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Européennes : cinq infos indispensables avant d’aller voter

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Le vote pour renouveler le Parlement européen a lieu entre le 23 et 26 mai 2019.
parsucco/Pixabay, CC BY-SA

Amelia Hadfield, University of Surrey

Des millions d’électeurs s’apprêtent ce dimanche à choisir les 751 membres du Parlement européen parmi 28 états membres et représenter ainsi 512 millions de citoyens à travers l’Union européenne. Ces élections européennes, un gigantesque exercice démocratique, auront de profondes conséquences pour les citoyens européens et le rôle de l’UE à l’échelle internationale.

Voici les cinq informations clefs qu’il faut avoir en tête et qui pourraient bien redéfinir l’Europe, et peut-être, le monde.

Les populistes gagnent-ils du terrain ?

Les flambées populistes font partie intégrante de la vie politique. Dans son histoire récente, l’Europe a vécu des périodes où des partis politiques pro-européens ont cédé plusieurs fois le pas à des mouvements populistes anti-européens tout comme d’ailleurs de nombreux États à travers le monde.

Les mouvements populistes actuels ont tendance s’attacher à des questions d’ordre national, s’opposantn souvent à des décisions clefs du gouvernement, comme l’a démontré le mouvement des « gilets jaunes » ou plus internationales, s’interrogeant par exemple sur l’utilité même de l’Union européenne, ou encore s’attardant sur des tendances plus spécifiques telles que les migrations ou la mondialisation.

Les élections de 2019 sont l’opportunité parfaite pour ces mouvements populistes de gagner du terrain sur le plan international.

Parmi les partis les plus à même de gagner des sièges au parlement, citons celui de Nigel Farage, le Brexit party au Royaume-Uni, le Rassemblement national de Marine Le Pen et la Ligue de Matteo Salvini en Italie.




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Le parti d’extrême-droite allemande Alternative pour l’Allemagne (AfD) est aujourd’hui le plus large parti d’opposition dans le pays mais il ne devrait pas être un compétiteur de grande envergure, tout comme le parti autrichien FPÖ, actuellement en pleine tumulte.

La Hongrie en revanche pourrait être représentée par le parti de centre-droit Fidesz (et ce en dépit de nombreuses allégations à l’encontre de la validité du dernier scrutin national).

La Pologne sera elle aussi divisée entre des groupes pro-européen comme la Coalition européenne et le parti Droit et justice qui défend l’idée d’une Europe « chrétienne » constituée d’États souverains.

Comment le Parlement européen se constituera-t-il ?

Après les élections, les nouveaux élus des partis populistes, de droite comme de gauche, devront se positionner au sein des huit groupes politiques présents au Parlement. Ils peuvent également choisir de ne pas s’associer à ces partis. Ces choix auront d’importantes conséquences sur la façon dont travaillera le Parlement.

En travaillant au sein de la coalition, ils peuvent influencer des décisions clefs (par exemple s’opposer à l’euro, peser sur les politiques migratoires ou en diplomatie étrangère) et créer des consensus avec les autres partis, de droite comme de gauche.

De même, ils peuvent refuser de s’engager sur certaines législations et bloquer la prise de décision au sein du Parlement.

Les partis populistes ayant formulé des programmes bien spécifiques sur certaines questions européennes – y compris celles impliquant une dimension internationale – auront plus ou moins de poids selon le nombre de sièges obtenus.

Un regroupement des votes vers le centre-droit verrait le conservateur Parti Européen du Peuple ; (PPE) renforcé. Il s’agit du groupe parlementaire le plus important actuellement avec 217 sièges occupés par des euro-députés de tous les États membres soit 29 % des députés européens. Il imposerait le prochain agenda parlementaire et pourrait revigorer postes et politiques décisionnaires clefs au sein de l’UE.

Au contraire, si les électeurs désertent le centre-droit et les partis populistes, les partis démocrates et socialistes deviendront les deuxième et troisième partis les plus importants, ce qui compliquera la vie de la coalition du centre-droit et celle du PPE.

Les Verts peuvent-ils changer la donne ?

Le poids des Verts dans cette élection ne doit par ailleurs pas être sous-estimée. En Angleterre comme dans le reste de l’Union, les partis dits Verts espèrent rallier les voix de celles et ceux mal à l’aise avec les messages simplistes des partis d’extrême-gauche ou d’extrême-droite. La force des partis Verts est alors de proposer une narrative qui sort de la dynamique d’opposition de type « eux » contre « nous » en fédérant les citoyens autour d’une cause commune et universelle : faire face au changement climatique.

Le Parlement européen ne compte pas un mais deux groupes à tendance écologiste et tous deux devraient augmenter leur nombre de sièges.

S’ils parvenaient à s’entendre et à rallier d’autres groupes à leur cause, le Parlement européen pourrait devenir moteur dans la lutte contre le changement climatique tout en renforcement la capacité de l’institution à travailler avec la Commission européenne et les législations européennes en vigueur sur le sujet.

L’UE deviendrait alors un acteur incontournable face à des puissances sous influence de dirigeants climatosceptiques comme les États-Unis ou le Brésil.




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Le Royaume-Uni choisira-t-il à nouveau le Brexit ?

Depuis le référendum actanten juin 2016 le départ du Royaume-Uni de l’UE, le Brexit, le gouvernement britannique demeure dans l’incapacité de s’accorder sur un accord de sortie.

Ce trou noir législatif est aussi une opportunité de dénigrer les pouvoirs en place.

Ainsi le Brexit Party de Nigel Farage offre une échappatoire : « vous voulez quitter l’UE ? Votez pour nous et nous ferons en sorte que ce message soit entendu ». Même si, en pratique les parlementaires européens ne peuvent imposer le Brexit depuis le Parlement européen.

En revanche, les partisans du « Remain » ne sont pas forcément unis quant à leur différents objectifs sur le plan européen, ce qui rend leur communication – et l’adhésion à leur projet européen- plus difficile et moins lisible pour le citoyen britannique.

Les discussions entre le Royaume-Uni et l’UE sur le Brexit se trouvent dans une impasse.
kevin grieve/Unsplash, CC BY

Qui seront les futurs responsables de l’UE ?

Le Parlement européen a gagné en autorité, en visibilité et en légitimité depuis la première élection de 1979.

C’est désormais une institution sur laquelle les États membres s’appuient, qui légifère de concert avec la Commission européenne et scrute les législations proposées sur le commerce, la diplomatie extérieure, les questions environnementales ou encore le budget de l’Union.

C’est aussi le parlement qui choisit les profils des responsables au plus hauts postes de la Commision européenne. Les principaux partis européens proposent ainsi leur « tête de liste » au Conseil européen pour le poste de président de la Commission européenne (parmi d’autres postes). Actuellement six candidats sont en lice (Spitzenkandidat) parmi les huit groupes parlementaires.

Ils seront, tout comme les parlementaires européens, en charge de promouvoir et construire la stratégie Europe 2020.

Au centre de cette feuille de route se trouvent notamment les relations bilatérales dans le cadre de la coopération franco-allemande ainsi que la délicate question des équilibres régionaux des pays baltes aux Balkans. Il faudra par ailleurs compter sur de nouveaux partenaires désormais indissociables de la stratégie européenne, comme le Canada et la Chine tout en réanimant le travail déjà commencé avec les États-Unis autour des questions sensibles que sont le commerce, l’aide au développement et la concurrence internationale.

Qui des populistes ou des pro-européens l’emportera ? Les premiers résultats nous indiqueront quelle Europe se profilera pour demain.

INA, 15 mai 1979.

Traduction de la version originale en anglais par Clea Chakraverty.The Conversation

Amelia Hadfield, Head of Department of Politics, University of Surrey

Cet article est republié à partir de The Conversation sous licence Creative Commons. Lire l’article original.

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