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Désirez-vous un ticket de caisse ? La grande escroquerie !

Point-de-vue. La fin des facturettes et reportée au 1er avril 2023. Pourtant, la dématérialisation des tickets de caisse imposée au nom de l’écologie pourrait couter cher aux consommateurs.

La fin des tickets de caisse (UnlimPhotos)
La fin des tickets de caisse (UnlimPhotos)
Bernard Aubin,
Bernard Aubin

Par Bernard Aubin

30 milliards de facturettes éditées chaque année qui atterrissent tout droit à la poubelle. Il n’en fallait pas moins pour que, sous couvert de lutte contre le gaspillage, d’écologie, de développement durable… nos têtes pensantes envisagent à moyen terme la disparition de ce titre de paiement. Le ticket, ou plutôt sa remise systématique, bénéficiera in extremis d’un petit sursis : les associations de consommateurs ont révélé qu’en cette période d’inflation, le petit bout de papier permettaient aux consommateurs de « suivre leurs dépenses au quotidien ».

Où se font les économies, où est l’écologie ?

Fort de cette belle découverte, notre Gouvernement a été réactif : prévue en France à partir du 1er janvier 2023, la fin de l’impression systématique des tickets de caisse sera reportée au 1er avril. Est-ce pour autant un poisson ? Ce qui ne l’est pas, en revanche, c’est la conséquence de la dématérialisation de tous les titres, factures, fiches de paie et relevés en tous genres. Pour les pièces importantes, ou pour des documents nécessitant une analyse de fond, l’impression s’impose et elle est désormais à notre charge. Et c’est loin d’être gratuit !
Où se font les économies ? Pas chez ceux qui sont désormais contraints de posséder, d’entretenir, de moderniser régulièrement à leurs charges des dispositifs informatiques, connexions et stocks de papier. Où est l’écologie ? Certains diront que l’impression n’est plus obligatoire, que les documents sont accessibles dans « le Cloud » (bases de données parfois payantes, elle aussi !). Ils ont sans doute raison concernant les documents non-indispensables.

Des erreurs de facturation

Pour le reste, méfiance. En mars 2021, un serveur informatique a pris feu dans la périphérie de Strasbourg, engendrant au passage la disparition de toutes données des utilisateurs… Et puis, les sociétés qui gèrent les « Cloud », situées aux quatre coins du monde, peuvent disparaître et avec elles vos précieux documents. Rappelons que certains d’entre eux doivent être conservés durant toute la vie active : certificats de travail, bulletins de salaires… et pourront s’avérer indispensables au moment de liquider la pension…
Revenons-en à notre ticket de caisse. Sa disparition survient concomitamment avec une augmentation exponentielle des erreurs de facturation. Selon un « sondage » tout à fait personnel reposant sur une expérience personnelle, entre un ticket sur deux voire deux tickets sur trois comportent des erreurs… et toujours au préjudice de l’acheteur : des promos qui ne passent pas, des prix plus élevés à la caisse qu’affichés dans les rayons… Avant la sortie du magasin, un simple coup d’œil sur le TICKET de caisse permet à un consommateur averti de repérer les « erreurs » et surtout de les faire CORRIGER sur le champ.

Tout le monde n’est pas perdant!

Mais avec la dématérialisation, la plupart d’entre nous ne vérifient plus rien. Ni à la sortie d’un magasin, ni lorsqu’ils reçoivent leur fiche de paie par Internet, ni lorsqu’ils reçoivent différents décomptes en ligne. Et cela justement lorsque la déprofessionnalisation qui gangrène tous les domaines, conduit (délibérément ?) à une profusion d’erreurs, dans la majorité des cas défavorables au citoyen. De plus, une vérification a posteriori constitue un encouragement subliminal à ne pas agir : qui va se lancer dans une démarche chronophage pour récupérer un ou deux euros par-ci, voire une dizaine par là ?
Tout le monde n’est pas perdant avec cette « dématérialisation », loin de là : caisses de maladie et de retraite, supermarchés, administrations, employeurs… À grande échelle, les sommes en jeu sont considérables. Tout comme les économies réalisées sur notre dos, bien supérieures aux coûts de quelques facturettes ! Si nos tickets rejoindront tôt ou tard le grand monde du virtuel, les conséquences pour nos porte-monnaie seront, une nouvelle fois, bien réelles !

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