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CHRU de Nancy : Les résultats inattendus de l’essai COVI-DOSE

COVI-DOSE est un essai thérapeutique labellisé « priorité nationale de recherche » mené par le CHRU sur le risque de thrombose au cours de la Covid-19.

Depuis le début de la pandémie de Covid-19, le CHRU de Nancy pilote COVI-DOSE, un essai thérapeutique national sur le risque de thrombose lié à la Covid-19 avec la participation de 23 centres hospitaliers : 16 CHU et 7 CH dont 6 centres dans le Grand Est, sous l’égide de deux réseaux nationaux de recherche d’excellence F-CRIN, INNOVTE et INI-CRCT.
Après trois années de recherche sur une cohorte de 1 000 patients hospitalisés et atteints de Covid19, les résultats sont dévoilés ce matin à 9h dans le journal international eClinicalMedicine du groupe Lancet Discovery Science.

Des résultats attendus par la communauté médicale mondiale

« Le mieux est l’ennemi du bien ». Alors que les patients atteints de COVID-19 présentent une fréquence élevée de thrombose (caillot de sang notamment dans les poumons, similaire à une embolie pulmonaire), de nombreuses études ont débuté dans le monde entier afin d’identifier la meilleure dose de traitement anticoagulant pour réduire ce risque en fluidifiant le sang. La plupart des études (USA, Canada, Brésil, Iran, etc.) ont étudié des doses « fortes » d’anticoagulant en les comparant à des doses « standards » jugées insuffisantes.
L’originalité de l’étude COVI-DOSE réside dans la comparaison d’une dose « intermédiaire », ni forte ni standard, ajustée à la morphologie du patient versus une dose « standard » pour essayer de réduire le risque de thrombose sans augmenter le risque de saignement, trop souvent associé aux traitements anticoagulants.
Le résultat de l’étude COVI-DOSE est clair : même à des doses intermédiaires, cette augmentation ne réduit pas le risque de thrombose, mais augmente significativement le risque de saignement. Ce dernier va ainsi à l’encontre des éléments qui avaient été supposés comme efficaces en 2020, au début de la pandémie.
Grâce aux résultats de COVI-DOSE, l’augmentation empirique des doses de traitement anticoagulant au cours de la COVID-19 n’est plus recommandée.

Ces résultats seront transmis aux instances internationales (OMS et réseau de recherche INVENT dédié à la thrombose) pour mettre en commun les données de recherche mais également mettre à jour les recommandations mondiales sous l’égide de la société internationale sur la thrombose et l’hémostase (ISTH).

Thrombose et Covid : un lien parfois fatal

Mars 2020 : des données médicales ont plaidé pour une augmentation importante du risque de thrombose veineuse associée à l’infection par SARS-CoV-2 à l’origine notamment d’embolies pulmonaires, potentiellement mortelles. « Le lien entre les maladies infectieuses et les maladies cardio-vasculaires, s’est vite imposé à nous et nous avons alors compris qu’un problème de thrombose était lié à la Covid-19 », explique le Pr Stéphane Zuily, médecin du service de médecine vasculaire au CHRU de Nancy et coordinateur de l’étude COVI-DOSE.

Anticoagulant : des pratiques hétérogènes au niveau international

Au niveau international, il existe une grande hétérogénéité de choix de la dose de traitement anticoagulant pour tenter de réduire le risque de thrombose survenant malgré une dose standard.
Ces pratiques, potentiellement à risque pour les patients, peuvent provoquer une augmentation de la dose de traitement anticoagulant aboutissant à un saignement.
La réalisation de l’essai COVI-DOSE s’est alors imposée pour tenter d’identifier la meilleure dose de traitement anticoagulant visant à réduire le risque de thrombose et d’identifier si une dose augmentée serait raisonnable sans amplifier le risque de saignement.

À propos de COVI-DOSE

Suivi de près par l’Organisation Mondiale de la Santé, COVI-DOSE est le plus grand essai thérapeutique français et un essai majeur à l’échelon international sur le sujet. Le protocole en place compare un groupe de patients bénéficiant d’une dose habituelle d’anticoagulant, à un autre groupe bénéficiant d’une dose plus élevée dite « intermédiaire » et proportionnée au poids de chacun.

Labellisée « priorité nationale de recherche » en décembre 2020 par le comité CAPNET (Comité ad-hoc de pilotage national des essais thérapeutiques et autres recherches sur la Covid-19), cette étude est financée par le plan hospitalier de recherche clinique inter-régional (GIRCI-Est), la région Grand Est, la Métropole du Grand Nancy et le CAPNET.

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