Les zadistes, c’est-à-dire les occupants illégaux de NDDL, et les organisations environnementales crient victoire. Mais ils devront déguerpir avant le printemps. Tollé à Nantes, chez les défenseurs du projet.
Voilà, c’est décidé. Cinquante ans après l’ébauche du projet de construction d’un aéroport à Notre-Dame-des-Landes et l’occupation des lieux parfois musclée de ceux qui se font appeler les « zadistes » (pour zone à défendre), le Premier ministre a annoncé aujourd’hui l’abandon définitif du projet. « Les conditions ne sont pas réunies pour mener à bien le projet » a expliqué Edouard Philippe en précisant que l’évacuation de la ZAD se fera d’ici le printemps. Le chef du gouvernement a encore indiqué que l’aéroport de Nantes-Atlantique serait aménagé et modernisé.
Une longue histoire
Les grandes étapes du projet . C’est dans les années 60 que les premières réflexions autour de la création d’un aéroport international dans le Grand Ouest apparaissent. Mais il faut attendre les années 70 pour que le site de NDDL soit retenu par l’Organisme régional d’étude et d’aménagement d’aire métropolitaine (OREAM). Ce sont des terres agricoles, à 20 km de Nantes, avec des communes peu peuplées. Il est question de créer un aéroport important pour remplacer celui de Nantes-Atlantique.
1974 : une zone d’aménagement différée (ZAD) est créée. Le conseil général de Loire-Atlantique acquiert des terrains. Mais le projet sombre dans l’oubli.
Vingt ans plus tard, en 1994, on songe à désengorger les aéroports parisiens. NDDL refait surface. En 2003, un arrêté ministériel valide le projet. En 2007, déclaration d’utilité publique. 2010, l’Eta s’engage avec Vinci pour la création de cet aéroport qui doit ouvrir en 2017.
Mais la résistance s’organise. L’association citoyenne des populations concernées par le projet d’aéroport (ACIPA) est créée puis d’autres associations qui refusent l’aéroport.
Les militants de la cause écologiste débarquent sur place, créent des habitations de fortune, viennent en aide aux agriculteurs qui défendent leur terre. La ZAD devient un enjeu politique, économique, écologique de premier plan.
Cafouillage au sommet de l’Etat
Le conflit va déraper sur le terrain judiciaire. Après plusieurs années d’attente, la justice autorise les travaux. Mais le gouvernement tergiverse. La ministre de l’Ecologie, Ségolène Royal est plutôt favorable au projet, Emmanuelle Cosse, ministre du Logement y est opposée. Hollande, lui, ne sait pas.
Les forces de l’ordre débarquent régulièrement pour évacuer les ‘’Zadistes’’. Les affrontements sont parfois violents et laisseront de nombreux blessés. La confusion est à son comble quand un référendum local est organisé, en juin 2016. Résultat ? 55,17% des votants sont favorables au projet.
Terminé ? Pas encore. Alors que la ZAD doit être évacuée, le changement de gouvernement remet tout en cause. Après Jean-Marc Ayrault, Manuel Valls décide de dégager en touche en invoquant les exigences de l’Europe. Bruxelles aurait mis la France en demeure de procéder à une « évaluation de l’impact environnemental » du projet.
Depuis, c’était le statu quo. Une situation inconfortable d’un point de vue politique, écologique, social et environnemental.
Il fallait sortir de cet imbroglio infernal. Edouard Philippe vient de décider. Mais sa décision qui fait injure au vote des Français n’a pas fini de créer des remous autour de cet aéroport fantôme.
Colère des élus
La décision d’Edouard Philippe provoque la joie des »Zadistes » qui estiment avoir gagné leur dur combat. Mais elle a déclenché la colère de nombreux élus qui s’estiment floués par l’Etat. c’est le cas, par exemple, la maire de Nantes, Johanna Rolland se dit choquée que l’Etat « bafoue clairement l’expression démocratique qui s’est exprimée le 26 juin 2016.
La présidente du Conseil régional des Pays de Loire, Christelle Morançais, est tout aussi furieuse: « c’est une décision inacceptable et insupportable » dit-elle, « c’est la victoire des zadistes sur l’Etat de droit. »
L’affaire de l’aéroport de NDDL n’est pas encore terminée.
Emilien Lacombe