Invités par le département d’Histoire de l’Université de Lorraine, quatre candidats (sur huit) aux municipales à Nancy ont débattu des liens entre la ville et la communauté universitaire. Ci-dessous, l’interview de Laurent Watrin sur ses intentions au second tour.
Un exposé de dix minutes chacun suivi d’un débat avec quelque 150 étudiants et enseignants réunis à la fac de Lettres et Sciences Humaines. Voilà l’exercice proposé, mercredi soir, à sept des huit candidats (sauf le RN) aux élections municipales à Nancy. Quatre seulement ont répondu à l’invitation du département d’Histoire de l’Université de Lorraine que dirige Didier Francfort, professeur d’histoire contemporaine.
« La conjonction entre les élections municipales et la mobilisation dans les universités crée un contexte particulier qui pose des questions, a souligné Didier Francfort. Nous sommes conscients que les enjeux qui préoccupent les universités ne sont pas de la compétence des villes. Mais il existe des liens entre les choix qui sont faits par la Ville et par la Métropole en matière de soutien et de reconnaissance de la communauté universitaire, de recherche, de vie étudiante. Je ressens aussi comme enseignant-chercheur la précarité des étudiants ».
Avant le débat avec la salle modéré par Jean El Gammal, professeur d’histoire contemporaine et spécialiste en histoire politique, quatre candidats se sont succédé au tableau pour expliquer comment ils envisageaient les relations entre la Ville et l’Université.
Logement et mobilités
Premier à prendre la parole, Romain Pierronet, 9ème sur la liste Nancy Positive conduite par Laurent Hénart, a mis en avant l’apport de l’économie de la connaissance à une ville. Avec ses 55.000 étudiants, ses centaines d’enseignants et de chercheurs, l’université de Lorraine contribue au développement social et économique de la Région. La ville et la Métropole participent au financement de colloques scientifiques et de projets de recherche.
Estelle Mercier, 4ème sur la liste de Mathieu Klein Nancy En Grand, elle-même enseignant-chercheur à l’Université de Lorraine, a rappelé que l’université c’est l’ADN de Nancy. La Ville doit favoriser les conditions de vie des étudiants mais aussi des enseignants par sa politique sur le logement, sur les mobilités (notamment les transports en commun), par l’offre culturelle et par le cadre de vie.
« Immobilier universitaire »
Le candidat de la liste Nancy en Commun, considère que la Ville et la Métropole sont concernées au premier plan par la vie universitaire. Il a pris pour exemple le campus médecine, sur le plateau de Brabois. « Un espace pris sur la forêt, entre deux autoroutes, où il y a un grand parking ». A Nancy, « il n’y a pas de campus, dit-il, ce sont des endroits où l’on fait de l’immobilier universitaire. » La liste Nancy en Commun propose que « chaque étudiant et chaque enseignant se sentent à Nancy chez eux ».
Dernier intervenant, et le seul des quatre invités à être tête de liste, Laurent Watrin, Nancy Ecologie Citoyenne, précise qu’il y a sur sa liste une dizaine d’étudiants et une quinzaine de jeunes. La liste écologiste pose d’emblée « la question du sens : comment on habite la ville » ? Le premier employeur de Nancy, dit-il, c’est le Luxembourg… S’il est élu, l’une des premières décisions serait de créer une Maison des initiatives étudiantes. Une autre serait d’impliquer les étudiants dans la maîtrise d’œuvre de certains projets, comme le tram. Laurent Watrin souhaite aussi faire participer étudiants et chercheurs à de grands projets pour « réinventer Nancy ».
Le débat qui a suivi, particulièrement riche, mais fort courtois, a duré environ une heure.
Laurent Watrin, l’homme clé du scrutin
La liste Nancy Écologie Citoyenne conduite par Laurent Watrin est donnée par les sondages en troisième position au premier tour des élections municipales, le 15 mars 2020 derrière Laurent Hénart et Mathieu Klein. Nous avons voulu savoir quelle était sa stratégie pour le second tour.
-C’est quoi l’écologie ?
« L’écologie, ce n’est pas la course au nombre d’arbres plantés, ce n’est pas le concours des villages fleuris, ce n’est pas du marketing territorial comme on en voit beaucoup. L’accélération et la prise de conscience de l’écologie c’est maintenant. »
Pour Nancy, cela se traduit comment ?
Il y a une priorité des priorités : c’est travailler sur les transports, parce qu’on a pris trop de retard. La question du tram, par exemple. On nous dit qu’il faut mettre un demi-milliard sur la table. Cela va surendetter la Métropole. Par contre, on n’a pas du tout regardé au-delà : quels sont les transports en commun ou les intermodalités de transports pertinents pour les Nancéiens, les Grands Nancéiens et ceux qui arrivent de l’extérieur ? Le tram véhicule, selon les chiffres officiels, 37% du flux de transport en commun de la métropole. Cela veut dire que plus de 60% ne prend pas le tram. Les ¾ des gens qui travaillent sur le plateau de Brabois viennent de l’extérieur avec leur voiture. Il faut donc redéployer les bus, réduire le flux de voitures entrant dans la métropole de 50% sur le mandat. Il faut construire des parkings relais, faire des mobilités partagées…
-Si l’on en croit les sondages, on devrait assister à un duel Hénart/Klein. Votre liste arrive en troisième position. Que faites-vous au second tour ?
-J’ai bon espoir que notre score soit beaucoup plus élevé. Le vrai sondage c’est celui du 15 mars.
-Vous vous maintiendrez ou pas ?
C’est une question prématurée. Nous avons une charte éthique dans la liste qui dit que ce sont les colistiers qui voteront la stratégie du second tour. Mais il est clair que si on va aux élections municipales à Nancy, c’est pour battre l’équipe sortante.