France Télévisions et Radio France ont commandé un sondage pour chacune des 13 régions. Le parti lepéniste pourrait prendre plusieurs régions au soir du 27 juin. Revue de détail.
Faut-il s’attendre à un tremblement de terre politique au soir du 27 juin 2021 ? Nous l’avons déjà écrit : le parti de Marine Le Pen a le vent en poupe pour les prochaines élections, bien sûr, mais aussi pour les présidentielles de 2022. Car les élections régionales donneront une image assez fidèle des forces politiques en présence dans le pays. Voilà pourquoi l’enjeu est national.
Une gifle au président
Après un an et demi de confinement, de coronavirus, de confusions scientifiques, de masques, de vaccins, les Français n’en peuvent plus de cette pagaille politique, économique, sociale, médiatique et tutti quanti. Ce cocktail schizophrène est aussi un cocktail explosif qui s’exprime de mille façons dans la vie de tous les jours : des agressions, des féminicides, des cambriolages, des meurtres… Et même une gifle au président de la République !
C’est dans ce climat anxiogène que près de 48 millions de Français sont appelés aux urnes. Mais ils seront beaucoup moins nombreux à se déplacer dans les bureaux de vote. L’abstention pourrait atteindre des records inégalés. Quant aux autres, pour qui vont-ils voter ?
Thierry Mariani largement en tête en PACA
France Télévisions et Radio France ont demandé à Ipsos de répondre à la question. Les résultats confirment indiscutablement la forte poussée du Rassemblement National. Au point que plusieurs collectivités pourraient changer de couleur politique.
Ainsi, en région Provence-Alpes-Côte-d’Azur Thierry Mariani (RN) l’emporterait largement au second tour avec 43% des suffrages face à Renaud Muselier (36%). La liste de gauche et des écologistes conduite par Jean-Laurent Felizia (recueillerait 21%).
En région Ile-de-France, Valérie Pécresse ne semble pas être inquiétée puisque les sondeurs lui donnent une avance confortable. Si au premier tour, elle engrange 34% des voix, suivie par Jordan Bardella (RN) à 18%, au second tour elle reste largement en tête avec 37% des suffrages, 30% pour la coalition de gauche et 19% seulement au RN.
En Auvergne-Rhône-Alpes, Laurent Wauquiez (LR) reste leader sur la région. Au second tour, dans l’hypothèse d’une quadrangulaire, Wauquiez reste maître du jeu (37% d’intentions de vote) suivi par André Kotarac du RN (23%) et 22 et 24% pour l’union de la gauche et LREM.
Dans la marge d’erreur
En Bourgogne-Franche-Comté, Julien Odoul (RN) fait la course en tête au premier tour (28%) devant Marie-Guite Dufay (21%) et LREM (21%). Au second tour, la liste de gauche emmenée par la socialiste Marie-Guite Dufay l’emporterait avec 32% des suffrages mais le RN reste à 29%. Dans la marge d’erreur de tout sondage.
En Bretagne, la liste RN de Gilles Pennelle (20%) arrive en tête devant le président sortant Loïg Chesnais-Girard (PS-PCF) et Thierry Burlot LREM) tous deux à 19%. Au second tour, le scrutin devrait être favorable au PS mais tout dépendra des tractations entre les deux tours et les résultats seront différents s’il y a duel, triangulaire ou quadrangulaire.
Centre-Val-de-Loire, est une autre région qui pourrait tomber dans l’escarcelle du Rassemblement national si l’on en croit les chiffres des sondeurs. La liste de François Bonneau (Union de la gauche) fait jeu égal au second tour avec la liste RN d’Eleksander Nicolic.
Grand Est : Ça chauffe pour Rottner
Dans le Grand Est que l’on croyait acquis définitivement à Jean Rottner (LR), le président sortant, le Rassemblement national de Laurent Jacobelli semble bien rester en position de force.
Le sondage publié en exclusivité ce matin par France 3 Grand Est donne une petite avance à Jean Rottner (27%) au premier tour devant Laurent Jacobelli (25%). Brigitte Klinkert (LREM) recueillerait 14%, tout comme la liste EELV-PS-PCF d’Eliane Romani. Quant à Florian Philippot (Les Patriotes), il culmine à 8%.
Les choses se corsent au second tour. Car Rottner a annoncé urbi et orbi qu’il ne ferait pas alliance avec la liste de Brigitte Klinkert. On pourrait donc avoir une quadrangulaire qui profiterait à Laurent Jacobelli : 32% suivi par Jean Rottner (29%), Eliane Romani (20%) et enfin Brigitte Klinkert (19%).
On voit mal, toutefois, qu’il n’y ait pas une entente entre Rottner et Klinkert….
Rien n’est joué en Normandie
Le jeu sera encore serré du côté de la Normandie où Hervé Morin, président sortant, arrive en tête du premier tour avec 32% des intentions de vote, suivi par Nicolas Bay (RN) à 28% distançant le PS, LREM et LFI… Au second tour, Hervé Morin l’emporterait d’un cheveu (32%) suivi de Nicolas Bay (29%).
En revanche, en Nouvelle-Aquitaine, la configuration n’est pas la même. Si Edwige Diaz (RN) fait une belle percée au premier tour (27% des intentions de vote) devant le socialiste Alain Rousset (25%) suivis de la ministre Geneviève Darrieussecq (17%). Au second tour par contre, les socialistes s’imposent avec 36% des suffrages contre 30% au RN.
En Occitanie, la liste de Carole Delga, présidente sortante, semble devoir s’imposer face au RN au second tour (41% contre 34%). Mais au premier tour, le RN emmené par Jean-Paul Garraud est crédité de 33% des intentions de vote.
Les jeux ne sont pas faits
Dans les Pays de la Loire, la présidente sortante, Christelle Morançais (LR-UDI) arriverait en tête du premier tour avec 25% d’intentions de vote. Mais elle serait battue au second tour, si l’on en croit le sondage Ipsos, par la liste de Matthieu Orphelin (EELV) avec 32% des suffrages, suivie par la liste conduite par Christelle Morançais (25%), puis celle de François de Rugy (23%). Quant au candidat soutenu par le Rassemblement natinal, Hervé Juvin, il obtiendrait 21% des voix. Autrement dit, dans cette région, les jeux sont loin d’être faits.
Dans les Hauts de France, Xavier Bertrand semble conserver son avance. Au premier tour il arriverait en tête avec 36% des suffrages suivi par le Rassemblement national (32%) emmené par Sébastien Chenu, suivi encore par la liste d’union de la gauche (17%). Au second tour, Xavier Bertrand remporte d’élection : 43% en cas de quadrangulaire et 38% en cas de triangulaire.
En Corse, le scrutin s’annonce serré pour ces élections territoriales. Les nationalistes dominent l’élection mais la famille est divisée. Gilles Siméoni, à la tête de la liste Femu a Corsica (FaC), serait en tête du premier tour avec 25% des voix, Jean-Guy Talamoni a pris la tête de Corsica Libera (CL) et Jean-Christophe Angelini la liste Parti de la nation Corse (PNC), Paul-Félix Benedetti (Rinnovu, indépendantiste).
A droite, Laurent Marcangeli prend la tête d’une liste de rassemblement (bonapartiste), il obtiendrait 23% des suffrages. A gauche, Jean-Charles Orsucci (Territoire de progrès, TDP) et Michel Stéphani pour le PCF.
Quand on additionnera toutes les voix des listes RN dans les 13 régions, au soir du 27 juin 2021, on s’apercevra que le parti de Marine Le Pen est indiscutablement le premier parti de France, bien loin devant le parti présidentiel (LREM) qui fera pâle figure dans cette compétition territoriale et largement devant les anciennes formations politiques du monde d’avant, toutes laminée : PS, PCF, LR, UDI, EELV…
De quoi se poser des questions à 10 mois de la présidentielle.