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La France livre discrètement des armes à Israël malgré les appels à l’embargo

Un cargo israélien doit récupérer jeudi 14 tonnes de pièces pour mitrailleuses dans le port de Fos-sur-Mer, près de Marseille, révèle le média d’investigation Disclose. Cette livraison intervient alors que les experts de l’ONU appellent à cesser les ventes d’armes à Israël en raison du risque de génocide à Gaza.

Port de Marseille (Par Rama — Travail personnel, CC BY-SA 2.0 fr, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=6814435)
Port de Marseille (Par Rama — Travail personnel, CC BY-SA 2.0 fr)

Une cargaison secrète en partance pour Haïfa

Le navire Contship Era de la compagnie israélienne Zim est attendu ce jeudi 5 juin à 6 heures au port de Fos-sur-Mer. Sa mission : embarquer 19 palettes contenant 14 tonnes de pièces détachées pour fusils mitrailleurs, avant de repartir le soir même vers l’Italie puis Haïfa, en Israël.

Ces composants, appelés maillons, sont fabriqués à Marseille par l’entreprise française Eurolinks. Ils servent à relier les balles d’armes automatiques et ont été commandés par Israel Military Industries (IMI), filiale du géant de l’armement Elbit Systems, qui se présente comme « le fournisseur exclusif des forces israéliennes de défense ».

Trois expéditions depuis le début de l’année

Cette livraison constitue la troisième expédition de ce type entre la France et Israël depuis janvier 2025. Le 3 avril dernier, près de 20 tonnes de marchandises avaient déjà été expédiées vers IMI. Le 22 mai, c’est deux millions de maillons qui avaient pris la direction d’Israël, dont un million de M9 pour armes lourdes et un million de M27 compatibles avec la mitrailleuse Negev 5, utilisée par l’armée israélienne à Gaza.

Cette dernière arme a notamment été employée lors du « massacre de la farine » du 29 février 2024, où plus d’une centaine de civils palestiniens ont été tués près d’un convoi humanitaire.

Les dockers refusent de charger la marchandise

Face à ces révélations, le syndicat CGT des dockers de Fos-sur-Mer a annoncé que le conteneur d’Eurolinks avait été « mis de côté » et qu’ils ne le chargeraient pas sur le navire. « Les dockers et portuaires du Golfe de Fos ne participeront pas au génocide en cours orchestré par le gouvernement israélien« , précise leur communiqué.

Des versions contradictoires du gouvernement français

Ces livraisons s’inscrivent dans un contexte de polémique sur les exportations d’armes françaises vers Israël. En mars 2024, après les premières révélations sur ces expéditions, le ministre des Armées Sébastien Lecornu avait assuré que les maillons étaient destinés à la « réexportation » vers d’autres pays. Huit mois plus tard, il changeait de version, affirmant que les composants seraient « assemblés en Israël » avant de revenir en France.

Le conflit à Gaza a fait plus de 50 000 morts selon les sources palestiniennes, dont 15 000 enfants d’après l’Unicef. Les experts de l’ONU appellent à cesser les livraisons d’armes à Israël en raison du risque de génocide des Palestiniens.

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