes sont connus. C’est à l’école que cela se joue : il faut se mettre à la hauteur des enjeux. »

Car l’aspect sécurité n’est qu’une facette d’un problème plus grave. « Les parlementaires doivent mener un travail de réflexion pour une prise en charge de la délinquance avec un volet préventif et un volet répressif. Il faut taper là où ce sera efficace. Je suis partisan de l’investigation judiciaire pour établir des procédures rigoureuses à l’égard des délinquants et des fauteurs de troubles de sorte que la justice puisse appliquer la loi. »

« Il y a urgence »

En effet, trop souvent, lorsqu’une patrouille constate un deal, « elle fait un flag mais on ne démontre pas la matérialité du trafic, poursuit Laurent Massonneau. Difficile pour les magistrats d’appliquer la loi. Les policiers travaillent dans le vide. Le travail de police judiciaire est nécessaire, pour bâtir des dossiers solides ».

Pour le secrétaire général de l’UDO police, « il y a urgence de prendre ces problèmes de délinquance à bras le corps si l’on ne veut pas que se renouvellent ces actes criminels et ces scénarios à l’américaine ».

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