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Merci patron !

Javier Bardem incarne un boss cynique dans « El Buen Patron », réjouissante tragicomédie de Fernando Leon de Aranoa, succès du cinéma espagnol.

L’apparent si bon patron, qu’incarne impeccablement Javier Bardem, est en fait cynique, manipulateur, amoral, menteur, égoïste…
L’apparent si bon patron, qu’incarne impeccablement Javier Bardem, est en fait cynique, manipulateur, amoral, menteur, égoïste…

Présenté au printemps lors des Rencontres du Cinéma de Gérardmer, le film de Fernando Leon de Aranoa « El Buen Patron » (sortie le 22 juin) avait auparavant reçu six Goya, les récompenses du cinéma espagnol, dont meilleur film, meilleur réalisateur, meilleur scénario… et meilleur acteur pour Javier Bardem, qui incarne avec jubilation le soi-disant bon patron du titre. Blanco se présente comme un patron à l’ancienne, proche et apprécié de ses employés, dirigeant avec fermeté la fabrique familiale de balances, dont la devise est affichée en grandes lettres sur les murs des ateliers : « Effort, équilibre, fidélité ».

Le film fait le récit, jour par jour, d’une dure semaine pour le boss. Redresser chaque jour la balance déréglée à l’entrée de l’usine est certes agaçant, mais le moindre de ses emmerdes du moment. Son esprit est ainsi très occupé par un concours régional dont son entreprise est finaliste ; il se voit déjà accrocher le trophée à sa place réservée, au milieu de sa collection bien dotée. Premier grain de sable, ce salarié licencié qui fait scandale en plein discours paternaliste du patron, vantant alors l’entreprise comme « une grande famille ». Désespéré, le nouveau chômeur se montre très récalcitrant, campe devant l’entrée, manifeste, brandit des banderoles… ce qui fait désordre alors qu’on guette la visite de la commission chargée d’attribuer le fameux prix.

Une vision personnelle de la justice

Sollicité par un vieil et fidèle employé, Blanco fait sortir de garde à vue le fils de celui-ci, accusé d’une agression nocturne. Et puis il faut aussi s’occuper de cet ancien collaborateur, « ami » d’enfance, responsable de la production qui néglige son travail depuis qu’il sait que sa femme le trompe. Son inattention perturbe la marche de l’entreprise, c’est pas bon non plus ça. Enfin, il y a cette nouvelle stagiaire (Almudena Amor), jeune et jolie, qui va prouver que le mantra répétitif du boss, la fidélité, est applicable aux autres mais pas à lui-même.

Estimant qu’il faut parfois truquer la balance pour qu’elle soit exacte, Blanco joue de son autorité, de son charisme, pour tout diriger grâce à de discrètes manigances, jusqu’à la vie privée ses employés, si c’est pour le bien de sa boîte. L’apparent si bon patron, qu’incarne impeccablement Javier Bardem, a une vision bien personnelle de la justice ; en fait il est cynique, manipulateur, amoral, menteur, égoïste… Satire sociale, qui ne fait pourtant que décrire le monde du travail, « El Buen Patron » est une réjouissante tragicomédie, surtout lorsqu’enfin le manipulateur est manipulé à son tour.

Patrick TARDIT

« El Buen Patron », un film de Fernando Leon de Aranoa, avec Javier Bardem (sortie le 22 juin).

Le boss dirige avec fermeté la fabrique familiale de balances, dont la devise est affichée en grandes lettres sur les murs des ateliers.
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