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Rentrée : un cocktail explosif en gestation

Interdiction de l’abaya à l’école, augmentation phénoménale des prix de première nécessité, hausse des impôts et des taxes, drogue, immigration, agressions, cambriolages : tous les voyants sont au rouge vif. De nouvelles émeutes sont à redouter.

Aumentation des prix dans les supermarchés (Minette Lontsie, CC BY-SA 4.0, via Wikimedia Commons)
Augmentation des prix dans les supermarchés (Minette Lontsie, CC BY-SA 4.0, via Wikimedia Commons)

Deux mois seulement après les émeutes qui ont ébranlé le pays, révélant ouvertement l’incroyable faiblesse de l’État, la rentrée 2023 s’annonce particulièrement difficile. Non pas tant à cause de l’interdiction de l’abaya à l’école, dès ce lundi 4 septembre, qui reste un problème plus politique que religieux, qu’en raison des grandes difficultés économiques dans lesquelles se trouvent un grand nombre de Français. Et d’une situation sociale intenable sur le long terme.

Carburant et électricité en hausse

L’inflation, c’est-à-dire l’augmentation du niveau général des prix, atteint des sommets. Selon l’Insee, les prix à la consommation ont augmenté de 4,8% sur un an. Mais de 18% pour l’alimentation.
Cette augmentation est due au rebond des prix des produits pétroliers et des tarifs règlementés de l’électricité (10% au 1ᵉʳ août).
Désormais, le prix des carburants flirte avec les 2 euros le litre à la pompe.

Au supermarché

Dans les rayons des supermarchés, les prix ont explosé. Pour enrayer cette hausse devenue insupportable pour nombre de familles françaises, le ministre de l’Économie, Bruno Le Maire, a annoncé que les acteurs de la grande distribution et de l’industrie agroalimentaire sont parvenus à un accord visant à « casser définitivement la spirale des prix ». Comment ? Les prix de 5000 références, soit un quart de ceux vendus en grande surface, devront « ne plus bouger ou bouger à la baisse. » Pourtant, le directeur exécutif et marketing de Lidl France, Michel Biero, douche ce bel optimisme : « Il ne faut pas vendre du rêve aux Français, dit-il. On ne reviendra pas aux prix d’avant crise ».

La précarité des étudiants

La hausse vertigineuse des prix, en cette rentrée 2023, impacte tout le monde. À commencer par les étudiants qui devront débourser en moyenne 594,76 euros de plus par rapport à l’année précédente. En un an, le coût de la vie étudiante aura augmenté de 2,50 %, explique l’Unef. Et en Île-de-France, 3000 logements étudiants du Crous devraient être réquisitionnés pour loger les personnes qui travailleront pour les Jeux olympiques de 2024, alors qu’en cette rentrée, des étudiants n’ont toujours pas de logement.
La précarité des étudiants est accentuée par la suppression du repas CROUS à 1 euro et par la réforme des APL qui pénalise les plus pauvres d’entre eux.

2.000 enfants à la rue

La Fondation Abbé Pierre estime qu’il y a 330 000 personnes sans domicile en France, ce qui représente 30 000 de plus qu’en 2022. Au total, 4,15 millions de personnes sont mal logées. Avant les JO 2024 de Paris, il faut cacher la misère aux touristes du monde entier en ouvrant des centres d’accueil provisoires en région pour mieux répartir les sans-abri et demandeurs d’asile sur le territoire, en provenance de Paris.
Selon une enquête de l’Unicef, publiée le 30 août 2023, quelque 2.000 enfants dorment dans la rue, ici, en France. C’est insupportable !

Impôts et taxes

La situation économique et financière de la France est de plus en plus délicate. Même si Matignon affirme qu’il n’y aura pas d’augmentation d’impôts, la taxe foncière 2023 s’envole (+7,1% en moyenne) et celle de 2024 risque d’être aussi forte.
Pas d’impôts, mais pour faire des économies, le gouvernement envisage de faire doubler la part de la charge du patient lorsqu’il achète des médicaments, passant de 0,50 à 1 euro !

Lorsqu’on additionne ces différentes hausses des prix et des taxes, on constate que les Français sont de plus en plus nombreux à sombrer dans la pauvreté. L’Enquête des Revenus Fiscaux et Sociaux (ERFS) révèle que plus de 8,9 millions de personnes vivent sous le seuil de pauvreté, soit avec moins de 1 128 euros par mois.

Les Restos du Cœur vont-ils disparaître ?

L’association créée par Coluche en 1985 est désormais en grande difficulté. Invité du JT de 13 heures, ce dimanche 3 septembre, le président des Restos du Cœur, Patrice Douret, a lancé un appel de détresse aux forces politiques et économiques. Car la situation est catastrophique.
L’association a distribué, gratuitement bien entendu, 35% de repas supplémentaires cette année, soit 170 millions de repas. « À ce rythme, déclare Patrice Douret, les Restos du Cœur pourraient mettre la clé sous la porte d’ici à trois ans ! Car les digues sont en train de lâcher. »
D’où la nécessité de lancer un plan d’urgence alimentaire. « Il faut réagir vite, dit-il, avant qu’il ne soit trop tard. »
Mais n’est-il pas déjà trop tard?

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