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« La promesse verte », chantage à Bornéo

Après avoir évoqué le malaise agricole dans « Au nom de la Terre », Edouard Bergeon a tourné un thriller écologique, dénonçant à son tour le désastre de l’exploitation intensive de l’huile de palme en Indonésie.

Adepte d’un « cinéma du réel, engagé », c’est en Thaïlande qu’Edouard Bergeon a tourné cette fiction où il évoque un désastre environnemental.

Dans « Au nom de la Terre », Edouard Bergeon avait raconté l’histoire de son père agriculteur, endetté, épuisé et dépressif (incarné par Guillaume Canet). Fils et petit-fils de paysan, qui a grandi dans une ferme du Poitou, l’ancien journaliste a tiré le fil de son sujet de prédilection, évoquant également le malaise agricole à travers des documentaires, « Les fils de la terre », « L’amour vache », « Femmes de la terre ». Son second long-métrage, « La promesse verte » (sortie le 27 mars), est à nouveau un récit agricole, mais cette fois à l’échelle mondiale, dénonçant à son tour par la fiction le désastre écologique de l’exploitation intensive de l’huile de palme en Indonésie.

Félix Moati y incarne Martin, un jeune bénévole dans une association humanitaire à Bornéo, un centre d’aide médical où il s’implique de bon cœur. Mais l’étudiant a caché son sujet de thèse aux autorités, il est venu sur place par « envie de comprendre ». Un soir de mariage, il filme le raid meurtrier de miliciens, qui protègent les intérêts d’une société internationale, ils incendient un village et tuent des habitants. En danger, le jeune Français tente de quitter le pays en urgence ; arrêté dans l’avion avant son décollage, il est emprisonné et accusé de trafic de drogue. Piégé, clairement victime d’un coup monté, « au mauvais endroit au mauvais moment ».

Transactions et manipulations

En France, Carole sa mère (jouée par Alexandra Lamy) est bouleversée, désespérée, perdue. D’abord confiante, elle suit les conseils du Quai d’Orsay, « Restez très discrète », et pense que les choses vont s’arranger par voie diplomatique. Mais après le procès truqué de son fils, condamné à mort, elle décide de médiatiser l’affaire, se sentant abandonnée par l’Etat français. Elle fait des allers-retours, se démène, jusqu’à un rendez-vous surréaliste lors d’une partie de chasse avec un lobbyiste qui la charge d’influencer une députée écolo… Prise dans un engrenage, des transactions, chantages et manipulations qui la dépassent, alors qu’elle ne veut que sauver son fils.

Comme le personnage de Martin, Edouard Bergeon veut « éveiller les consciences » sur la déforestation industrielle, le massacre de la forêt primaire, la réquisition illégale de terres transformées en palmeraies géantes, l’exploitation sauvage de l’huile de palme, « le sang de l’Indonésie ». Adepte d’un « cinéma du réel, engagé », c’est en Thaïlande qu’il a tourné cette fiction où il évoque un désastre environnemental, le commerce international et la géopolitique, les jeux diplomatiques et politiques, la corruption et le lobbying… Un thriller écologique, certes, mais qui manque de rythme et s’étale en longueur : « Quand on veut changer le monde, le monde ne se laisse pas faire ».

Patrick TARDIT

« La promesse verte », un film de Edouard Bergeon, avec Alexandra Lamy et Félix Moati (sortie le 27 mars)

Alexandra Lamy joue une mère bouleversée, désespérée, perdue, par l’emprisonnement et la condamnation en Indonésie de son fils Martin, interprété par Félix Moati.
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