Point-de-vue. L’ancien secrétaire d’État au Budget, Christian Eckert, qui a travaillé avec Emmanuel Macron à Bercy, dit ici pourquoi il serait irresponsable de permettre à l’actuel président de la République d’effectuer un second mandat.
Par Christian Eckert
La campagne présidentielle qui reprend force et vigueur ces derniers jours me conduit à reprendre une plume délaissée depuis quelques semaines pour diverses raisons qui n’ont pas place ici.
D’aucuns s’étonnent de me voir cité parmi les membres de l’équipe d’Anne Hidalgo, candidate à l’élection présidentielle. C’est une évidence : il faut une offre d’une gauche responsable et volontaire, ambitieuse, mais réaliste, humaniste, mais exigeante. Aucun des autres candidats se réclamant de gauche ne coche ces cases. Christiane, une amie que j’adore, vient bien tard après 4 ans de silence assourdissant. Jean-Luc Mélenchon s’enferme seul dans des postures maximalistes aussi séduisantes qu’inaccessibles. Les écologistes croient pouvoir gouverner en solitaires, imposant leurs idées de décroissance à une société droguée à la consommation.
Socialistes opportunistes
Emmanuel Macron est de droite. Il représente et défend les intérêts des forces de l’argent et de l’économie libérale. Je l’ai perçu dès ses débuts. Il a attiré vers lui certains socialistes opportunistes et la droite classique pour profiter des errements de la vie politique, orchestrés et amplifiés par des médias presque tous détenus par quelques oligarques qui en veulent toujours plus.
Pour gagner, même à gauche, il faut savoir tenir compte des réalités internationales et ne pas promettre l’inaccessible. La France n’est pas un ilot déconnecté d’un environnement, peuplé plus souvent de concurrents que de partenaires.
Le risque majeur est de voir ce Président réélu, aux ordres de ses mandants, sans retenue, car non rééligible, mis en place pour :
- liquider notre Sécurité Sociale tant pour la maladie que pour les retraites, pour ouvrir ces marchés aux banques et aux assurances privées.
- faire de l’école et de l’université un marché réservé aux plus argentés. Personne n’avait jusque-là osé évoquer de rendre payantes les études universitaires sur le modèle américain.
- livrer aux intérêts privés les services publics comme La Poste, la SNCF, l’électricité… à l’image de la Française des Jeux bradée à des actionnaires guidés par le rendement plus que par l’éthique.
- continuer à dénigrer et démolir le débat politique en le transformant en un concours de communication où les postures personnelles remplacent les projets collectifs.
Comment, dès lors, ne pas s’engager et se résigner devant ces risques majeurs, finalement destructeurs presque autant que les idées de l’extrême droite. Trop d’électrices et d’électeurs de gauche ne veulent plus voter même au premier tour. Les causes en sont diverses, mais peu importe !
Désavouer Macron
Il y aura peut-être trop de candidats à gauche pour se qualifier pour le second tour. Mais désavouer Macron dès le premier tour est une nécessité absolue, pour le retenir dans ses intentions destructrices de notre modèle économique et social. C’est aussi une nécessité pour faire taire celles et ceux qui rêvent de voir dans ces élections la fin de la gauche capable de gouverner. C’est enfin une nécessité pour appréhender les échéances qui suivront.
Que chacun à gauche surmonte ses déceptions, ses rancœurs et ses égos… Et aille voter contre Emmanuel Macron. Pour moi, ce sera en votant pour Anne Hidalgo. Son projet auquel j’ai modestement contribué est le seul qui corresponde à mes valeurs.