Bien des questions se posent à propos de Gabriel Fortin, ce nancéien de 45 ans, soupçonné de trois meurtres et une tentative en Isère, dans la Drôme et en Alsace. A-t-il voulu se venger de ces DRH sans pitié qui l’ont licencié, avec d’autres, à la suite de plans de restructuration?
Le mode opératoire et le calibre de l’arme laissaient craindre le pire. Les résultats des analyses ADN ont confirmé, ce matin, que l’individu interpellé hier dans l’Ardèche après un double homicide est vraisemblablement le même qui a tué de sang-froid une femme à Wolfgantzen et tiré sur un ancien collègue à Wattwiller. Il s’agit de Gabriel Fortin, 45 ans, un ingénieur au chômage originaire de Nancy où il habitait, seul, au 9, rue de Saverne.
Deux homicides rapprochés
Les faits se sont produits jeudi 28 janvier 2021. Un peu après 8 h 30, l’homme entre dans une agence de pôle emploi à Valence, dans la Drôme. Il s’approche de Patricia Pasquion, 53 ans, responsable de l’accueil. Ils échangent quelques mots. L’homme sort un pistolet Glock de 9 mm. Il tire à bout portant. Patricia, s’effondre mortellement touchée. Elle était mère de deux enfants.
Gabriel Fortin monte dans sa voiture dont les témoins relèvent le numéro de la plaque minéralogique et s’enfuit.
Le voilà de l’autre côté du Rhône à Guilherand-Granges, en Ardèche. Il se rend dans une entreprise qu’il connaît bien, Faun Environnement où il a travaillé entre 2008 et 2010. Il se dirige vers Géraldine Caclin, 51 ans, mère de deux enfants, directrice des ressources humaines. Il fait feu à deux reprises. Géraldine décèdera quelques heures plus tard des suites de ses blessures.
Un troisième en Alsace
Une course-poursuite s’engage alors entre le tueur et les forces de l’ordre. Gabriel Fortin sera finalement intercepté alors qu’il tentait de revenir sur Valence. Avec quel dessein ?
Placé en garde à vue, son appartement nancéien a été perquisitionné. Car les enquêteurs se posent déjà la question de savoir si le tueur de la Drôme et de l’Ardèche ne serait pas aussi celui qui a tué en Alsace.
Mardi, 26 janvier 2021, une femme est retrouvée mort dans sa voiture stationnée sur le parking de son entreprise à Wolfgantzen, dans la Haut-Rhin. Estelle Luce, 39 ans, responsable des ressources humaines. Elle a été foudroyée par plusieurs projectiles de 9 mm. Ce soir-là une autre agression a lieu à Wattwiller, toujours dans le Haut-Rhin. Un individu sonne à la porte d’un logement. Un homme qui fut un collègue d’Estelle Luce ouvre la porte, sans se méfier. L’individu a un pistolet entre les mains. Il tire, rate sa cible et s’enfuit. Mais il est rattrapé, une bagarre s’ensuit au cours de laquelle le masque anti-Covid de l’individu est arraché. L’individu parviendra à monter dans sa voiture rouge et à prendre la fuite. L’alerte est donnée.
C’est sur ce masque anti-Covid que les enquêteurs ont pu extraire l’ADN appartenant à Gabriel Fortin, établissant ainsi, de façon formelle, le lien entre les trois meurtres et la tentative de meurtre.
Un ingénieur sans emploi
Reste désormais les questions.
Pourquoi ce carnage commis par un homme discret, selon ses voisins ? Gabriel Fortin a passé sa scolarité à Nancy ou dans sa région, il pratiquait le rugby et était inscrit dans un club de tir. Il avait fait ses études supérieures à l’ENIM de Metz, une école d’ingénieurs réputée dont il était sortir en 1999. On sait qu’il a travaillé dans plusieurs entreprises dont il a été licencié, avec d’autres, à la suite de plans de restructuration.
Gabriel Fortin en a sans doute conservé une haine mortelle à l’égard des DRH. Le tueur Lorrain devra expliquer pourquoi il s’en est pris à une salariée de Pôle Emploi qu’il ne connaissait pas ? Pourquoi il a tué la DRH de Faun Environnement ? Pourquoi la DRH de Knauf à Wolfgantzen ?
En attendant les réponses à ces questions, toutes les agences de Pôle Emploi sont fermées aujourd’hui en signe de deuil.