En perdant 7 points, dimanche, lors des élections législatives, les écologistes plombent la coalition, avec les libéraux et les socialistes, emmenée par Xavier Bettel. La crise économique explique ce mauvais score. Voici pourquoi.
Depuis 2013, l’attelage libéraux, socialistes et écologistes a permis à Xavier Bettel d’être Premier ministre de ce petit Etat européen prospère de 660.000 habitants. Il s’appuyait sur une majorité de 31 des 60 sièges de la Chambre des députés. Cette année, douze partis se disputaient les suffrages des 284 000 électeurs. Mais la chute brutale des Verts à 8,5% des suffrages (-7 points), ce dimanche, rebat les cartes. Ils n’obtiennent que 4 sièges sur les 9 qu’ils détenaient jusqu’ici. Certes, les libéraux de M. Bettel n’ont pas démérité puisqu’ils obtiennent 18,7% des votes (+1,8 point), pas plus que les socialistes n’ont démérité à 18,9% (+1,3 point). Mais leur coalition n’est plus en mesure de barrer la route au parti populaire social-chrétien (CSV) que dirige l’ancien ministre des Finances Luc Frieden, qui arrive en tête et rafle 29% des suffrages, s’assurant ainsi 21 sièges à la Chambre. Quant au parti de la droite souverainiste (ADR), il obtient 9,3% des suffrages (+ 1 point).
A l’évidence, Luc Frieden devra trouver des partenaires pour asseoir une majorité. Pourquoi pas avec le parti de Xavier Bettel qui a obtenu 14 sièges, soit avec les socialistes qui en ont obtenu 11.
L’inquiétude des transfrontaliers
Comment expliquer ces résultats ? « Pour moi, les résultats des élections montrent que le pouvoir d’achat des Luxembourgeois est la motivation première, et l’écologie est la grande perdante », commente un observateur attentif de la politique luxembourgeoise.
En effet, comme de nombreux pays européens, le Luxembourg connaît un début de crise économique.
On sait que le Grand-Duché accueille 216.000 frontaliers dont plus de la moitié sont des Français qui travaillent dans le secteur bancaire, mais aussi dans le domaine de la santé, du commerce, des transports, de la restauration… Des métiers désormais frappés par la crise et par le chômage.
Par exemple, en juillet dernier, 120 salariés de l’entreprise Manuel Cardoso située au Kirchberg, ont reçu une lettre leur annonçant la faillite de leur entreprise.
D’autres entreprises ferment leurs portes. Le chômage est de l’ordre de 5,2% en juin 2023 contre 4,7 en juin 2022. On compte 16.111 demandeurs d’emploi pour 9.513 postes vacants au 31 juillet 2023.
« Une immigration sélective »
À l’évidence, cela devient un thème de campagne électorale dont le parti d’extrême droite ne se prive pas. Son leader, Fred Keup (ADR) plaide pour « une immigration sélective. » En effet, dit-il, l’explosion démographique explique tous les soucis que nous connaissons : sur le logement, avec une pression immobilière insoutenable, sur l’inflation, sur les embouteillages des routes… Sans parler des conséquences sur la nature.
Un discours qui a su séduire en ces temps compliqués. Le Grand-Duché n’est pas à l’abri des influences politico-économiques qui traversent l’Europe.
Les pays frontaliers sont directement concernés par les élections de dimanche au Luxembourg.
🇱🇺🗳️Le CSV en tête, la chute des Verts qui plombe la coalition actuelle et la montée de l’extrême droite. Après les législatives, le Luxembourg se dirige vers une nouvelle coalition CSV-DP ou CSV-LSAP. La première tient la corde pour l’instant.https://t.co/IlnfMtN610
— L'essentiel (@lessentiel) October 8, 2023