L’énorme abstention lors de cette élection régionale rend très relative la victoire des vainqueurs élus, parfois, par moins de 10% du corps électoral. Ce qui pose un problème de légitimité.
On l’a dit et répété : ces élections départementales et surtout régionales des 20 et 27 juin 2021 n’ont pas déplacé les foules vers les bureaux de vote. Les causes sont multiples : désintérêt des Français pour la chose politique, dysfonctionnements gigantesques dans la distribution de la propagande électorale, incompréhension du double vote… Bref, le lien entre les Français et leurs élus est rompu.
Les chiffres sont là
Résultat : même les vainqueurs du 27 juin dans les différentes régions de l’Hexagone sont loin d’être acclamés par la foule en délire. Qu’on en juge.
Dans le Grand Est, Jean Rottner a été élu avec 40,30% des voix. Victoire incontestable d’un point de vue politique comme juridique. Pourtant, ramenée au nombre d’inscrits sur les listes électorales du Grand Est (3,8 millions d’électeurs) cette victoire devient très modeste puisque la liste de Jean Rottner n’a séduit « que » 11,6% des électeurs de sa région. Certes, d’autres s’en seraient contentés. Mais les chiffres sont incontournables. Le président et son équipe devront en tenir compte.
Têtes d’affiche
Même chose pour Carole Delga, en Occitanie. Brillamment réélue avec 57% des suffrages, elle n’est finalement plébiscitée « que » par 20,9% des électeurs.
Les trois têtes d’affiche qui lorgnent vers la présidentielle : Laurent Wauquiez, Xavier Bertrand et Valérie Pécresse ont indiscutablement remporté la compétition dans leur région avec respectivement, 55, 53 et 45% des suffrages exprimés. Mais si on ramène ces scores aux électeurs inscrits sur les listes électorales, la victoire est plus mesurée. Laurent Wauquiez a été élu par 14,7% des électeurs inscrits, Xavier Bertrand par 16,8% des inscrits et Valérie Pécresse par 14,9% des inscrits.
L’exception corse
Même chose partout ailleurs. En PACA, Renaud Muselier a été élu par 19,7% du corps électoral, en Bourgogne-Franche-Comté, Marie-Guite Dufay n’a séduit que 14,7% des électeurs potentiels, En Normandie, Hervé Morin est à 14%, en Bretagne Loïg Chesnais-Girard est réélu avec 29,8% des suffrages, mais en réalité par 10,9% de l’électorat inscrit, en Pays de la Loire Christine de Morançais est élue par 14,1% des inscrits, en Centre Val-de-Loire François Bonneau obtient 12,4% des inscrits, en Nouvelle-Aquitaine, Alain Rousset culmine à 13,7% des inscrits, en Corse, Gilles Siméoni remporte l’élection avec 23,2% des inscrits, ce qui n’est pas si mal.
En d’autres termes, pas de quoi fanfaronner, même lorsqu’on en remporté l’élection « brillamment ». Cela pose évidemment un problème de légitimité des élus mal élus fragilisés par une abstention record située en 65 et 70% selon les régions.