Nicolas Sarkozy et trois anciens ministres doivent répondre d’accusation de corruption et de financement illégal de campagne présidentielle de 2007. L’ancien président risque dix ans de prison.
Des 13 prévenus appelés à comparaitre, il est arrivé le dernier au Tribunal Judiciaire de Paris. Des dizaines de caméras ont « shooté » son entrée dans la salle d’audience, après qu’il a salué d’une poignée de main les policiers chargés de la sécurité.
Il est très familier de ces lieux, l’ancien président : c’est son cinquième procès en l’espace de cinq ans.
Le teint halé, ayant visiblement bien profité de ses vacances aux Seychelles, Nicolas Sarkozy, 69 ans a l’air plutôt décontracté. Il affiche même un sourire quand il rejoint sur le banc des prévenus de vieilles connaissances, ses anciens ministres Brice Hortefeux, Claude Guéant ou encore Eric Woerth.
Ziad Takieddine parmi les absents
Tous ou presque sont présents au premier jour de ce procès marathon qui doit durer jusqu’au 10 avril prochain. Ils doivent répondre d’accusations de financement illégal de la campagne présidentielle de 2007 par la Libye de Mouammar Kadhafi.
Grands absents de ce procès deux hommes d’affaires saoudiens ainsi que le Libyen Bechir Saleh, ancien bras droit de Kadhafi, et surtout l’intermédiaire libanais Ziad Takieddine, tous deux visés par un mandat d’arrêt international.
Ce procès est l’un des plus importants et des plus inédits de l’année judiciaire en France. La salle d’audience est pleine à craquer. Toute la presse française mais aussi étrangère est au rendez-vous. Dans le public se sont rassemblés les nombreux soutiens des prévenus comme le frère de l’ex-président, Guillaume Sarkozy.
Les prévenus appelés à la barre
D’un ton calme et posé, la présidente Nathalie Gavarino, la même qui a jugé l’affaire Fillon, appelle les prévenus à la barre un par un. Sur les 13 renvoyés, seuls 8 se sont présentés hier après-midi. En plus des 3 anciens ministres, on trouve l’intermédiaire Alexandre Djourhi, l’ancien cadre d’Airbus Edouard Ullmo ou encore Thierry Gaubert, un proche de Nicolas Sarkozy.
A l’énoncé de son nom, l’air grave, l’ancien président s’avance lentement vers la barre dans son costume bleu marine. « Profession ? », lui demande la présidente. « Avocat. » Situation familiale ? « Je suis marié. » De nationalité française ? « Ma femme ? » Non, vous. « Ah oui », Légers rires dans la salle.
Dix ans de prison encourus
S’ensuivent les débats autour de la QPC (Question prioritaire de constitutionnalité) soulevée par les avocats de Nicolas Sarkozy et de Brice Hortefeux. Pour eux ce tribunal est incompétent : leurs clients devraient être jugés par la Cour de Justice de la République.
Jugé pour corruption, recel de détournement de fonds publics, financement illégal de campagne et association de malfaiteurs, Nicolas Sarkozy encourt dix ans de prison et 375 000 euros d’amende, ainsi qu’une privation des droits civiques (donc une inéligibilité) allant jusqu’à cinq ans.
Suspendus à 19h15 les débats devraient reprendre mercredi prochain.
Frédéric Crotta