Sur son blog, le secrétaire d’Etat au Budget s’amuse à railler les ‘’Fillonistes’’ dans un article publié le 4 décembre intitulé: « Suppression de 500 000 fonctionnaires : la piètre défense du Filloniste, boulier à la main… »
Le ministre écrit : « Quand on fait remarquer à un Filloniste que supprimer 500 000 fonctionnaires en 5 ans c’est dangereux et impossible, les arguments en défense feraient rire s’il ne s’agissait pas de l’emploi des gens et de l’organisation de la société.
Pour aborder le Filloniste, commencez toujours par lui demander quels fonctionnaires on supprime. Immanquablement, il commencera par vous dire lesquels il ne supprimera pas : policiers, gendarmes, militaires, infirmiers, aides-soignants, surveillants de prison… Même que ceux-là, il en créera parce qu’il en faut plus !
Faites-lui alors remarquer qu’en créer là où il l’estime nécessaire et en supprimer 500.000 quand même, ça veut donc dire que la saignée doit largement dépasser 500.000 ailleurs ! Dites-lui aussi que la Constitution laissant l’autonomie de gestion aux collectivités locales, la fonction Publique territoriale lui posera un sérieux problème de gouvernance !
« Le compte est bon »
Ayant testé plusieurs Fillonistes et lu quelques articles d’une presse qui aime autant le Filloniste qu’elle hait le fonctionnaire, j’ai toujours vu la même drôle de réaction : il ne s’agirait pas de supprimer des fonctionnaires, mais de supprimer des POSTES !
Diable, y aurait-il tellement de postes occupés par plusieurs fonctionnaires ou tant de postes vides de leur titulaire ? Le Filloniste invité à s’expliquer sort invariablement le même instrument : le boulier !
Et, avec une vitesse stupéfiante, les petites boules colorées se meuvent, un bruit sec rythmant chaque opération : 5,6 Millions de fonctionnaires travaillant aujourd’hui 35 heures, cela fait 196 Millions d’heures de travail par semaine. En faisant travailler ces gens-là 39 heures par semaine (payées 37 mais c’est un autre sujet) pour faire 196 Millions d’heures en une semaine, il suffit de diviser 196 par 39 et donc (clac, clac, clic, clic …) de ne conserver que 5,025 Millions de fonctionnaires ! 575. 000 POSTES trouvés, tout bien … le compte est bon !
« Rengaine habituelle »
Cela mérite un regard un peu plus précis : le boulier va-t-il fonctionner dans des services de 3 ou 4 personnes ? Le jour de la mise en œuvre, va-t-on licencier des gens qui, pour leur très grande majorité, bénéficient d’une garantie de l’emploi ? Comment appliquer cette règle si séduisante, aux personnels de direction ?
Gêné, le Filloniste concède le plus souvent quelques inquiétudes et se rabat sur la rengaine habituelle du non remplacement des départs en retraite !
Nul besoin de boulier pour lui tenir alors un raisonnement très simple : Environ 100 000 fonctionnaires (en fait un tout petit peu plus) partent en retraite chaque année. En cinq ans, pour « faire » 500. 000 fonctionnaires de moins, il faudra et il suffira « ne pas remplacer les départs en retraite » et demander à ceux qui restent de faire le boulot !
J’imagine la chose dans une école élémentaire, dans un tribunal lorsque le greffier s’en va, dans un hôpital lorsque le médecin s’arrête, dans un service de quatre personnes quand l’un s’en va ….
Et puis cauchemardons un peu ensemble : ne plus embaucher pendant 5 ans, c’est dire à 5 générations d’étudiants qu’il n’y aura plus aucun concours de recrutement dans la fonction publique, CAPES, Agrégation, écoles d’infirmiers, rédacteurs des collectivités locales, ONF, professeurs des écoles, Ecole de magistrats, ENA, agents des impôts, douaniers….
Le gros avantage pour le Filloniste, c’est que dans les écoles de l’administration, ne pas remplacer les départs en retraite des formateurs sera possible sans perturber le (non)fonctionnement des écoles de fonctionnaires ! »