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Gros malaise dans les journaux lorrains du groupe EBRA

Les 393 journalistes de l’Est Républicain, du Républicain Lorrain et de Vosges Matin ont voté à 92% une motion de défiance à l’égard de leur rédacteur en chef, Sébastien Georges. « Le Monarque » comme on l’appelle, « s’excuse » dans un mail étonnant.

Image Melanie Perrutel via Wikimedia
Image Melanie Perrutel via Wikimedia

Pourquoi a-t-il fallu en arriver là ? Depuis des mois et des mois, le climat ne cesse de se détériorer au sein des rédactions de l’Est Républicain, du Républicain Lorrain et de Vosges Matin (ERV) du groupe EBRA sans que la hiérarchie ne s’en émeuve. Les syndicats alertent la direction lors de chaque CSE (comité social et économique). « Depuis l’été dernier, les arrêts maladie et les départs se multiplient à la cour du roi » écrit l’Est Média CGT dans un communiqué du 18 mars 2025. Le syndicat met en cause la direction du journal et rappelle l’article L-4121-1 du Code du Travail : « L’employeur prend les mesures nécessaires pour assurer la sécurité et protéger la santé physique et mentale des travailleurs ».
De fait, le sigle « RPS » apparaît très souvent dans les comptes-rendus syndicaux. Selon l’Assurance maladie, cette expression signifie « Risques psychosociaux » et « regroupe généralement le stress au travail, (surcharge de travail, manque de moyens, manque d’autonomie… ; les violences internes à l’entreprise (harcèlement, confit… ; les violences externes à l’entreprise (insultes, menaces, agressions… »).

« Des effets parfois irréversibles sur les journalistes »

C’est exactement ce qui se passe dans les rédactions ERV. Il y a quelques jours, le SNJ titrait son tract « Stop aux ravages de cette gouvernance caractérielle » ! Le SNJ dénonce « un management méprisant, supérieur, blessant, suffisant qui empoisonne la rédaction, produit des effets toxiques, parfois irréversibles sur les journalistes ».
On ne compte plus les arrêts maladie pour RPS. La hiérarchie intermédiaire n’est pas épargnée. L’été dernier, la rédactrice-en-chef adjointe a préféré quitter l’entreprise, de même qu’un responsable web.
Mais rien n’a changé. Plus récemment, la semaine dernière, deux rédacteurs-en-chef adjoints se sont mis en arrêt maladie. Le même jour. Ce fut la goutte d’eau.
Le 21 mars, les cinq organisations syndicales du pôle ERV ( le SNJ, l’Est média CGT, le SNJ-CGT, la CFDT et la Filpac CGT) décident de réagir. Constatant un « management borné et brutal », elles décident de soumettre aux journalistes des trois rédactions une motion de défiance à l’égard du rédacteur-en-chef, Sébastien Georges. (Voir le texte ci-dessous).
Le résultat du vote est tombé ce jeudi 27 mars.
À la question « faites-vous confiance au rédacteur en chef pour diriger les journaux et assurer l’avenir ? », le résultat est sans appel. Sur 393 journalistes qui se sont exprimés, 92 % ont répondu « non ».
Comment désormais, la direction générale peut-elle rester sourde à ce vote massif ?

Les mails du red’chef et du DG

Sébastien Georges s’est « excusé » dans un mail surréaliste adressé à 16 h 30 à tous les journalistes.
« Le vote de défiance est un moment important (!) de la vie de notre rédaction et il n’est pas question de le négliger et de ne pas l’entendre. Il exprime les préoccupations de la rédaction dans une période extrêmement complexe pour les médias et leur avenir.
Je prends acte de ce vote et souhaite vous partager mes réflexions. Je tiens à m’excuser sur la forme de ma communication qui a parfois dépassé le cadre du raisonnable (?). Je comprends l’émotion suscitée par cette situation et j’en suis profondément désolé et affecté (!) La défense des intérêts de nos entreprises et de nos rédactions m’impose, comme à chacun de nous, une forte pression. (…) L’avenir de nos journaux repose sur une rédaction unie et mobilisée, et je suis convaincu que nous saurons, ensemble, relever les défis à venir.
Je reste à votre écoute et disponible pour échanger dans les prochains jours. … »

Le mail de Christophe Mahieu, directeur général des trois journaux ERV à 18 h 20.
« Je fais suite au tract syndical envoyé cet après-midi annonçant les résultats du vote de la motion de défiance. Je prends acte des excuses formulées par Sébastien Georges, rédacteur en chef du pôle ERV et des promesses prises auprès de la rédaction pour apaiser cette situation délicate et retrouver un mode apaisé et constructif de collaboration avec les équipes. Diane Ravel, la directrice des ressources humaines, et moi-même allons suivre avec attention cette démarche et nous veillerons personnellement au respect des engagements pris ce jour.
Nous allons également solliciter la CARSAT et convoquer dès la semaine prochaine une session extraordinaire des représentants salariés des commissions RPS afin d’échanger avec eux et identifier les moyens adéquats de suivi à mettre en œuvre. »
Bref, on se calme, et on continue. Comme avant?

Un tsunami de non,

motion de défiance

 

 

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