Bruxelles temporise, les agriculteurs résistent, l’Amérique du Sud attend…
Bonne nouvelle pour les agriculteurs !
L’Italie refuse de signer l’accord Mercosur maintenant (« prématuré »).
✅La hyène n’a pas de majorité !
Lula menace de ne pas signer si l’UE tarde.
Rien n’est joué mais l’accord Mercosur semble tanguer. pic.twitter.com/N1rbDxKbpa— Philippe Murer 🇫🇷 (@PhilippeMurer) December 17, 2025
La signature de l’accord de libre-échange entre l’Union européenne et les pays du Mercosur est officiellement reportée au mois de janvier. Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne, en a informé les dirigeants des 27 États membres réunis à Bruxelles, jeudi 18 décembre, selon des sources diplomatiques confirmées par France Télévisions.
Derrière ce simple report technique se cache en réalité un affrontement à plusieurs niveaux : entre États européens, entre Bruxelles et les agriculteurs, mais aussi entre blocs géopolitiques, dans un contexte mondial de recomposition des alliances commerciales.
La Commission sous pression face aux divisions européennes
La Commission européenne, soutenue notamment par l’Allemagne et l’Espagne, souhaitait finaliser rapidement cet accord afin de sécuriser un partenariat stratégique avec l’Amérique du Sud. À l’inverse, la France et l’Italie continuent de bloquer le processus, jugeant que les garanties apportées aux filières agricoles et aux standards environnementaux restent insuffisantes.
Ursula von der Leyen espérait signer l’accord lors du sommet du Mercosur à Foz do Iguaçu, au Brésil. Mais faute de majorité qualifiée parmi les États membres, la cheffe de l’exécutif européen a dû renoncer. Cette incapacité à trancher souligne les fractures internes de l’Union européenne sur la question du libre-échange, particulièrement dans un contexte de crise agricole et de montée des contestations sociales.
L’agriculture, ligne de fracture majeure du traité
Pour les agriculteurs européens, l’accord UE-Mercosur représente une menace directe. Ils redoutent une concurrence accrue de produits sud-américains — notamment la viande bovine, le poulet, le sucre et le soja — produits à des coûts moindres et selon des normes sanitaires, sociales et environnementales jugées moins strictes.
À Bruxelles, les manifestants ont dénoncé un accord qu’ils estiment incompatible avec les exigences européennes en matière de traçabilité, de bien-être animal et de lutte contre la déforestation. « La mobilisation des agriculteurs a fait reculer la Commission », estime Patrick Bénézit, président de la Fédération nationale bovine (FNB). Mais il met en garde contre un simple jeu de calendrier : « Nous ne voulons pas qu’elle recule pour mieux sauter. »
Les syndicats agricoles réclament une renégociation en profondeur du texte, afin d’intégrer des clauses contraignantes garantissant une réelle réciprocité des normes. Un chantier jugé irréaliste à court terme, tant l’accord est le fruit de plus de vingt ans de négociations.
Un enjeu géopolitique stratégique pour l’Union européenne
Au-delà de l’agriculture, l’accord UE-Mercosur s’inscrit dans une bataille géopolitique plus large. Pour Bruxelles, il s’agit de renforcer ses liens économiques avec l’Amérique du Sud afin de sécuriser des approvisionnements stratégiques (matières premières agricoles, minerais critiques) et de contrebalancer l’influence croissante de la Chine dans la région.
Le Brésil de Lula, favorable à l’accord, y voit un moyen d’accroître ses exportations et de renforcer son ancrage international, tout en recherchant un partenariat politique avec l’Europe sur les questions climatiques. L’appel du président brésilien à la « patience », après un échange avec la Première ministre italienne Giorgia Meloni, illustre la volonté sud-américaine de préserver le dialogue, malgré les blocages européens.
La crédibilité européenne fragilisée
Ce report à janvier est perçu comme un revers pour la Commission européenne, qui peine à concilier ambition géopolitique et acceptabilité sociale. Il renforce aussi le scepticisme des partenaires du Mercosur, lassés par les hésitations européennes et tentés de se tourner davantage vers l’Asie ou les États-Unis.
Côté agricole, la FNSEA juge ce délai « insuffisant » et appelle à maintenir la pression. Les syndicats préviennent que la mobilisation pourrait s’intensifier si l’accord venait à être signé sans garanties supplémentaires.
À l’approche de janvier, l’Union européenne se retrouve donc face à un dilemme majeur : préserver ses filières agricoles et répondre à la colère du monde rural, ou assumer un choix stratégique en faveur du libre-échange et de son influence géopolitique. Un équilibre délicat, qui conditionnera non seulement l’avenir du Mercosur, mais aussi la crédibilité de l’Europe sur la scène internationale.
The farmers are 100% right:
❌ Green Deal = overregulation
❌ Mercosur agreement = unfair global competition
✅ It’s time to support our farmers and protect our families pic.twitter.com/vizwNuleAF— Orbán Viktor (@PM_ViktorOrban) December 18, 2025
On va importer sans droits de douane 99000 tonnes de ça ! Du bœuf engraissé, traité aux hormones, dans des usines de 100 000 bêtes, « sans un brin d’herbe » et qui va atterrir dans nos assiettes
Le Mercosur c’est ça 😩 pic.twitter.com/ZlR0953TKp— Camille Moscow 🇷🇺 🌿 ☦️ (@camille_moscow) December 18, 2025