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La carte de presse a 90 ans!

La Commission de la carte d’identité des journalistes professionnels (CCIJP) s’apprête à souffler ses 90 bougies, marquant une étape importante dans l’histoire de la presse française.

Carte de presse (CCIJP LinkedIn)
Carte de presse (CCIJP LinkedIn)

Cette institution, garante de l’identité professionnelle des journalistes, continue de jouer un rôle essentiel dans un paysage médiatique en constante évolution, rappelle sa présidente Bénédicte Wautelet.

Un pilier historique du journalisme français

Le 29 mars 1935 constitue une date fondatrice pour la profession de journaliste en France. Ce jour-là, les députés adoptaient à l’unanimité la « loi Brachard », établissant un statut protecteur pour les journalistes et créant la carte d’identité professionnelle ainsi que la commission paritaire chargée de la délivrer.
Depuis neuf décennies, cette loi forme, avec celle du 29 juillet 1881 sur la liberté de la presse, le socle juridique de l’exercice du journalisme en France. La CCIJP s’est constamment adaptée aux transformations du métier, accompagnant l’évolution des médias, depuis les caméramans des actualités télévisées des années 1930 jusqu’aux journalistes des médias numériques d’aujourd’hui.

Un rôle crucial face aux défis contemporains

Dans un environnement médiatique où l’information se trouve confrontée aux phénomènes d’influence, à la communication institutionnelle et aux enjeux de l’intelligence artificielle, la CCIJP réaffirme sa mission fondamentale. En 2024, elle a délivré 34 948 cartes à des journalistes professionnels, garantissant ainsi la distinction entre information journalistique et autres contenus.
Cette différenciation demeure « primordiale pour le public, comme pour la démocratie », souligne l’institution qui se dit « prête à continuer à tenir ce rôle essentiel et plus nécessaire que jamais pour les décennies à venir ».
Les célébrations du 90e anniversaire débuteront le 29 mars et se poursuivront jusqu’au 22 mai 2026, date commémorant la toute première réunion de la commission. Cette période festive sera l’occasion de « faire encore mieux connaître la carte et la commission, mais aussi préparer l’avenir« , annonce Bénédicte Wautelet, présidente de la CCIJP.

Les archives de la CCIJP : un trésor journalistique enfoui sous Paris

CCIJP

Ce fonds documentaire unique retrace près d’un siècle d’histoire de la presse française et attire de plus en plus de chercheurs.

Depuis les sous-sols d’un immeuble parisien, les dossiers de plus de 100 000 journalistes racontent l’évolution d’une profession. Portrait d’un patrimoine méconnu devenu source précieuse pour la recherche.

Un voyage dans le temps au cœur du journalisme français

C’est un jardin extraordinaire de plus de 100 mètres carrés situé dans les sous-sols des locaux de la Commission de la Carte d’Identité des Journalistes Professionnels (CCIJP), non loin des gares de l’Est et du Nord, rue La Fayette, dans le 10e arrondissement de Paris. Pour le découvrir, il suffit de descendre 19 petites marches. Ces dernières années, plusieurs universitaires et chercheurs ont emprunté cet escalier. Ils se sont plongés dans des archives de la CCIJP et se sont embarqués dans un périple de quatre-vingt-dix ans.
Le bleu. C’est la première couleur qui apparaît dans les archives de la CCIJP. Cette impression visuelle n’est pas due au hasard. Elle est le reflet de l’empilement des dossiers dédiés à chaque journaliste ayant fait au moins une demande de carte de presse. Cependant, cette première impression ne dure pas. Très vite, on découvre un dédale de couloirs et un système de rayonnage coulissant très classique. Les dossiers de Pierre Brossolette et de Françoise Giroud côtoient ceux de plus de 100 000 autres journalistes. Certains sont fins, d’autres plus épais, comme celui de Philippe Bouvard, demandeur de la carte durant plus de cinquante ans. La tentation d’aller fouiner dans les travées est grande. Chaque dossier est classé en fonction du numéro de carte presse, véritable sésame pour les chercheurs qui y viennent puiser des informations.

Un véritable portrait social de la profession

Depuis quelques années, la CCIJP a reçu la visite de nombre d’entre eux. La dernière en date, Myriam Juan, s’intéressait plus particulièrement à la fin des années 1930. D’autres l’ont précédée.
À l’image de Louise Francezon, universitaire à Paris-I, qui a sollicité la CCIJP dans le cadre d’une thèse sur les femmes photographes entre 1939 et 2014. À la suite de l’identification de nouvelles reporters retrouvées aux archives nationales, elle souhaitait consulter leur dossier pour l’obtention de la carte de presse pendant la Seconde Guerre mondiale. Il faut croire qu’elle n’a pas été déçue, car elle envisage, d’ores et déjà, d’étendre cette même démarche à d’autres périodes.
De son côté, Etienne Ollion, chercheur au CNRS, a pu compléter son étude sur l’évolution du journalisme politique et ainsi mieux mesurer son évolution depuis les années 1990. Les archives de la CCIJP lui ont donné la possibilité d’affiner par exemple ses connaissances au niveau de la composition des rédactions. Il a pu faire un portrait social dans le temps, grâce notamment aux données recueillies dans les dossiers, qui lui ont permis d’établir un âge moyen d’entrée dans la profession, l’ancienneté moyenne dans un titre et tout un tas d’informations difficilement disponibles ailleurs.

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