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Jacqueline Sauvage reste en prison

Condamnée à dix ans de réclusion pour le meurtre de son mari violent, cette femme de 67 ans avait bénéficié d’une grâce partielle du chef de l’Etat le 31 janvier dernier. Son maintien en détention provoque une vague d’indignation dans tout le pays.

Jacqueline Sauvage lors de son procès aux assises de Blois
Jacqueline Sauvage lors de son procès aux assises de Blois (Photo Francebleu.fr)

Le tribunal d’application des peines (TAP) de Melun (un juge et deux assesseurs) ont rejeté la demande de libération conditionnelle de Jacqueline Sauvage condamnée pour le meurtre, en 2012, de son mari qui la battait depuis des années et qui violait ses filles. Son fils, lui aussi battu, s’était suicidé la veille du meurtre de ce père et époux indigne.
Le 31janvier 2012, une grâce partielle de François Hollande lui permettait de faire une demande de libération conditionnelle plus tôt que prévu, c’est-à-dire avant la moitié de la peine, donc avant janvier 2017.
Lors d’une conférence de presse improvisée, les deux avocates de Jacqueline Sauvage ont dénoncé « un acharnement judiciaire ». Mes Nathalie Tomasini et Janince Bonaggiunta ont rappelé qu’elles n’ont « eu de cesse de démontrer que [leur cliente] n’avait eu d’autre choix que le passage à l’acte et qu’elle est une victime. »

Expertises et contre-expertises

La libération de Jacqueline Sauvage dépendait de l’évaluation de sa dangerosité. Evaluation effectuée au Centre National d’Evaluation (CNE) à la prison de Réau (Seine-et-Marne). Une première expertise, selon les avocates, était favorable à la détenue. Mais une commission pluridisciplinaire a rendu un rapport défavorable. C’est ce dernier qui a été suivi par le TAP de Melun.
Dans ses motivations, le tribunal reproche à la détenue « de ne pas assez s’interroger sur son acte » affirment les deux avocates. Elles dénoncent avec force l’attitude de magistrats « qui probablement règlent leurs comptes car la grâce présidentielle a été extrêmement mal perçue par l’ensemble de la profession. » Elles vont faire appel de cette décision.

Nombreuses réactions

Quoi qu’il en soit, Jacqueline Sauvage est devenue un symbole des violences conjugales. Il suffit pour s’en convaincre, de se rappeler l’énorme mobilisation suscitée lors de son procès. Une pétition demandant sa libération avait recueilli plus de 400.000 signatures.
Depuis ce matin, les réactions sont nombreuses et unanimes pour dénoncer une décision de justice incompréhensible.
L’actrice Eva Darlan, présidente du comité de soutien à Jacqueline Sauvage s’est dite indignée par le maintien en détention et a annoncé qu’elle allait demander audience au président de la République.
Dans la classe politique, même reproche fait au TAP. La députée Valérie Boyer (Les Républicains) voit dans cette décision « un signal catastrophique envoyé aux femmes battues ». Nathalie Kosciusko-Morizet, très « déçue » appelle à « rester mobiliser ». Le président de l’UDI, Jean-Christophe Lagarde ne comprend pas : « Elle ne présente aucun danger pour la société » dit-il. Anne Hidalgo, maire de Paris, souhaite que Jacqueline Sauvage « retrouve sa famille au plus vite ». Jean-Luc Mélenchon (Parti de Gauche) trouve que la décision des juges est « injuste et cruelle ».
Seul le président de la République peut, désormais, accorder la grâce à Jacqueline Sauvage. C’est ce que demandent de nombreux Français, élus ou non. C’est ce que demande aussi le maire de Pau, François Bayrou qui souligne : « Une seule question devrait se poser, c’est celle de la dangerosité éventuelle de la personne remise en liberté. Sur ce point, il ne semble pas y avoir de risque, ni de débat…Au moment où l’actualité montre un si grand nombre de cas de remise en liberté sous bracelet électronique de personnalités autrement plus dangereuses, il y a là un sujet de lourde incompréhension. »

Emilien Lacombe

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