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Paris : embrouillamini autour des terrasses (suite)

A Paris, le coronavirus fait des dégâts collatéraux. Place Sainte-Catherine, dans le 4ème arrondissement, la guerre est déclarée entre cafetiers-restaurateurs et riverains à cause des nuisances sonores. Le ton monte entre le maire d’arrondissement et l’avocat des commerçants.

Place du Marché Sainte-Catherine, Paris (Photo DR)
Place du Marché Sainte-Catherine, Paris (Photo DR)

Le coronavirus est en cours de mutation.  Il quitte le domaine sanitaire pour contaminer la sphère politique et sociale.
A Paris, par exemple, on s’étripe autour des terrasses éphémères. On sait que la Ville de Paris a autorisé les quelque 7.600 bars et brasseries de la capitale à étendre leurs terrasses sur le domaine public, de manière provisoire et gratuite, pour compenser les pertes d’exploitation dues au Covid-19. Autorisation renouvelée jusqu’en juin 2021. Mais ce n’est pas du goût de tout le monde. Notamment des riverains qui dénoncent les nuisances sonores provenant de ces établissements. Ici ou là, ils créent des associations et exigent de leurs élus « la restitution du domaine public ».
La nouvelle cartographie sanitaire publiée mercredi dernier redéfinit les zones où le virus circule dangereusement et rebat les cartes. A Aix-Marseille comme en Guadeloupe, on ferme tous les établissements recevant du public pendant deux semaines. C’est dur, mais le message est clair. A Paris et dans la petite couronne, classés en zone rouge renforcé, l’arrêté du préfet est plus ambigu. En effet, à compter d’aujourd’hui et pendant deux semaines, tous les bars doivent fermer à 22 heures ! Mais pas les restaurants où l’on peut continuer à boire et à manger jusqu’à point d’heure. La différence ? Dans les bars, la clientèle est debout, dans les restaurants, elle est assise. Les uns exploitent avec une licence IV, les autres avec une licence III. Le message est brouillé.

Place Sainte-Catherine

Au cœur de Paris, dans le Marais, les sept cafés et restaurants bordent la place du Marché Sainte-Catherine. Un joli coin de Paris où commerçants et riverains se disputent depuis vingt ans! Les choses se sont un peu plus envenimées envenimées lorsque les terrasses éphémères se sont installées sur le terre-plein central. Dénonçant « les terrasses sauvages », l’association Vivre le Marais a ouvert les hostilités lorsque l’autorisation de la mairie a été renouvelée jusqu’en juin 2021. « Les maires d’arrondissement doivent réparer les dégâts » écrit-elle sur son blog. « L’accaparement de l’espace public est totalement démesuré et hors tout accord avec les autorités… Le brouhaha ambiant est épouvantable dans les appartements sous les 300 fenêtres des riverains. »

Occupation déclarée

Me Philippe Meilhac, avocat à la Cour d'appel de Paris (DR)
Me Philippe Meilhac, avocat à la Cour d’appel de Paris (DR)

A force de lobbying, le maire de de Paris Centre, Ariel Weil a cédé. Il a enjoint aux sept commerçants de la place du Marché Sainte-Catherine de retirer leurs terrasses au plus tard, le 30 septembre 2020. Sous peine de poursuites judiciaires.
C’est leur conseil, Me Philippe Meilhac avocat à la cour, qui a répondu. « Je vous indique que tous les exploitants membres de l’association Commerçants Sainte Catherine ont souscrit une déclaration d’installation provisoire, ce qui leur permet d’installer sur le terre-plein central des contre-terrasses « éphémères ». Ils occupent ainsi le domaine public conformément aux autorisations dont ils disposent et aux déclarations qu’ils ont souscrites, en prenant soin de respecter les engagements pris. Les dispositifs éphémères ne sont pas exploités après 22 heures. Il n’existe aucune entrave pour la circulation des piétons, ni pour les véhicules de secours ou d’intervention. Je ne vois donc pas de quel droit vous pourriez enjoindre à mes clients de « libérer le terre-plein central de toute activité », dès lors que cette occupation relève de l’occupation provisoire déclarée auprès du service de l’urbanisme, ce qui ne relève au demeurant pas de votre compétence de maire d’arrondissement. »
Pas de réponse du maire. D’où ce nouveau courrier de l’avocat, le 28 septembre, annonçant au maire « le retrait (provisoire) des installations provisoires » dans un esprit d’apaisement. Il demande aussi une réunion entre ses clients et les représentants des associations de riverains.
On en est là. La situation reste tendue. La Covid-19 n’a pas fini de faire des dégâts collatéraux.

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