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Et Deauville se lève pour « LaRoy »

C’est un réjouissant polar à l’humour noir qui a remporté le Grand Prix du Festival du Cinéma Américain, où ont également été récompensés « The Sweet East » et « Fremont ».

Le jeune cinéaste Shane Atkinson (second à partir de la droite) est revenu trois fois sur scène recevoir le Grand Prix, le Prix du Public et le Prix de la Critique, pour son premier film « LaRoy ».

Si, à quelques exceptions (Emilia Clarke, Jerry Schatzberg), les stars retenues à Hollywood, pour cause de grève, n’ont pas pu venir fouler les planches de Normandie, ce sont bien les films que le public a plébiscité lors du 49ème Festival du Cinéma Américain de Deauville. Et notamment « LaRoy » de Shane Atkinson, qui a reçu trois récompenses lors de la soirée du palmarès, dont le Grand Prix, le Prix du Public (qui s’était levé pour applaudir à la fin de la projection) et le Prix de la Critique.

Présidé par Guillaume Canet, le jury a choisi d’encourager le réalisateur d’un premier film, pour son décalage et son humour. Appelé trois fois sur scène, Shane Atkinson était ému aux larmes et ne trouvait plus ses mots ; même s’il a commencé très jeune à écrire des scénarios, le jeune Californien ne s’imaginait pas parvenir un jour à faire un film ni à se retrouver dans un festival tel que Deauville. En Normandie, il aura aussi dégoté dans la semaine un distributeur français pour son film (ARP, sortie en avril), que les spectateurs ont rapproché du cinéma des frères Coen. « LaRoy », nom d’une petite ville du Texas, est un polar réjouissant, à l’humour noir et aux attachants personnages largués ; quiproquos et malentendus en chaîne font s’entrechoquer un quincailler cocu et suicidaire, un tueur professionnel venu remplir un contrat, un cow-boy de pacotille qui se prend pour un détective, une ancienne reine de beauté…

Un film délicieux, mélancolique et empathique

Le réalisateur Babak Jalali (au centre) a reçu un Prix du Jury, pour son film « Fremont » (sortie en France le 6 décembre), dont l’héroïne est jeune réfugiée afghane.

Parmi les 14 films en compétition, ont également été décernés deux Prix du Jury, dont « Fremont » (sortie en France le 6 décembre) de Babak Jalali, à qui la salle du CID avait pu chanter « Joyeux anniversaire » le jour de la présentation officielle. Là aussi, le titre est le nom d’une petite ville californienne, où vit désormais Donya, une jeune réfugiée afghane, ancienne traductrice pour l’armée américaine, embauchée dans une fabrique de gâteaux chinois. Le réalisateur précisait samedi soir que l’actrice débutante, Anaita Wali Zada, n’était arrivée d’Afghanistan que cinq mois avant le tournage aux Etats-Unis. Avec une élégante image carrée et noir-et-blanc, « Fremont » est un film délicieux, mélancolique et empathique ; Donya est chargée de rédiger les petites maximes glissées dans les biscuits porte-bonheur, des « fortune cookies » que les festivaliers ont pu goûter après la projection du film. Jeune fille immigrée et solitaire, elle concocte des petites phrases optimistes alors que la morale de l’histoire est écrite dans un gâteau : « Le bonheur que vous cherchez est dans un autre biscuit ».

Une fugue chez les fous américains

Autre Prix du Jury, « The Sweet East » de Sean Price Williams a également reçu le Prix de la Révélation. « On voulait prendre des nouvelles de l’Amérique et on a été servis », disait la présidente de ce jury, Mélanie Thierry, qu’on a aussi pu voir à Deauville dans « Captives » d’Arnaud des Pallières (sortie le 7 février 2024), en enfermée volontaire dans l’enfer de la Salpêtrière. « L’héroïne est une jeune femme ballotée comme une Alice dans un pays éternellement désenchanté », ajoutait l’actrice à propos de « The Sweet East », un conte maléfique dans lequel on suit Lilian (Talia Ryder) dans une fugue hasardeuse, où elle rencontre ce que l’Amérique peut compter de dingues, des activistes, des complotistes, des terroristes… et même des barjots du cinéma.

Traditionnellement décerné à un premier film français, le Prix d’Ornano-Valenti a été remis à la réalisatrice Delphine Deloget, pour « Rien à perdre » (sortie le 22 novembre). « C’est un film qui raconte une femme prise dans une machine infernale, et comment une colère pas écoutée devient une rage », précise la cinéaste, qui a confié un nouveau rôle très fort à Virginie Efira. La comédienne incarne une mère de deux garçons un peu débordée, qui s’enfonce dans la galère et la dépression, en menant un combat désespéré pour récupérer son plus jeune fils, qui lui a été retiré par les services sociaux après un accident domestique.

Pour 2024, on envisage déjà à Deauville des festivités à l’occasion de la 50ème édition du Festival du Cinéma Américain (du 6 au 15 septembre) et notamment d’accueillir les stars pas venues cette année, dont Natalie Portman et Jude Law.

Patrick TARDIT

Palmarès

Présidé par l’acteur et réalisateur Guillaume Canet, le jury a décerné ses prix parmi quatorze films en compétition.

Le Jury de la 49e édition du Festival du Cinéma Américain de Deauville, présidé par Guillaume Canet, entouré d’Alexandre Aja, Anne Berest, Laure de Clermont-Tonnerre, Léa Mysius, Marina Hands (de la Comédie-Française), Rebecca Marder, Stéphane Bak et Maxime Nucci alias Yodelice a décerné les prix suivants :

Grand Prix : LAROY de Shane Atkinson

Prix du Jury : THE SWEET EAST de Sean Price Williams, et FREMONT de Babak Jalali.

Le Jury de la Révélation, présidé par Mélanie Thierry, entourée de Julia Faure, Pablo Pauly, Ramata-Toulaye Sy, Félix Lefebvre, et Cécile Maistre-Chabrola a décerné son prix à THE SWEET EAST de Sean Price Williams.

Prix du Public de la Ville de Deauville : LAROY de Shane Atkinson.

Prix de la Critique : LAROY de Shane Atkinson.

Prix d’Ornano-Valenti 2023 : RIEN À PERDRE de Delphine Deloget.

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