Parlons politique. Politique fiction, peut-être, mais fondée sur les éléments factuels des données en ce début de campagne électorale. Dans quel sens souffle le vent de l’Histoire ? Celui d’une prise de pouvoir par les femmes.
Il reste 124 jours (à l’heure où nous écrivons) avant le premier tour de l’élection présidentielle, le 10 avril 22. Que sait-on en ce tout début de campagne électorale ? Et quelles projections raisonnables peut-on en faire ?
Après la qualification de Valérie Pécresse au second tour de la primaire à droite, le 4 décembre, pour porter les couleurs du parti néo-gaulliste, les candidats officiels à la course à l’Élysée sont treize sur la ligne de départ. Un seul ne s’est pas encore déclaré : c’est le président sortant, Emmanuel Macron. Il devrait le faire, nous disent les exégètes, en début d’année 2022. C’est probable. Mais il pourrait aussi passer la main. À Edouard Philippe, par exemple.
Les principaux candidats (e) s
Restons sur une configuration probable. Les principaux candidats sont désormais connus.
Emmanuel Macron, 43 ans, soutenu par le parti En Marche devenu Ensemble Citoyens.
Valérie Pécresse, 54 ans, présidente de la région Ile-de-France, diplômée d’HEC Paris et de l’ENA, plusieurs fois ministre.
Marine Le Pen, 53 ans, députée du Pas-de-Calais, présidente du Rassemblement national. Candidate à la présidentielle en 2012, puis en 2017, elle s’est qualifiée pour le second tour et s’est inclinée face à Emmanuel Macron.
Eric Zemmour, 63 ans, journaliste et polémiste a imposé les thèmes de l’immigration massive et de la sécurité dans la campagne.
Jean-Luc Mélenchon, 70 ans, député des Bouches-du-Rhône est le leader de La France Insoumise. Il en est à sa troisième candidature à l’Élysée.
Yannick Jadot, 54 ans, député européen EE-LV va tenter sa chance pour la deuxième fois.
Anne Hidalgo, 62 ans, maire de Paris, portera les couleurs du Parti socialiste.
Fabien Roussel, 52 ans, député du Nord, se lance dans la compétition sous la bannière du Parti Communiste Français.
Arnaud Montebourg, 59 ans, ancien ministre de François Hollande, en est à sa deuxième candidature à l’Élysée.
Il y en a quelques autres, mais il faut bien constater que leur candidature relève plutôt du folklore que de la candidature sérieuse.
Financement et parrainages
Combien d’entre ielles (c’est pour rire) pourraient déclarer forfait avant le premier tour ? Tous ceux qui n’auront pas obtenus les 500 signatures. Et ielles (bis repetita) qui ne sont pas certains d’engranger au moins 5% des suffrages exprimés, condition indispensable au remboursement des frais de campagne. Il y aura donc des abandons en cours de route.
Le cas de Marine Le Pen est singulier. Bien qu’assurée d’obtenir les 500 signatures, elle se heurte au problème du financement de sa campagne puisqu’aucune banque ne veut lui accorder de prêt. Cela pose un véritable problème démocratique que l’on soit, ou non, d’accord avec ses idées.
Quant à Eric Zemmour, nouveau venu en politique, il semblerait qu’il n’ait pas de gros soucis d’argent. En revanche, il pourrait bien se heurter au problème des parrainages.
Si les sondages disent vrai…
Sur la ligne de départ, chacun dans son couloir, retenons pour l’instant Macron, Le Pen, Pécresse, Hidalgo, Zemmour, Mélenchon, Jadot. Les sondages actuels donnent Macron à + ou – 24%. Il ne monte pas, il ne descend pas, son score est stable depuis plusieurs mois.
Il est talonné par son ancienne concurrente de 2017, Marine Le Pen, donnée à environ 18-19% des suffrages. Puis, jusqu’ici, c’était Eric Zemmour qui arrivait en troisième position. Pourtant, il est passé en quelques jours, de 17 à 14% en raison d’un démarrage de campagne plutôt raté.
Après ce trio de tête donné par les sondeurs, vient le candidat des Républicains. Difficile encore de mesurer la cote de popularité de Valérie Pécresse. Mais il y a fort à parier qu’elle va dépasser le score (11-12%) promis à son ancien concurrent de la primaire, Xavier Bertrand.
Suivent, loin derrière, Mélenchon à + ou – 10%, Jadot à 7 ou 8%, Hidalgo à 5 ou 6% et les autres plus bas encore.
Évidemment, tout cela va se préciser au fil des semaines qui viennent.
Trois femmes dans la course
Il est intéressant de noter cependant que trois femmes sont dans la course. Mais deux seulement ont une chance de franchir la ligne d’arrivée au soir du 10 avril. Pécresse et Le Pen. Vont-elles bénéficier de l’élan féministe qui agite la société depuis quelques années ? Très certainement.
Affectées de manière disproportionnée par toutes les formes de violence et par la discrimination, les femmes sont décidées à exercer tous leurs droits. Car les droits des femmes sont des droits fondamentaux. Le vent de l’Histoire leur est donc favorable pour cette élection présidentielle.
Résumons. Macron fait la course en tête des sondages. Pourtant, la situation politique, économique, sanitaire et surtout sociale est loin de lui être favorable. Certes, la France a enregistré quelques bons résultats économiques, notamment du côté de l’emploi. Mais il s’agit d’une embellie en trompe-l’œil. Car dix millions de Français vivent en dessous du seuil de pauvreté. Les salaires des fonctionnaires et les pensions des retraités n’augmentent pas quand l’inflation atteint 2,8% !
Ajoutons à cela la fracture toujours plus béante de la société française, la gestion calamiteuse de la crise sanitaire, de la crise migratoire, l’explosion de l’insécurité et l’organisation verticale du pouvoir qui, depuis cinq ans, renvoie le Parlement et le Gouvernement au rayon des accessoires de la République, et l’on aura une petite idée des nombreuses bonnes raisons qui pourraient conduire les électeurs français à ne pas renouveler le contrat du Président sortant.
Emmanuel Macron en troisième position ? Peut-il être doublé par deux femmes au soir du 10 avril 2022 ?
Voilà une option qu’il serait aventureux de ne pas prendre en compte. Car la vie politique, en France, est pleine de surprises. Macron éliminé, resteraient alors deux candidates pour le second tour, Pécresse contre Le Pen. Deux femmes. Deux blondes, à peu près du même âge. Si le résultat final ne fait guère de doute, le combat entre les deux tours s’annonce acharné, voire féroce.
Mais ce n’est, sans doute, que de la politique-fiction….