Point-de-vue. Dès dimanche, Israël va supprimer le « green passeport » (pass vaccinal). C’est l’un des pays les plus vaccinés au monde (4 doses) et celui qui enregistre le plus grand nombre d’hospitalisations. De quoi s’interroger sur sa stratégie sanitaire comme le fait ici le Pr Jean-Michel Claverie.
Par Jean-Michel Claverie
Cette crise aura été un des fiascos les plus complets de la biologie moderne, de la santé publique, et de la vaccinologie (bien que les vaccins ARN restent présentés comme l’invention du siècle !). Son déroulement a démontré notre impuissance à influer sur le cours des choses (si ce n’est à les retarder un peu), le virus SARS-CoV2 ridiculisant nos misérables tentatives de le contenir « pour de bon ». Il est allé où il « voulait » (jusqu’en Antarctique !) et quand il le « voulait », suivant le cours de son évolution en contournant nos mesures « barrières » successives, jusqu’à ce qu’il décide de devenir le « gentil » Omicron: plus contagieux mais moins virulent.
Une dette abyssale
Ce n’est pas nous, mais lui qui a « décidé » de la fin de la partie (ça ne l’amusait plus ?). Imaginez seulement ce qu’aurait été cette crise si la maladie avait tué 30% des patients (ex : variole) plutôt que 0.3-0.1%.
Au bilan, nous aurons prolongé un peu la vie de gens très vieux, ou déjà très malades. En revanche, nous avons emmerdé des milliards d’individus, amassé une dette abyssale, et sacrifié deux années de joie de vivre (et je ne l’espère pas, la santé) de notre jeunesse.
Au plan politique, les gouvernements « occidentaux » en ont profité pour piétiner les fondements même de nos démocraties qu’il va falloir maintenant reconstruire pied à pied. Ce n’est pas gagné.
*PU-PH émérite (professeur en Santé Publique & virologue) à l’université d’Aix-Marseille, Jean-Michel Claverie a été cofondateur et ancien vice-président de la Société Française de Virologie.