Les pesticides se la coulent douce en Meurthe-et-Moselle, souligne l’UFC de Nancy et sa région. Contrôlez dans votre commune, partout en France grâce à la carte interactive.
La 4e édition de la carte interactive de l’eau du robinet montre que la quasi-totalité des consommateurs de Meurthe-et-Moselle reçoivent une eau conforme en tous points aux critères réglementaires. Mais elle révèle en revanche les carences de la réglementation et des mesures de gestion locales en matière de pesticides et de perturbateurs endocriniens.
Au vu de ces résultats préoccupants, l’UFC-Que Choisir de Nancy et sa région demande une interdiction des pesticides suspectés d’être des perturbateurs endocriniens, ainsi qu’un renforcement urgent des exigences en matière d’analyses de pesticides devant être impérativement réalisées par l’Agence Régionale de Santé. L’Association invite les consommateurs de Meurthe-et-Moselle à vérifier gratuitement la qualité de l’eau du robinet de leur commune à l’aide de la carte interactive, constater le niveau de recherche des pesticides et signer la pétition demandant que le Ministère de la Santé augmente les recherches de pesticides là où elles sont insuffisantes.
Une eau conforme à la réglementation pour 99 % des consommateurs du département
L’étude par l’UFC-Que Choisir des analyses de la qualité de l’eau du robinet de la totalité des communes de France métropolitaine1, sur la base des relevés des Agences Régionales de Santé, montre que 99 % des consommateurs de Meurthe-et-Moselle ont accès à une eau conforme à la totalité des critères sanitaires.
En revanche, de l’ordre de 5 000 consommateurs, essentiellement dans des petites communes de zones rurales, reçoivent une eau non conforme. Les rares contaminations concernent les nitrates (2 réseaux), les bromates (2 réseaux), le fluor (2 réseaux).
- Nombre de pesticides recherchés dans les analyses officielles : seulement 135 analyses en moyenne en Meurthe-et-Moselle.
L’étude de l’UFC-Que Choisir* pointe les limites des analyses officielles. Alors que plus de 750 molécules différentes de pesticides et de leurs dérivés sont susceptibles de se retrouver dans l’eau potable, seulement 135 pesticides sont en moyenne recherchés en Meurthe-et-Moselle. En effet, en l’absence de directives précises au niveau national, la liste des molécules recherchées est définie par chaque Agence régionale de santé (ARS). Or pour notre département, le spectre des analyses est clairement insuffisant.
- Des pesticides perturbateurs endocriniens suspectés retrouvés dans 22 % des analyses pourtant réputées conformes
À la différence des autres polluants dont on peut accepter la présence tant qu’elle est inférieure aux limites sanitaires, les perturbateurs endocriniens (p.e.) peuvent avoir de graves conséquences sur la santé à de très faibles doses et devraient de ce fait être strictement interdits, en application du principe de précaution. La réglementation européenne sur les pesticides empêche en théorie la vente de pesticides ayant des propriétés p.e.. Mais dans la pratique, le niveau d’exigence requis pour démontrer les effets néfastes sur le système hormonal est tellement élevé qu’il rend cette réglementation totalement inopérante, laissant sur le marché des centaines de pesticides soupçonnés d’être p.e.. Ainsi, en Meurthe-et-Moselle, dans 22 % en moyenne des analyses considérées comme conformes, notre étude révèle la présence de pesticides soupçonnés d’être p.e. à des teneurs inférieures aux limites réglementaires, mais quantifiables.
Une pétition pour une eau sans pesticides
L’UFC-Que Choisir de Nancy et sa région invite donc chacun à consulter la carte interactive de l’eau du robinet qui est en accès libre pour vérifier la qualité de son eau potable. De même, afin de garantir une eau véritablement indemne de pesticides et limiter l’exposition des consommateurs à ces molécules particulièrement nocives, l’Association demande aux pouvoirs publics d’assumer leurs responsabilités en faisant de la santé des consommateurs d’eau une priorité et donc :
- D’intensifier les recherches de pesticides en lien avec les niveaux de risques et les types de cultures environnantes. Les consommateurs sont appelés à soutenir la pétition lancée en ce sens accessible en ligne ;
- D’interdire la commercialisation des pesticides suspectés d’être des perturbateurs endocriniens en application du principe de précaution.
- communes avec eau ‘très mauvaise’ trop fluorée : Domgermain et Charmes la Côte
1 Commune avec eau ‘mauvaise’ contenant des bromates : Gibeaumeix
5 communes avec eau ‘médiocre’ : Bioncourt (eau trouble), Millery (nitrates), Damelevières et Blainville/l’eau (chlorites)
A noter dans le secteur de Blâmont-Badonviller une eau ‘médiocre’ pour des problèmes de minéralisation (eau corrosive).
Enfin sur la métropole nancéienne, l’eau est globalement satisfaisante, on ne peut lui reprocher que des résidus chlorés.
*Analyse portant sur 46 145 réseaux de distribution répartis dans les 34 638 communes de France métropolitaine, sur la période de janvier 2019 à décembre 2020, pour la cinquantaine de critères définis par la réglementation européenne (qualité bactérienne, pesticides, nitrates, aluminium, arsenic, radioactivité, etc.), avec au total plus de 34 millions de résultats d’analyse alimentant notre étude.