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Présidentielle : Du théâtre de boulevard

Alors que le président sortant ne s’est toujours pas déclaré candidat à sa propre succession, il reste en tête des sondages. À 54 jours du premier tour, la campagne bruisse de trahisons, de dérapages et de boules puantes.

Le palais de l'Elysée (Photo site Elysée)
Le palais de l’Elysée (Photo site Elysée)

 

 

En politique, on n’est jamais déçu. À preuve, cette élection présidentielle de 2022 nous donne à voir un spectacle tragi-comique dont on ne sait pas bien s’il faut en rire ou en pleurer. Du vrai spectacle de boulevard.
L’intrigue ? Simplissime : qui va être sélectionné pour le second tour ? On aura alors au soir du 10 avril une petite idée de celui ou celle qui attrapera le pompon. Avec un suspense insoutenable : quand Emmanuel Macron va-t-il se déclarer candidat ? Ce n’est pas l’un des moindres procédés comiques de ce spectacle : celui qui est donné favori n’est pas encore entré sur scène !
En attendant, les autres candidats s’étripent à qui mieux mieux et donnent la mesure de leur talent.

Sarko et Balladur dans les coulisses

Parmi les têtes d’affiche, Valérie Pécresse, la voix enrouée, vient nous dire que si sa prestation a été ratée au Zénith, dimanche, c’est à cause d’un problème de son à la télé (!) et aussi parce que les gens sont « machistes ». Bon, elle dit ce qu’elle veut, reste qu’elle n’est pas taillée pour faire des discours. D’ailleurs, elle n’en fera plus.
Sarkozy évite soigneusement de soutenir publiquement la candidate LR, contrairement à Balladur qui lui apporte un amical soutien.

À la gamelle !

Autre rebondissement qui nourrit l’intrigue, les trahisons. Elles sont nombreuses, dans tous les camps. Celui que l’on attendait le moins dans cette catégorie, c’est Eric Woerth. L’ancien ministre du Budget de Fillon sous Nicolas Sarkozy, un Républicain pur sucre, lâche Pécresse pour Macron dont il disait pis que pendre en 2017.
Pourquoi un tel revirement ? Sans doute à la demande de Sarko qui joue la carte Macron pour gérer son avenir pénal (il a vu comme la justice a traité ses amis Guéant et Balkany) et, sans doute aussi, parce que dans une guerre il vaut mieux être du côté du plus fort si l’on veut espérer quelques prébendes par la suite. La maire de Calais, Natacha Bouchart et l’ancienne secrétaire d’État à la Santé Nora Berra, ont également annoncé leur soutien à Macron. Pour les mêmes raisons que Woerth.

Coups de poignard dans le dos

Côté trahisons, l’extrême droite n’est pas en reste. Chez Marine le Pen, le coup de poignard dans le dos est venu de sa nièce, Marion Maréchal, qui a dit sa préférence pour Eric Zemmour. Alors que les sondages la donnent en deuxième position derrière Macron, la candidate du Rassemblement national a accusé le coup lorsque l’avocat Marseillais et eurodéputé, Gilbert Collard, puis le député européen Jérôme Rivière, ont rallié Zemmour. Le sénateur Stéphane Ravier a fait de même.
Autre ralliement à Zemmour, celui du numéro 2 des Républicains, Guillaume Peltier. Du lourd.
Quant à Eric Zemmour qui fait jeu égal avec Valérie Pécresse dans les sondages (environ 15%), son discours reste centré sur son obsession : l’immigration et le grand remplacement. Un peu court comme vision de la France. Ce qui ne l’a pas empêché de recevoir les encouragements d’un ancien président américain, Donald Trump.
On notera aussi un dérapage inacceptable du leader d’EELV. Dimanche, Yannick Jadot a estimé qu’Éric Zemmour « fait le Juif de service pour les antisémites » ajoutant que « le candidat de droite porte des pulsions de mort » et « essaye de réconcilier une partie de la France avec l’Algérie française, avec Pétain, avec l’antisémitisme ».
Des propos unanimement condamnés.

Campagne terne à gauche

De l’autre côté de l’échiquier, Christiane Taubira, dernière arrivée sur scène, n’est guère meilleure à l’oral que Pécresse. L’ancienne garde des Sceaux de François Hollande à laquelle nous avons accordé un zéro pointé dans une précédente édition n’a pas réussi à rassembler la gauche en perdition. Elle s’est discréditée elle-même au point que le PRG, son parti, a décidé de lâcher la candidate dont les scores sont proches du niveau de la mer.
En effet, à gauche, la campagne est terne. Seul Jean-Luc Mélenchon dépasse la barre des 10% des intentions de vote (10,5% exactement selon un sondage Ifop. Les autres sont à la ramasse : 3,5% pour le candidat communiste Fabien Roussel, 2,5% pour la candidate socialiste Anne Hidalgo, 5,5% pour le candidat écolo Yannick Jadot, 3% pour Christiane Taubira, tous les autres ayant des scores à peine mesurables.
Il reste 54 jours de rebondissements, de coups d’éclats, de nouvelles trahisons qui vont pimenter cette campagne. On va rigoler le 4 mars lorsque le Conseil constitutionnel annoncera les parrainages et donc les cndidats officiels. Il y aura des pleurs et des grincements de dents.
Le spectacle continue.

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