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Dermatose nodulaire : des voix s’élèvent contre la stratégie du “dépeuplement”

Dans une lettre ouverte adressée à la ministre de l’Agriculture, Annie Genevard, Antoine Waechter, coprésident du Mouvement écologiste indépendant (MEI) avec Bruno Ladsous, plaide pour l’abandon du dépeuplement systématique des troupeaux au profit de mesures sanitaires jugées plus proportionnées.

Élevage dans la Somme (APictche, CC BY-SA 4.0, via Wikimedia Commons)
Élevage dans la Somme (APictche, CC BY-SA 4.0, via Wikimedia Commons)

Alors que la dermatose nodulaire bovine continue d’affecter des élevages sur le territoire, la réponse des pouvoirs publics fait débat. La politique dite de « dépeuplement », qui consiste à abattre l’ensemble d’un troupeau dès l’apparition de la maladie, est vivement contestée par plusieurs syndicats agricoles et responsables politiques.

Dans un courrier daté du 10 décembre 2025, adressé à la ministre de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire, Antoine Waechter appelle à une alternative qu’il estime plus respectueuse des éleveurs et des animaux. Il propose une stratégie reposant sur la mise en quarantaine stricte des troupeaux touchés, associée à une vaccination préventive.

Quarantaine et vaccination plutôt qu’abattage massif

Concrètement, le dispositif défendu prévoit le retrait des animaux malades, suivi d’un confinement total du troupeau pendant 40 jours, correspondant à la durée d’incubation du virus. Durant cette période, aucun animal ne pourrait être vendu ni envoyé au pâturage. Les restrictions seraient levées à l’issue de la quarantaine si aucun nouveau cas n’était détecté.

Les signataires rappellent que la dermatose nodulaire bovine ne présente aucun danger pour l’être humain et qu’elle ne provoque pas, en règle générale, la disparition totale des troupeaux. Si la mortalité peut varier selon les sources — de 1 % à 40 % des animaux infectés —, l’impact principal de la maladie reste la baisse de la production laitière.

Un impact humain, économique et environnemental

Selon Antoine Waechter, la stratégie actuelle du dépeuplement a des conséquences lourdes, bien au-delà de l’enjeu sanitaire. « Elle déstabilise psychologiquement des familles d’éleveurs, condamne des animaux sains et sape la motivation des producteurs laitiers », alors même que la filière est fragilisée par des rémunérations jugées insuffisantes.

L’élu écologiste souligne également les effets indirects sur l’environnement. La disparition d’un élevage conduit fréquemment à l’extension des cultures de maïs, au détriment des prairies permanentes, avec des conséquences sur la biodiversité, la qualité de l’eau et les paysages bocagers.

Un virus transmis au pâturage

Sur le plan sanitaire, le courrier rappelle que le principal vecteur de la maladie est le taon. Cet insecte, capable de parcourir de longues distances, ne pénètre pas dans les bâtiments d’élevage. Les contaminations ont donc lieu essentiellement au pâturage, ce qui concerne en priorité les exploitations familiales pratiquant l’élevage à l’herbe.

Appel à une approche globale

Au-delà des considérations techniques, les auteurs de la lettre appellent à une politique plus globale, intégrant les dimensions affectives et émotionnelles du métier d’éleveur, ainsi que le respect de l’animal. Ils estiment que la généralisation du dépeuplement menace une filière clé pour la transition agroécologique et la politique de l’herbe.

Antoine Waechter conclut en exprimant l’espoir d’une évolution des politiques publiques sous l’autorité de la ministre de l’Agriculture, afin de concilier impératifs sanitaires, viabilité économique des exploitations et respect du vivant.

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