Alors que Vittel vend son eau dans le monde entier, la commune vosgienne doit faire face à une baisse inquiétante de la nappe phréatique exploitée par Nestlé Waters.
Ce n’est pas nouveau mais le phénomène devient inquiétant. Depuis plusieurs années, la nappe d’eau des GTi (grès du Trias inférieur) baisse dangereusement. Elle s’épuise d’environ 1 Million de m3/an. Explication : alors que 3 millions de m3 sont prélevés tous les ans par Nestlé Waters dans le sous-sol de Vittel, Contrexéville et Bulgnéville, la recharge naturelle est de l’ordre de 1 million de m3. D’où le déficit chronique.
Du coup, les habitants de Vittel et des communes voisines manquent d’eau. Ils sont obligés d’aller puiser ailleurs. Mais cela coûte cher. Une Commission Locale de l’Eau (CLE) s’est réunie, récemment, pour savoir c qu’il convenait de faire. Car il y a évidemment les besoins en eau des populations locales mais aussi la préservation de l’emploi par la multinationale, premier employeur de la région.
Finalement, la CLE a décidé d’aller chercher l’eau dans une nappe voisine au grand dam de plusieurs associations de consommateurs.
Le CESER est inquiet
Dans un communiqué, le CESER Grand Est se dit inquiet. En 2017, l’assemblée des socioprofessionnels du Grand Est, dénonçait déjà la surexploitation dangereuse de la ressource en eau du sud-ouest vosgien.
« La situation, très préoccupante, de la nappe des grès du Trias inférieur, que le Ceser avait analysée dans son rapport d’avril 2017, n’a fait que se détériorer depuis cette période.
Récemment, de nombreux acteurs et observateurs locaux et internationaux ont également tiré la sonnette d’alarme concernant les usages par Nestlé Waters, mais aussi, comme l’avait souligné le CESER, des collectivités concernées et d’autres industriels locaux (Fromagerie Ermitage). Cette inquiétude est renforcée par les solutions qui pourraient être retenues pour endiguer le déclin de la nappe, à savoir des pompages sur les nappes voisines et le développement possible d’infrastructures de transfert. Ces projets ont d’ailleurs attiré également l’attention de certains médias allemands et suisses.
Sur le long terme
(…) Le CESER ne peut donc que renouveler sa forte préoccupation quant à la surexploitation de cette ressource, sans prise en compte, au bon niveau, des besoins humains vitaux sur le long terme.
Il demande donc à tous les acteurs concernés, dans le cadre de la Commission locale de l’eau par exemple, ou au travers du Schéma d’aménagement et de gestion des eaux (SAGE), que tous les éléments chiffrés sur ces transferts soient rendus publics, que leur impact environnemental soit évalué, et que la question de l’eau, et de son économie soit, plus généralement, enfin regardée à hauteur des enjeux vitaux qu’elle représente pour les populations.
E.L.