Notre planète Terre, Gaïa chez les Grecs, considérée comme un être vivant, correspond régulièrement avec une autre planète de l’univers, Aurore Kepler 452 b dans la constellation du Cygne. Gilles Voydeville nous fait découvrir cette magnifique correspondance interstellaire. Aujourd’hui, Gaïa épingle les média, se désole de l’état de la France et revient sur l’effroyable dictature Assad en Syrie.
Par Gilles Voydeville
Lettre du mois de décembre 2024 sur Gaïa
Lettre du mois de la glaçure des eaux serpentines sur Kepler
Ma très chère Aurore,
L’Hiver
Il commence à faire froid sur mon Hémisphère Nord. Sur les mornes plaines qui ne peuvent arrêter leurs bourrasques, les aquilons font des blizzards qui hurlent que le vent mauvais est de retour. Du septentrion, ils descendent pour froidir leurs quartiers préférés qui sont les masures des pauvres. Ils s’immiscent par les fenêtres cagneuses, rentrent sous les portes branlantes et balancent les lustres blafards qui projettent alentour des ombres transies, laissant croire que les fantômes aussi ont pris froid. Ah, ma très chère amie, il ne fait pas bon subir mes hivers quand la demeure est chiche et le bois rare. Les corps y grelottent et les esprits ne s’éveillent qu’à demi pour s’épargner un reste de vie.
Ma biodiversité menace de s’éteindre
Au dehors le gel guette l’imprudent qui s’y attarde. Mes animaux s’enfouissent dans leurs terriers, se terrent sous les branchages dénudés. Mes oiseaux calfeutrent leurs nids des duvets qu’ils leur restent. Mes poissons nagent à demi sous la glace. Mes fleurs sont fanées, flétries, moribondes et toutes ne reverront pas le printemps. Mes arbustes tremblent et craignent pour leur petit cœur. Mes arbres perdent leurs dernières parures et font de noirs calvaires qui se détachent sur un horizon gris comme une pierre à fusil. Bref, quand la douceur s’en va, que se couvre le ciel et que vient le gel, ma nature s’alanguit et épargne sa vigueur pour ne pas succomber. Elle se fige en une modeste posture, toute faite de roideur et d’attente.
Ah ! Ces hivers me glacent et je compatis avec tes sixpèdes argentés. Devoir migrer vers le nord pour éviter un dépeçage fait plus que trembler. De la part de tes chéris Ovoïdes, une telle prédation me surprend. Alors que comme tu le sais, sur ma terre c’est depuis longtemps la façon de Charmant. Son comportement le plus fréquent, le plus habituel, le plus naturel, le plus impuni, le mieux excusé. Le toujours pardonné. Un comportement ordinaire pour subvenir à ses besoins. Exploiter les autres espèces sans oublier d’abuser de ses frères et de ses sœurs. Ma biodiversité menace de s’éteindre et Charmant le sait. Mais il ne veut pas comprendre que rompre l’équilibre de ma nature finira par l’emporter. Demain sera déjà trop tard.
Les journalistes
Mes élections américaines ont tant surpris ma planète que tu t’es ma chère Aurore posée des questions sur la qualité de leurs media. La plupart des lecteurs du monde entier n’ont découvert la vérité qu’au dépouillement des bulletins qui contredisait les prévisions de la presse.
Les journalistes avaient-ils bien rendu compte de l’état profond de l’Amérique ? Comment avaient-ils pu ignorer tant de ressentiment ? Quel biais avaient-ils utilisé pour croire en la victoire du candidat démocrate ? Les sondeurs n’avaient-ils pas confondus les échos ? En fait le candidat républicain heurte tant la raison, le respect, la justice, le bon goût que la gent de l’information ne pouvait croire que ses valeurs grossières triompheraient encore sur une équipe policée, civilisée et respectueuse. Alors que l’Amérique profonde sait que le bison à la folle crinière va la sauver, car il sait lui parler en faisant comme s’il était à sa place. La classe moyenne se réjouit que les valeurs des élites soient moquées par un milliardaire qui comprend son désarroi. J’ai de plus en plus l’impression que tous ces journalistes ne veulent pas voir cette âme ordinaire que partage l’humanité et qui s’exprime dans le secret du parloir. Mais cacher le serpent sous le tapis ne retarde que la morsure.
Quand on lui demandait comment pouvait-il si bien croquer son Beauf, Cabu (journaliste assassiné à Charlie Hebdo) avouait qu’il retrouvait ce personnage en lui-même les jours où il ne se surveillait pas… Donc pour preuve les journalistes se surveillent. Mais beaucoup ont oublié que chaque électeur ne le fait pas. Si fait qu’ils n’ont pas voulu voir – et ce pour la seconde fois – qu’un Beauf grandeur nature allait gouverner leur pays. Tout ça leur revient en pleine figure quand l’animal est élu. Et là les media suffoquent car ils savent que la suffisance va rappliquer à toute allure, la grossièreté se vautrer dans le salon ovale, la beaufitude se prélasser dans des fauteuils illustres en écoutant des courtisans. Le seul espoir qui reste à ces élites est que quelques malins se fassent passer pour des goujats plus vrais que nature et trompent le président par un jeu subtil pour rétablir des valeurs ordinaires.
Les grands média et la CIA
Ma chère Aurore pour comble je viens d’apprendre l’existence d’un conflit d’intérêt majeur dans ce monde de l’information. C’est le résultat d’une enquête menée par un journal indépendant et très critique de tout pouvoir : Mediapart. Cette enquête vient de révéler qu’un monument du journalisme international, l’OCCRP (Organized Crime and Corruption Reporting Project) qui alimente depuis quinze ans les plus réputés quotidiens de ma planète (The New York Times, Le Monde, The Guardian, Der Spiegel, etc..) avait été fondé par un militaire et qui plus était haut fonctionnaire américain… Et j’apprends que cette organisation est financée à moitié par le gouvernement étatsunien qui a un droit de véto sur tous les articles. Ainsi l’OCCRP ne peut enquêter sur les scandales étatsuniens car ses financements lui sont fournis pour enquêter sur les ennemis de l’Amérique. La CIA n’est pas loin.
Pour ceux qui croyaient encore à l’indépendance de l’information, ça s’appelle une douche froide … Et bien malheureusement cela donne de la valeur aux critiques de l’Ours Brun, du Bison échevelé et de tous ces hommes politiques qui haïssent les journalistes parce qu’ils pensent toujours qu’ils sont les suppôts de leurs ennemis. Cela fait froid sur les pôles de comprendre que rien n’échappe au pouvoir de l’Empire Américain. Mais si l’on y réfléchit bien, un empire de quelque bord qu’il soit n’a qu’un but, celui de se perpétuer.
La France au bord de l’abîme
Ah, ma très chère Aurore, un autre sujet d’instabilité c’est celui de ma France qui se délite dans une tripartition de ses désirs. On reproche à son président d’avoir, par une dissolution inutile de l’Assemblée Nationale, fait émerger une malsaine trinité qui ne peut dégager une majorité. D’habitude les caciques se lamentent de l’affrontement de deux blocs qui font friser les guerres civiles. Mais d’un duel sort toujours un vainqueur et un vaincu, tandis que d’un combat entre trois belligérants, il y a toujours deux contre un et un contre deux selon le gré du temps. Et pas toujours les mêmes, si fait que dans cette lutte inégale et changeante, il n’y a pas de vainqueur mais bien trois vaincus. Ce triangle me rappelle celui de la Sainte Trinité qui a questionné les peuples chrétiens depuis fort longtemps ? Ce mystère religieux n’étant toujours pas élucidé, je souhaite aux Charmants politiques plus de succès.
« Mektoub, c’était écrit »
Donc pourquoi devrait-on reprocher à ce président ce qu’il vient de faire après avoir tant admiré ce qu’il avait fait. A-t-il changé ou n’est-ce pas plutôt la continuité de l’expression de sa personnalité et des méandres de son raisonnement qui aboutissent au résultat honni ? « Mektoub » disent les Arabes en leur langue fataliste : « c’était écrit ». Ce mot traduit la force du destin qui se cachait sous des prémices prometteuses. Puisque c’était déjà inscrit dans ses gênes. Dans les actions politiques, des décisions décevantes sont faciles à voir et des débuts prometteurs ne peuvent qu’en aggraver le contraste. Elles échappent au sens commun et ne sont pas comprises comme cohérentes alors que personne ne le sait tant que la partie est en cours. Car elles émanent d’un cerveau très organisé. Il ne faut pas se poser la question du comment en est-il arrivé là, mais plutôt comprendre que ses qualités et ses défauts annonçaient la suite. Et qu’il faut parfois donner du temps au temps…
En vérité, ma très chère Aurore, je pense qu’il ne faut pas les mêmes atouts pour accéder au pouvoir que pour s’y maintenir avec succès.
La prise du pouvoir nécessite de l’audace, du culot, de l’intuition, du charisme, de la dissimulation, de l’innovation, un peu de cynisme, une grande détermination pour incarner le changement et bénéficier ainsi de la lassitude provoquée par le prédécesseur. Pour soulever l’enthousiasme le candidat doit faire rêver, donner de l’espoir à chaque couche de la société. Pour fédérer les foules dans une adulation de sa personnalité, il ne peut pas éviter de se prendre au jeu du surhomme qu’il tâche d’incarner.
Quant à l’exercice du pouvoir, il nécessite d’autres atouts : de l’écoute pour comprendre, de la patience pour convaincre, de l’empathie pour fédérer, de la modestie pour se faire accepter. Et bien sûr de la persuasion pour apaiser, de l’humilité pour avancer, du respect pour trouver un consensus. De l’intérêt pour le talent des autres permet de saisir d’autres facettes d’un problème. Et une capacité à déléguer me semble être l’indispensable organigramme pour soutenir le poids du pouvoir qui fera ployer le plus solide des Atlantes.
Les deux nécessitent quand même des qualités communes, en particulier la psychologie. Pour saisir celle de ses adversaires et déjouer leurs ruses pour confisquer des suffrages. Pour ensuite comprendre le sens de l’histoire – qui est en vérité un courant invisible qui traverse un peuple – et perdurer au sommet. Un autre atout c’est le talent littéraire – voire oratoire – qui chez le candidat doit permettre de promouvoir les idées, et chez le président de promulguer les lois.
Mais je pense que la conquête et la conservation du pouvoir obligent deux personnalités assez différentes, parfois antinomiques. Alors que le comportement du peuple est toujours le même : après les réjouissances, la déception. Car il n’en n’obtient jamais assez. J’ai vraiment l’impression que l’homme politique parfait qui saisit l’occasion pour prendre le pouvoir et puis sait gouverner avec diligence sur la durée, ne naît pas plus d’une fois par siècle. Et ce dans aucun pays.
Des milliard de milliards de neurones
Ma très chère Aurore, j’ai quand même le sentiment que la capacité limitée de la boîte crânienne des grands politiques est responsable de leur inaptitude à comprendre leurs semblables. Quand je dis limitée, je pense mesurée. Elle ne peut dépasser une certaine taille, un certain poids sous peine de n’être plus supportée par un frêle rachis cervical. Et quand son possesseur est doté de milliards de milliards de neurones d’enregistrement et de raisonnement, il n’y a plus de place pour les autres, ces fameux neurones miroirs de l’empathie… De là à penser que les Charmants très intelligents ont moins de souci de leur prochain, il n’y a qu’un pas que je me garderai bien de franchir pour ne pas risquer de me les mettre à dos…
Excercer le pouvoir avec talent
Bref revenons à ceux qui ont su en France prendre le pouvoir et puis l’exercer avec talent : je dirais qu’ils sont déjà au nombre quatre ou cinq : Clovis, Henri IV, Louis XIV, peut-être Napoléon qui a mal fini en exil à Saint Hélène et le Général de Gaule. Ces hommes se sont servis des circonstances et les circonstances les ont servis. Clovis était un polythéiste germanique qui a assis son pouvoir sur les Francs par son baptême. Henri IV a su trouver une solution à une épouvantable guerre de religion. Louis XIV a eu un peu moins de mérite car il était désigné héritier royal, mais la Fronde fut une épreuve qui aurait pu lui ravir le pouvoir et l’a déterminé pour la suite. Napoléon est parti d’un village corse pour fonder un empire qui a rayonné, mais sa chute fut provoquée par l’ennemi anglais. Le Général est pari de peu et a su s’en aller.
Et si l’actuel président des Français a commis un coup d’anthologie pour prendre démocratiquement le pouvoir en quelques mois – sans avoir jamais été élu au moindre mandat auparavant – il devra donner la preuve de son appartenance à la cour des grands en réussissant maintenant là où plus personne ne voit le bout du tunnel. À part lui-même évidemment. La « vista » disent les Italiens, c’est voir avant les autres et gagner par bonne anticipation.
La Syrie
Mon Moyen Orient est vraiment une terre de massacres.
Un dirigeant au long cou emmanché d’une épingle vient de s’enfuir de son pays. C’est la fin d’une dynastie peu glorieuse qui avait pris pour habitude de torturer son peuple au gré de ses caprices et de son humeur. Une famille maudite vérolée par l’argent et le plaisir de saccager la chair. Une famille avec des principes édictant qu’un bon gaz vaut mieux qu’une mauvaise discussion, qu’une abominable correction est plus efficace qu’une triste reconnaissance et qu’une délectable torture distrait mieux qu’un long procès. Tels étaient les préceptes de ce régime qui ne se refusait rien pour avilir son peuple, une des pires dynasties que mes charmants petits humanoïdes aient générée.
Comment peut-on en arriver à tant de cruauté ? Comment, après avoir été formé pour soigner – le Charmant au long cou a étudié l’ophtalmologie – un humanoïde a-t-il pu atteindre ce stade de cruauté, d’ignominie et de satanisme ? Quelque chose m’échappe dans cette affaire et pourtant j’en ai déjà vu dans ma longue vie de rondes autour de mon astre qui se lamente lui aussi à sa façon par des éruptions disruptives.
Règner par la terreur
Auparavant, ma charmante humanité m’avait déjà surprise par sa facilité à pratiquer l’extermination de ses voisins gênants, de ses minorités religieuses et de ses semblables qu’elle qualifiait de races inférieures. Mais là, cette exécrable engeance avec des raffinements sadiques a fait le pire avec les siens : pister, arrêter, rouer, découper, accrocher, recommencer, étouffer, pendre, fusiller et enfin dissoudre ce qui reste des corps suppliciés dans l’acide. Tout cela pour faire régner la terreur dans son peuple et pouvoir déguster un thé sans craindre que la livraison des parures de bijoux de son épouse ne soit interrompue par une quelconque manifestation hostile.
Pour caractériser le Mal, mes Charmants font toujours appel à une de leurs philosophes, Anah Arendt. Elle a qualifié de banal le mal des crimes des dignitaires nazis. Effectivement ne rien se refuser dans l’abus est somme toute banal – manifestation d’un égoïsme banal, d’un désir banal, d’une vengeance banale, d’une cruauté banale – mais laisser ses rêves se concentrer sur la jouissance de la souffrance de ses frères l’est moins. Comment cette tête pouvait-elle avoir des pensées agréables, des projets sensés, embrasser ses enfants, faire l’amour, s’endormir le cœur léger et ne pas immédiatement avoir l’esprit brouillé par les remords, la honte, l’angoisse, la certitude de la vengeance divine et plus encore humaine ? Comme nous le rappelle le tragédien Eschyle dans l’Orestie, cela existe depuis l’antiquité. Comment font ces familles pour survivre avec ce qu’elles ont fait ? Elles en rajoutent…
Les familles maudites
Moi quand j’essaye de comprendre l’essence du Mal, je le vois comme une engeance qui s’insinue au gré des circonstances et qui a la particularité de s’étendre de son propre chef. Cela commence par un crime impuni qui encourage le fauteur à en commettre d’autres. Il recommence par facilité, par opportunité, pour se conforter au pouvoir. Mon auteur Jonhatan Little dans « Les Bienveillantes » démontre que tout un chacun peut au gré des circonstances devenir un nazi. Le fauteur instille le Mal qui lui s’installe. Et une fois que le Mal est là, il s’autoentretient et doit progresser par lui-même car il ne peut se justifier par la morale ou la raison. Sa perpétuation ne repose jamais sur le droit. Il ne peut donc régner que par la terreur qui est la branche diplomatique de sa substance.
Les familles maudites me semblent effectivement banales. Elles possèdent une base génétique de principes moraux inexistants mais ça n’est pas si rare au sein de ma charmante population. C’est plutôt l’ambition et l’occasion qui favorise leur prise du pouvoir par tous moyens utiles et leur génétique qui leur permet de poursuivre les exactions et d’accabler leurs semblables. Il est plus facile de supprimer ses adversaires que de les convaincre. Le meurtre doit être le plus odieux, le plus vicieux, la torture la plus douloureuse, de façon à ce que chacun puisse s’imaginer les subir et donc craindre le pire. La terreur se propage ainsi et soumet le peuple par un accord tacite, diplomatique, qui lui laisse la vie s’il accepte la torture des autres. Cette terreur est nécessaire à la dictature car il est difficile de supprimer tout le monde, et régner sur un désert a peu d’intérêt.
L’engrenage du Mal
Dans cette famille syrienne, on peut penser que ce jeune médecin un peu rigide n’avait quand même pas pu d’abord embrasser cette vocation sans un minimum d’humanité. D’ailleurs en arrivant au pouvoir, il avait même tout d’abord décidé de libéraliser la politique épouvantable de son père. Et puis au fur et à mesure, poussé par un clan, une mère haineuse et des cousins cupides, une femme dépensière et des informations biaisées, il dérive. Il se repose alors sur les tortionnaires qui s’ennuient. Car ils ont été initiés par le fameux père. Lui refuse, comme les faibles, de voir ce que ses décisions produisent. Il s’enferme dans la tranquille chaîne du commandement qui transforme le battement de cil du chef en une découpe en règle du corps d’un passant n’ayant pas baissé les yeux à temps.
Le mal c’est Satan
Ma chère Aurore, ce Mal provenant de la banalité devient autonome. Il suffit de lui laisser un peu de place par envie, par cupidité, par faiblesse pour qu’une fois introduit, il grandisse tout seul et se mette à son aise. Oui le Mal s’autonomise, animé par un puissant ego qui le pousse à toujours faire pire, à ne plus laisser le choix à son géniteur de faire machine arrière. Le Mal entraîne le Mal. Le Mal est une drogue addictive. C’est Satan. Les religions ont bien compris son pouvoir et ont affirmé qu’il était extérieur à Charmant pour l’excuser de ses vices. Mais Satan, c’est Charmant les jours où il ne se surveille pas. Ce côté sordide, s’il ne le réprime pas, chacun d’entre eux le possède et tout peut arriver. Il suffit qu’il laisse au Mal un tout petit espace un jour de déprime pour en subir la conséquence au long cours. Car la cohérence de l’esprit charmant veut qu’il se justifie d’avoir commis une faute. Par manque de courage, il va donc céder au Mal une fois, puis se persuader qu’il n’avait pas d’autre choix. Il va ensuite s’enfermer dans la recherche de raisons obscures, de déni de réalité, de rupture morale. Et comme mon petit humanoïde ne comprend pas que ce Mal va le submerger, il en rajoute pour se convaincre qu’il est dans le bon chemin. D’autres fois, puisqu’il peut encore malfaire il se convainc qu’il est sur la bonne voie …
Tant de malheurs
Tristes passions, honteux vertiges, délires abjects, comportements immondes, chère créature charmante comme ta cervelle est tordue quand tu lui laisses la bride sur le cou ! Tu me dégoûtes et j’en regrette le plaisir que j’avais à te voir au début grapiller des baies et chasser du gibier au pied de la vallée du Rift.
Très cher Charmant, des cancrelats déshonorent ta race. Il faudrait que tu t’en préoccupes avant qu’ils ne deviennent si nuisibles que ta chère race pourrait s’en éteindre.
Ma très chère Aurore, il est temps que je te laisse après t’avoir peinée de tant de malheurs. Je n’en peux plus. Car je me baigne dans les fleuves noirs du sang des victimes des tortionnaires et je me dissous dans l’acide de leurs cuves. Je me consume dans la gueule des fours qui ont happé les justes et je ne peux que t’envoyer leurs cris dans l’espace intersidéral pour qu’il ne se perdent jamais alors que je ne les entends plus.
Ta Gaïa