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Vol Rio-Paris : le procès des sondes Pitot

Le procès de l’accident du vol AF447 entre Rio et Paris (228 morts) s’ouvre ce lundi devant le tribunal correctionnel. Airbus et Air France sont poursuivis pour homicides involontaires. Les pilotes, eux, ont été trahis par les données de vol.

Les morceaux de l'épave de l'Airbus A330 reprêchés dans l'Atlantique (wikipédia)
Les morceaux de l’épave de l’Airbus A330 reprêchés dans l’Atlantique (wikipédia)

Plus de 13 ans après l’accident de l’Airbus A 330 reliant Rio de Janeiro à Paris, le 1er juin 2009, qui a fait 228 morts, le constructeur Airbus et la compagnie Air France sont jugés, à parti d’aujourd’hui, 10 octobre et jusqu’au 8 décembre 2022. Mis en examen pour homicides involontaires, la justice leur reproche « des manquements fautifs », notamment pour n’avoir pas pris en compte « le niveau de gravité des multiples incidents de perte d’indication de vitesse qui se sont succédé sur 15 autres vols entre mai 2008 et mai 2009 ».

« La conversation des pilotes »

La découverte des boites noires en 2011, deux ans après le crash, a permis de mieux saisir la série de défaillances humaines et techniques qui ont conduit à la catastrophe. En cause, les sondes Pitot. Ces tubes placés à l’avant de l’appareil permettent de mesurer la vitesse. En traversant un orage, les sondes se sont sans doute givrées, ne fournissant plus les informations utiles aux pilotes.
Alors que l’avion se trouve près de l’Équateur, le pilote en fonction et le copilote viennent déclenchent la procédure Toga, à suivre en cas de décrochage. Voici leur conversation révélée par les boites noires.

Il est 2 heures 11 minutes et 3 secondes GMT :

« Je suis en Toga hein ? », demande le pilote en fonction.
« On a pourtant les moteurs. Qu’est-ce qui se passe ? », répond le copilote.

2 h 11 min 32 :
Le pilote en fonction : « Je n’ai plus le contrôle de l’avion là. Je n’ai plus du tout le contrôle de l’avion. »

2 h 11 min 43 :
Le commandant de bord rentre dans le cockpit : « Eh ! Qu’est-ce que vous (faites) ? »
Le pilote en fonction : « Qu’est-ce qui se passe ? Je ne sais pas. Je ne sais pas ce qui se passe ».

2 h 12 min 04.
Le pilote en fonction : « J’ai l’impression qu’on a une vitesse de fou non ? Qu’est-ce que vous en pensez ? »

2 h 12 min 13.
Le copilote : « Qu’est-ce que tu en penses ? Qu’est-ce que tu en penses ? Qu’est-ce qu’il faut faire ?

2 h 12 min 15.
Le commandant de bord : « Là, je sais pas là, ça descend ».

2 h 12 min 27.
Le copilote : « Tu montes… Tu descends, descends, descends, descends.
Le pilote en fonction : « Je suis en train de descendre là ? »

2 h 12 min 32.
Le commandant de bord : « Non, tu montes là ! ».

2 h 12 min 33.
Le pilote en fonction : « Là je monte ? Okay, alors on descend ».

2 h 12 min 44.
Le commandant de bord : « C’est pas possible ».

2 h 13 min 25.
Le pilote en fonction : « Qu’est-ce qui … Comment ça se fait qu’on continue à descendre à fond là ? »

2 h 13 min 39.
Le copilote : « Remonte, remonte, remonte, remonte ».

2 h 13 min 40.
Le pilote en fonction : « Mais je suis à fond à cabrer depuis tout à l’heure. »
Le commandant de bord : « Non, non, non, ne remonte pas »
Le copilote : « Alors, descends ».

2 h 13 min 45.
Le copilote : « Alors, donne-moi les commandes, à moi les commandes »

2 h 14 min 05.
Le commandant de bord : « Attention, tu cabres là ».
Le copilote (qui a pris les commandes) : « Je cabre ? »
Le pilote en fonction : « Ben, il faudrait, on est à quatre mille pieds ».

2 h 14 min 18.
Le commandant de bord : « Allez, tire ! »
Le pilote en fonction : « Allez, on tire, on tire, on tire, on tire. »

2 h 14 min 28.
Fin des enregistrements.

En moins de quatre minutes, l’A330 s’abîme dans l’Atlantique. Il n’y aura aucun survivant. Treize ans plus tard, les familles des victimes, mais aussi les syndicats de pilotes, souhaitent que la justice établisse les responsabilités. Pour qu’un tel drame ne se reproduise plus.

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