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« Wardi », la vie au camp

Le film d’animation de Mats Grorud est un conte émouvant pour petits et grands, qui évoque le sort des réfugiés palestiniens au Liban.

Un film d’animation dont le récit est tout aussi instructif pour les adultes.
Un film d’animation dont le récit est tout aussi instructif pour les adultes.

Wardi est une gamine de onze ans, qui n’a que pour seuls univers l’école de Beyrouth où elle va, et le camp de réfugiés où elle est née et où survit sa famille. Présenté au Festival du Film Arabe de Fameck, « Wardi » (en salles depuis le 27 février) est un film réalisé par Mats Grorud, qui évoque à sa façon, originale, le conflit israélo-palestinien. Ce long-métrage mélange à la fois l’animation traditionnelle, dessinée, et le stop-motion, avec des marionnettes, mais il n’est pas forcément destiné aux enfants, et ce récit émouvant est tout aussi instructif pour les adultes.

Lorsqu’il était enfant, la mère de ce réalisateur norvégien était infirmière dans des camps de réfugiés au Liban ; étudiant, Mats Grorud a donné des cours d’anglais et d’animation dans le camp libanais de Burj El Barajneh, où il a recueilli des témoignages d’exilés palestiniens, qui ont fourni la matière première de son film. Et son décor également, avec ce camp établi sur un espace réduit, et construit à la verticale, avec des tours, faites de bric et de broc, qui montent toujours plus haut, limitant l’air et la lumière.

Un récit sur plusieurs générations

Wardi est proche de son arrière-grand-père, Sidi, qui lui dit « Tu es mon espoir », en lui confiant une clé qu’il portait jusqu’alors à son cou. C’est la clé de la maison familiale quittée là-bas, en Galilée, lorsque 700.000 Palestiniens furent expulsés de leur village, de leur pays, en 1948, n’emportant avec eux que le minimum et quelques graines.

Depuis soixante-dix ans, ces familles sont bloquées, ghettoïsées dans Beyrouth. Wardi la curieuse fait raconter l’histoire familiale, un récit sur plusieurs générations, ceux qui ont dû quitter la Palestine, qui ont grandi, vieilli, au Liban, ceux qui y sont nés comme elle et ne connaissent donc rien de la Palestine, sinon une vision fantasmée par les souvenirs des aînés, qui ont conservé longtemps l’espoir vain d’y retourner, de rentrer chez eux.

Au camp, il n’y a pas de passé, pas d’avenir, pour cette grande sœur qui va partir se marier en Suède, pour le vieux « pigeon boy » qui élève des pigeons en haut d’une tour, ni même pour Wardi. C’est donc sous la forme d’un conte pour petits et grands que Mats Grorud raconte cette histoire, avec de la tendresse et de la chaleur, à travers le regard et le sourire d’une enfant.

Patrick TARDIT

« Wardi », un film d’animation de Mats Grorud (en salles depuis le 27 février).

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