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Jours de fête à « Budapest »

« C’est très régressif comme humour », admet le réalisateur Xavier Gens, qui a dirigé Manu Payet, Jonathan Cohen et Monsieur Poulpe, dans une comédie festive.

Au programme : fêtes, filles, alcool, et excès en tous genres.
Au programme : fêtes, filles, alcool, et excès en tous genres.

Budapest, c’est comme Las Vegas : ce qui se passe là-bas reste là-bas. Surtout quand une bande de mecs en virée y va pour faire la fête, des trucs dont ils pourraient avoir honte plus tard, et sans être vus de leurs copines, compagnes ou épouses. Il y a de ça dans le film de Xavier Gens qui porte le nom de la capitale hongroise, « Budapest » (sortie le 27 juin), et qui est inspiré « d’une histoire vraie ». Manu Payet et Jonathan Cohen y incarnent deux amis d’enfance, jeunes cadres brillants qui en ont eu marre d’être des « boursiers », et ont créé « une agence de voyages un peu folle » : Crazy EVG, spécialisée dans l’enterrement de vie de garçon, et qui propose désormais « 75 destinations et 5000 activités ».

« Quand j’ai lu le script, j’ai trouvé que c’était tellement bien écrit, je me suis tellement marré, que j’avais envie de le faire », confiait Xavier Gens, lors du dernier Festival du Film Fantastique de Gérardmer. Car le réalisateur est un habitué du festival vosgien, et plutôt étiqueté film de genre ; il y a ainsi présenté « Frontière(s) », « Hitman », « The Divide » par le passé, ainsi que « Cold Skin » en janvier (inédit en salles). L’aventure d’un scientifique en expédition sur une île isolée d’Antarctique, entourée d’une meute de créatures amphibies qui ne lui veulent pas du bien.

Une success-story française

« J’ai fait un cinéma très référencé jusqu’à présent, c’est marrant de passer d’un univers comme Cold Skin à Budapest, c’est une approche totalement différente, et ça me permet de faire quelque chose de nouveau », dit Xavier Gens, qui a été contacté par les producteurs pour tourner sa première comédie. « C’est un genre auquel je ne me suis jamais vraiment frotté, c’est très régressif comme humour, mais c’est un humour complétement assumé que j’aime beaucoup », précise le réalisateur, « C’est une nouvelle expérience pour moi, je suis très content de ce qu’on a fait et du travail avec les comédiens, qui ont été d’une générosité exemplaire ».

« C’est une très bonne idée des producteurs », dit de son côté Manu Payet, venu présenter le film en avant-première à l’UGC Ciné-Cité de Strasbourg, avec ses compères Jonathan Cohen et Monsieur Poulpe. Co-auteur du scénario avec Simon Moutaïrou, Manu Payet devait aussi réaliser « Budapest ». « Je me suis rendu compte que je n’allais pas pouvoir le faire parce que j’étais en tournée avec le spectacle, et que c’était un film qui avait besoin, pas uniquement de son acteur-réalisateur, mais d’un point de vue et d’un filmage particulier, qui accompagne bien à la fois le voyage, le côté festif, et l’exotisme », dit-il, « Xavier Gens est arrivé très vite avec des idées, un look visuel, qui allaient bien avec comment on avait envie de raconter le film ».

L’idée du film est venue de Simon Moutaïrou : « Il a fait HEC avec les deux vrais mecs de Crazy EVG, et s’est dit que ce serait bien de raconter leur histoire », précise Manu Payet, « J’ai trouvé que c’était une bonne idée de faire une comédie sur une success-story française, c’est un vrai business. Ces deux mecs ont un peu créé un monstre, ils ont tout prévu, les activités sont folles, les gens sont bien accueillis… Mails il a fallu qu’ils revoient un peu leur idée, parce que ça partait en vrille… ».

Un peu de raison féminine

Xavier Gens : "La comédie est une nouvelle expérience pour moi".
Xavier Gens : « La comédie est une nouvelle expérience pour moi ».

« Tout existe vraiment », assure Monsieur Poulpe, en évoquant les « activités » festives proposées sur place, des trucs pas dans les guides, « du hors-piste » : conduire des tanks, tirer à la kalachnikov… Cheveux filasses, 48 tatouages, mini-short, le comédien incarne Georgio, le contact sur place des gentils organisateurs : « J’ai rencontré le fameux Georgio, heureusement il n’est pas comme dans le film, mais il a l’air quand même un peu dangereux, du coup je ne faisais pas le malin », assure Monsieur Poulpe.

Fête, filles, alcool, drogue, excès en tous genres, délires et dérapages, il y a dans « Budapest » un côté « Very bad trip », film qui raconte aussi un enterrement de vie de garçons, à Las Vegas. « On a essayé justement de ne pas trop y ressembler, de ne pas proposer la même chose que ce qu’avaient très bien fait les Américains », dit Manu Payet. Ainsi, les deux personnages féminins, les compagnes respectives jouées par Alix Poisson et Alice Belaïdi, viennent ramener un peu de raison : « Dès le départ, on a insisté pour que les filles soient vraiment présentes, et on a profité du fait d’avoir deux actrices formidables pour leur donner une partition qui soit digne de leur talent, ça aurait été trop facile de tomber dans l’écueil de juste deux gars qui font la fête », estime Manu Payet.

« Le film parle de l’ego dans le couple »

« L’idée c’était de faire un film sur une réussite française dans un milieu hyper-dangereux quand on est en couple. Le film parle vachement de l’ego dans le couple, de comment on devient adulte », ajoute Monsieur Poulpe. Un film avec des personnages qui veulent changer de vie, de métier, ce qu’ont déjà vécu les comédiens. « Au départ, j’ai vendu des encyclopédies au porte à porte », dit Manu Payet, qui a ensuite eu une autre vie à la radio. « Quand je faisais animal à Disney, je me suis dit qu’il fallait que je revoie un peu ma carrière », se marre Monsieur Poulpe, « Mais si j’arrêtais de faire ce métier, je ne saurais rien faire, je serai un gâchis pour la société, déjà que ce n’est pas brillant ». « J’étais commercial, je vendais des fenêtres, je gagnais très bien ma vie à vingt piges », raconte Jonathan Cohen, « A un moment donné le choix artistique est venu, c’était assez dur de choisir entre les deux puisqu’il y avait l’inconnu total et un truc rassurant, que je connaissais un peu. Du coup, j’ai fait ce choix-là, et je ne regrette pas, c’est un vrai choix de vie, quoi ».

Manu Payet et Jonathan Cohen avaient parfois avec eux sur le tournage les vrais créateurs de Crazy EVG qu’ils interprétent, tels des modèles vivants. « Au début, il y avait ce jeu-là, qui on joue en fait ? », raconte Jonathan Cohen, « Et puis, au final on est partis sur la relation qu’on a déjà, puisqu’on se connait depuis très longtemps avec Manu, sur notre amitié et ce rapport qu’on avait naturellement ».

Patrick TARDIT

« Budapest » , film de Xavier Gens, avec Manu Payet, Jonathan Cohen et Monsieur Poulpe (sortie le 27 juin).

Jonathan Cohen, Monsieur Poulpe et Manu Payet. "Les comédiens ont été d'une générosité exemplaire", estime le réalisateur.
Jonathan Cohen, Monsieur Poulpe et Manu Payet. « Les comédiens ont été d’une générosité exemplaire », estime le réalisateur.
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