Point-de-vue– « En 2020, les retraites pourraient afficher un déficit de 25,4 milliards d’euros selon le Conseil d’orientation des retraites (COR). Cela va faire peur à beaucoup » redoute Christian Eckert, ancien secrétaire d’État au Budget.
Par Christian Eckert
En 2020, les retraites pourraient afficher un déficit de 25,4 milliards d’euros selon le Conseil d’orientation des retraites (COR). Cela va faire peur à beaucoup… Il est à craindre que le Gouvernement ne cherche qu’à surfer sur ces peurs.
Pourtant, l’examen plus détaillé de ces résultats démontre que c’est bel et bien la récession déclenchée par l’épidémie de Covid-19 qui, à elle seule, a affecté les comptes de nos dispositifs de protection sociale. On ignore souvent qu’en 2019, le trou était très nettement moins important : − 1,1 milliard d’euros. (Rappelons que la suppression de l’ISF et la flat-tax ont fait perdre plus de 5 milliards d’euros PAR AN à l’État…)
Les difficultés de 2020 viennent exclusivement de l’effondrement des recettes dû à la crise : elles baisseraient de 5,4 % par rapport à 2019 à cause de la contraction de la masse salariale du secteur privé (− 8,4 %) : le nombre d’emplois recule (donc les cotisations versées aussi), les entreprises ont de plus été autorisées à reporter leurs paiements et ont enfin recouru massivement au chômage partiel (exonéré de contributions).
Dégradation brutale
Les dépenses sont très peu affectées par la crise sanitaire : la surmortalité des personnes âgées due au Covid-19 n’a (heureusement) entrainé qu’une diminution très marginale (0,1 %) des retraites versées. Les pensions sont en outre très largement indépendantes du contexte économique.
Cette dégradation brutale n’a rien de structurel. Un système par points serait impacté par la COVID avec la même ampleur… Le gouvernement ne pourra donc pas raisonnablement s’appuyer sur cette dégradation brutale des chiffres pour remettre sur le tapis sa réforme qui a été largement rejetée.