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Dans Gribouille, il y a Gris et Bouille….

Le projet de loi de finance (PLF), où ce que l’on en connaît, inspire à l’ancien secrétaire d’Etat au Budget, agrégé de mathématiques, quelques réserves qu’il exprime sur son blog.

 Par Christian Eckert

Christian Eckert, ancien secrétaire d'Etat au Budget
Christian Eckert, ancien secrétaire d’Etat au Budget

Je suis de formation scientifique et les mathématiques ont marqué mon esprit. J’en ai eu la passion : raisonnement logique, rigueur, cartésianisme… La magie des nombres, la nécessité de démontrer, les merveilles de la géométrie ont été pour moi des notions fondamentales que j’ai essayé de transmettre à mes élèves ou à mes étudiants.

Au fil du temps, les neurones vieillissant et manquant de pratique, manier les concepts mathématiques est devenu pour moi difficile. J’ai pour le coup pris goût à la magie des mots et de l’écriture. Sans prétention. Plus proche de Raymond Devos que de Claude Hagège, n’ayant appris ni grec ni latin, j’aime assez jouer avec les mots.
On est à la veille de la présentation du premier Projet de Loi de Finances (PLF) du Gouvernement qui a remplacé celui auquel j’appartenais. Comme souvent, beaucoup d’informations fuitent plus ou moins volontairement et permettent de jeter un premier regard.

« Une bonne bouille »

Dans ce contexte, le mot « GRIBOUILLE » me vient à l’esprit et mérite une analyse :

  • Dans GRIBOUILLE, il y a GRIS. Cette couleur qui peut paraître triste, est en fait un symbole intéressant. Le GRIS est un mélange de noir et de blanc. Il nous rappelle que le monde est rarement binaire, que la complexité humaine ne permet pas la seule alternative du oui et du non, du bien et du mal, de l’ouvert et du fermé. Le GRIS possède en outre la faculté d’être clair ou foncé, ces notions étant d’ailleurs subjectives au possible, de quoi perturber le cartésien invétéré que je suis. Mais au final, retenir que dans un PLF il peut y avoir un mélange de blanc et de noir, est l’affirmation d’un regard porté sans a priori, sans dogmatisme et avec le sérieux de l’analyse qui s’impose à tout esprit scientifique.
  • Dans GRIBOUILLE, il y a BOUILLE. On dit fréquemment de quelqu’un « qu’il a une bonne bouille ». Ça ne veut pas dire que l’on est beau, mais cela veut dire « sympa ». Il est clair que la présentation faite d’un PLF est réussie dès lors que les observateurs lui trouveront une « bonne bouille ». Dans ce nouveau monde où l’image est plus importante que le produit, la recherche de la « bonne bouille » du PLF est essentielle. Et c’est là que toute la force des communicants s’exprime. On mélange le législatif et le réglementaire, les crédits budgétaires et les dépenses fiscales, on recycle dans un plan d’investissement hors sol des dépenses déjà prévues dans des lignes classiques, on fait en sorte que la comparaison des budgets ministériels d’une année à l’autre soit impossible, sauf pour des spécialistes rompus aux pratiques des changements de référentiels permanents.
    Nous aurons l’occasion de revenir sur le détail du PLF en voie de finalisation. Mais ce qui en est connu me confirme ce que je ressens depuis quelque mois : une politique de GRIBOUILLE ! C’est grave et dangereux, car cela trompe un temps les français, qui, au fil du temps, le réalisent et perdent toute confiance avec leurs gouvernants.

C.E.

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