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L’affaire Damien Abad : la lourde faute de l’Élysée

L’Élysée aurait dû s’inquiéter des soupçons qui planaient sur le député de l’Ain avant de le nommer ministre des Solidarités. Sur les affaires sexuelles, mais aussi sur une affaire plus surprenante.

Affaire Damien Abad (capture BFM)
Affaire Damien Abad (capture BFM)

C’est le premier gros scandale que va devoir affronter le nouveau gouvernement d’Elisabeth Borne et qui met en cause essentiellement l’Élysée. L’affaire Damien Abad met en lumière l’amateurisme de l’exécutif, son absence d’anticipation, son manque de curiosité et, pour tout dire, sa gestion autocentrée des affaires de la République.

Des soupçons gravissimes

Damien Abad, c’est ce député de l’Ain, président du groupe L.R. à l’Assemblée, nommé ministre des Solidarités, de l’Autonomie et des Personnes handicapées, le 20 mai 2022. Le lendemain, le voilà épinglé par Médiapart.
Le journal en ligne révèle que le tout nouveau ministre est accusé de viols par deux femmes dont l’une affirme avoir été droguée. Les faits remontent à 2010 et 2011. Une plainte datant de 2017 a été classée sans suite. Damien Abad, contacté par Médiapart, conteste formellement les faits qui lui sont reprochés.
L’Observatoire des violences sexistes et sexuelles en politique, informé de ces faits gravissimes par l’une des plaignantes, a cru bon d’alerter par mail plusieurs personnalités politiques.
« Nous avons transmis le signalement par mail à Stanislas Guérini, (secrétaire général de LREM, devenu ministre de la Fonction publique), Christophe Castaner, Bérangère Couillard, (députée de la Gironde), et Aurélien Pradié, (secrétaire général Les Républicain) » explique l’Observatoire à France Info. Un signalement a été envoyé le lundi 16 mai, suivi d’une relance le 19 pour LREM et le 20 pour LR » précise l’Observatoire.
De son côté, Médiapart indique avoir adressé un courrier au parquet de Paris.
Autrement dit, tout le monde savait, avant même la nomination de Damien Abad comme ministre. Tout le monde savait et personne n’a rien dit.

Des écoutes dans un dossier criminel

Pire. Dans un article de Libération du 20 mai 2022 on apprend que Damien Abad pourrait être « embarrassé » par des appels téléphoniques passés « à un ami ». Les conversations ont été surprises par les enquêteurs chargés d’élucider un dossier criminel dans lequel deux militaires de la DGSE et un ex-commandant de la DGSI étaient impliqués.
On ignore évidemment à quel niveau le nouveau ministre pourrait être « embarrassé » dans ce dossier, mais le fait qu’il apparaisse dans ces écoutes judiciaires, sur une affaire où il est question d’assassinat, est pour le moins surprenant.
En tout cas, cela aurait dû interpeller les fins limiers de l’Élysée qui auraient dû en informer le président Macron pour éviter que le scandale n’éclabousse la toute nouvelle Première ministre.
« Je vais être très claire, a réagi Elisabeth Borne : sur tous ces sujets de harcèlement, d’agressions sexuelles, il ne peut y avoir aucune impunité. La cheffe de Matignon dit sa volonté de « continuer à agir pour que les femmes, qui peuvent être victimes d’agressions, de harcèlement, puissent libérer leur parole, qu’elles soient bien accueillies pour déposer plainte ».

Une équipe d’amateurs

Seulement voilà, le mal est fait. On nous avait pourtant dit que l’Élysée prenait son temps avant de nommer le nouveau gouvernement pour étudier le patrimoine de chacune et chacun des ministres préssenti (e) s, histoire d’éviter un scandale du genre Jérôme Cahuzac. De fait, on sait tout, ou presque, sur le patrimoine et les rémunérations de Damien Abad depuis 2012, grâce à sa déclaration à la Haute Autorité pour la Transparence de la Vie Publique (HATVP).
Mais l’Élysée ne savait rien des soupçons de viols et d’agressions sexuelles du futur ministre. Une erreur ? Non, une faute qui illustre de façon flagrante l’amateurisme de l’équipe qui s’est installée à l’Élysée il y a cinq ans déjà.

 

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