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« Flag Day », la fille à son père

Dylan Penn tient un premier grand rôle intense dans ce film réalisé par son paternel, Sean Penn. Une mélancolique tragédie familiale.

Dans l’Amérique des années 1970-1990, l’histoire d’un rendez-vous raté entre un père et sa fille, incarnés par Sean Penn et sa fille Dylan.

« C’est compliqué de tourner avec sa famille, on ne sait pas si ça va être fabuleux ou désastreux ; j’ai demandé à ma mère si je devais faire le film et elle m’a dit oui », confiait la ravissante Dylan Penn au Festival de Deauville, où elle recevait le Prix du Nouvel Hollywood. Fille des acteurs Robin Wright et Sean Penn, Dylan incarne l’héroïne de « Flag Day » (sortie le 29 septembre), film réalisé par papa Sean, qui y joue son père, et dans lequel apparait également Hopper Jack Penn, frère de Dylan… qui y joue son frère.

Présenté au Festival de Cannes avant de l’être à Deauville, « Flag Day » est une véritable affaire de famille, qui raconte justement une histoire de famille, celle de la journaliste Jennifer Vogel et de son père, qu’elle avait raconté dans un roman, « Flim-Flam Man ». « J’avais lu le livre à quinze ans sans imaginer qu’un jour je jouerai son personnage », ajoutait Dylan Penn, jolie blonde aux yeux bleus qui a été mannequin avant actrice.

« Sean Penn travaille comme ces écrivains qui visitent l’histoire de leur pays et une certaine histoire de l’Amérique ; il y a quelque chose d’incroyablement fort dans ce rapport à l’Amérique, ce grand Americana », disait Thierry Frémaux, délégué général du Festival de Cannes, avant la projection du film à Deauville. C’est effectivement un peu de l’Amérique que l’acteur (oscarisé pour « Harvey Milk » et « Mystic River ») raconte dans les films qu’il réalise (« The Indian Runner », « The Pledge », « Into the wild »…), « Flag Day » étant le premier dans lequel il joue aussi.

Un affabulateur qui croit à ses mensonges

Il y est ainsi ce père, né le Flag Day, jour du drapeau et célébration nationale, qui entraîne ses enfants dans son rêve d’une vie facile, meilleure, et joyeuse. Un père forcément attirant pour les enfants, bien moins pour les adultes qui partagent sa vie. Un père qui apparait et disparait, un affabulateur qui semble croire à ses propres mensonges, un escroc flamboyant qui a l’habitude de brûler ses maisons avant de les quitter. Un père fantasque mais désespérant, y compris pour sa propre fille.

Fuyant une vie sinistre chez une mère alcoolique, Jennifer gardait le souvenir d’un été idyllique avec son père, comme des vacances dorées, une parenthèse enchantée avant un dur retour à la réalité. Ado, elle fait la route, cède à ses errances, avant de choisir de s’en sortir seule, de faire son propre chemin, de devenir journaliste, « pour laisser une trace ». Auparavant, la jeune fille aura tenté de vivre avec son père, qui cache maladroitement son jeu ; braqueur de banques, faux-monnayeur, il passe forcément par la case prison.

C’est dans l’Amérique des années 1970-1990 que se déroule ce récit, dont la relation père-fille est le fil rouge. Une relation électrique, comme un rendez-vous raté pour toujours. Que père et fille soient incarnés par un père et sa fille donne de l’ampleur à cette mélancolique tragédie familiale. Sean Penn joue un homme brisé comme il sait les faire et, dans son premier grand rôle, Dylan Penn offre intensité et présence à cette jeune femme qui a décidé d’avancer dans la vie, malgré tout.

Patrick TARDIT

« Flag Day », un film de Sean Penn, avec Dylan Penn (sortie le 29 septembre).

À lire également, un article de Henri Jousse, qui liste tous les morceaux présents dans l’excellente bande originale du film

Dylan Penn, qui a reçu le Prix du Nouvel Hollywood au Festival de Deauville, offre intensité et présence à cette jeune femme qui a décidé d’avancer dans la vie.
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