« La réforme des retraites à laquelle je me suis engagé devant vous et qui est portée par le gouvernement sera menée à son terme. » Cette seule phrase va trouver un écho dans la rue, le 9 janvier 2020.
Loin de l’apaisement que l’on attendait de lui après 28 jours de grèves, le Président de la République a jeté un peu plus d’huile sur le feu du dossier déjà bien chaud de la réforme des retraites. On attendait une ouverture, une proposition nouvelle, un élargissement du champ des possibles. Rien de tout cela.
Emmanuel Macron est apparu crispé à l’écran pour les traditionnels vœux aux Français. Mal à l’aise même dans cet exercice. On le comprend après plus de quatre semaines de grèves, de manifestations et de désordres dans tout le pays.
Mais l’homme est psychorigide, on le sait. C’est-à-dire affecté d’une raideur psychologique qui le rend incapable de s’adapter aux changements. C’est là un trait de sa personnalité qui, dans certaines situations, pourrait se retourner contre lui.
La patate chaude à Edouard Philippe
« La réforme des retraites à laquelle je me suis engagé devant vous et qui est portée par le gouvernement sera menée à son terme. » Cette affirmation brutale et sans nuances est apparue comme une véritable provocation à tous ceux qui se battent pour infléchir la position de l’exécutif sur cette réforme mal ficelée et mal expliquée.
Le Président poursuit : « Avec les organisations syndicales et patronales qui le veulent, j’attends du gouvernement d’Edouard Philippe qu’il trouve la voie d’un compromis rapide…. »
Et voilà comment le Président se décharge (défausse ?) de ce dossier encombrant sur son Premier ministre. En lui passant la patate chaude, Emmanuel Macron entend dans doute gagner un peu de temps et jouer la carte du pourrissement.
Pari risqué assurément. Car les syndicats engagés dans ce conflit, les partis politiques d’opposition (mais pas que) et au-delà, tous les Français, ont bien compris que le Président de la République était sur une autre planète. « Un côté lunaire » observé par Eric Coquerel, député LFI de Seine-Saint-Denis. « Du Sarkozy bas de gamme » pour Julien Bayou secrétaire national d’EELV. « Des vœux aussi longs que creux et sans âme » pour Eric Ciotti, député LR des Alpes-Maritimes.
Plus méchant : « Il n’y a rien dans les vœux d’Emmanuel Hollande » raille Jordan Bardella, député européen RN. Jean-Luc Mélenchon a vu dans l’intervention du Président « une déclaration de guerre aux millions de Français qui refusent sa réforme. »
Il n’y a donc plus rien à attendre désormais d’un président arc-bouté sur ses certitudes. En revanche, il y a fort à parier que les paroles d’Emmanuel Macron trouvent un écho musclé le 9 janvier prochain lors de la journée de grèves et de manifestations interprofessionnelles et intergénérationnelles pour refuser la réforme telle qu’elle est proposée.
La guerre est bel et bien déclarée.