L’organisation Etat Islamique (EI) a une communication parfaitement huilée. La vitrine de ses barbaries, ce sont les réseaux sociaux comme facebook ou encore twitter. Lundi 13 juin, le terroriste Larossi Abballa a filmé pendant douze minutes son crime ; le double homicide d’un policier et de sa compagne à Magnanville (Yvelines). Le but de ce coup de com : révéler ses actes et les revendiquer au nom de Daesh. Il s’est servi d’une fonctionnalité de facebook, Live, sur le marché depuis peu. Elle permet de diffuser de la vidéo en direct.
Dans une ère de l’immédiateté et de l’hyper communication, quelles sont les limites à poser en termes d’images ? Les entreprises comme facebook ou encore Twitter doivent-elles endosser une responsabilité morale et pénale ?
Le live se démocratise
Partager des vidéos sur les réseaux sociaux est devenu monnaie courante, surtout chez les jeunes utilisateurs. La fonctionnalité “Live” est à portée de main de tous les détenteurs d’un compte facebook qui ont l’application sur leur portable. Live n’est cependant pas la seule application du genre. Il en existe un certain nombre comme Periscope par exemple. Un pur produit twitter sorti en mars 2014, véritable outil de travail des journalistes et support du journalisme citoyen.
Certains se servent de ces canaux de communications pour mettre en scène le viol d’une femme ou sa propre mort. C’est le cas d’Océane, une jeune femme de 19 ans qui s’est suicidée en direct – le 10 mai – en se jetant sous un train.
Le tout diffusé sur Periscope. Le 30 mars, ce sont trois hommes qui, toujours sur l’application de Twitter, ont violé en direct une femme sous les yeux de plus de 2 000 internautes, alors que le lien était partagé par des internautes sur Twitter.
La démocratisation des smartphones ainsi que la boulimie d’informations en circulation ont redessiné le rôle des réseaux sociaux.
« Les terroristes n’ont pas leur place sur Facebook »
Suite au double homicide à Magnanville (Yvelines), survenu lundi 13 juin, le géant américain Facebook a affirmé dans un communiqué travailler
« en étroite collaboration avec les autorités françaises qui enquêtent sur ce terrible crime. Les terroristes et les actes de terrorisme n’ont pas leur place sur Facebook. Chaque fois qu’un contenu à caractère terroriste nous est signalé, nous le supprimons aussi vite que possible. Nous traitons les requêtes en application de la loi avec la plus haute urgence. »
« Nous comprenons et nous reconnaissons qu’il y a des défis propres au contenu et à la sécurité des vidéos en live, a déclaré un porte-parole de Facebook, alors que la question du rôle des réseaux sociaux dans la diffusion de messages violents se pose à nouveau. C’est une très grande responsabilité, et nous travaillons dur pour trouver un juste équilibre entre permettre la liberté d’expression et offrir un espace sûr et respectueux. »
Une juridiction dépassée
La réglementation en matière de nouvelles technologies accuse un certain retard. Aujourd’hui, le droit français n’est plus adapté aux outils dernier cri, notamment le Live de Facebook. La procédure est la suivante : lorsque les autorités constatent un contenu répréhensible, ils le signalent à l’entreprise concernée qui est tenue de le retirer « promptement ».
C’est là que le bât blesse. Que met la loi derrière « promptement » ? Pour Eric Bonet, avocat spécialiste du droit des nouvelles technologies, « on parle parfois d’un week-end« . « Le système est pensé pour des contenus publiés en différé », explique-t-il. « Avec Periscope et Facebook Live, le temps que l’on retire, l’opération est souvent terminée ».