Mark Olsthoorn, Grenoble École de Management (GEM) et Olivier CATEURA, Grenoble École de Management (GEM)
La nomination de Nicolas Hulot comme ministre de la transition écologique et solidaire a créé de fortes attentes concernant les engagements d’Emmanuel Macron dans la lutte contre le changement climatique. En septembre dernier, Nicolas Hulot a présenté les grandes lignes de son programme.
Il prévoit de se focaliser sur l’efficacité énergétique des bâtiments, le lancement d’appels d’offres pour la production centralisée et décentralisée d’énergies renouvelables en visant une neutralité carbone d’ici 2050, tout en luttant contre la précarité énergétique. Pour réduire les émissions du secteur de l’énergie, le ministre prévoit d’étendre et d’augmenter le prix du carbone ainsi qu’une sortie de la production d’électricité à partir du charbon, en maintenant néanmoins une dépendance de la France au nucléaire. Dans cette perspective, l’interdiction de la production d’hydrocarbures en France d’ici à 2040 a été adoptée en décembre 2017.
En lien avec ce contexte, Grenoble École de Management a demandé à son panel du Baromètre du marché de l’énergie, d’identifier quelles devraient être les trois priorités de l’administration Macron en matière de politique énergétique.
L’efficacité énergétique d’abord
Ayant pu répondre selon une liste de dix mesures, le panel se montre très majoritairement d’accord sur la priorité qui doit être accordée à l’efficacité énergétique. De plus, les experts ne s’opposent pas à l’interdiction de l’exploitation des énergies fossiles domestiques. Dans une moindre mesure, le panel soutien la priorité vers la décarbonation de l’énergie et la décentralisation de la production.
Le panel présente une faible préoccupation pour les questions de sécurité d’approvisionnement et un faible enthousiasme pour la défense du nucléaire français. Concernant les besoins de réglementation pour réduire la part du nucléaire, accélérer la transformation digitale du secteur de l’énergie et garantir une énergie compétitive, les experts ont des visions très variées.
Transition énergétique propre et sûre : augmentation du sentiment d’urgence
Il y a un an, durant les élections présidentielles, nous avions posé les mêmes questions. La distribution des réponses est très proche de celle de l’époque. Les trois priorités qui sortent renforcées sont : efficacité énergétique, réduction des émissions de carbone et décentralisation, alors que la baisse de la production nucléaire et l’exploitation d’énergies fossiles locales reculent.
Les préoccupations concernant la sécurité d’approvisionnement augmentent légèrement, possiblement en lien avec les révélations récentes de cyberattaques et de cyberguerre. Cela conduit à une augmentation du sentiment d’urgence pour la mise en place d’une transition propre et sûre, et réduit les contraintes sur le coût de l’énergie.
L’on retiendra un renforcement du consensus des experts sur les priorités énergétiques. La part des experts qui mettent en priorité l’efficacité énergétique est ainsi passée de 61% en 2014 à 74% en 2016 et 80% aujourd’hui.
Le Baromètre du marché de l’énergie conduit par Grenoble École de Management interroge (de façon anonyme) une centaine de spécialistes sur ce que devraient être les priorités de la politique énergétique des cinq prochaines années. Ces résultats sont basés sur une enquête menée en décembre 2017 et comprenant 84 participants qualifiés dans le secteur de l’énergie opérant dans l’industrie, la science, et l’administration publique en France. L’intégralité de l’étude est à retrouver ici.
La datavisualisation de cet article a été réalisée par Diane Frances.
Mark Olsthoorn, Postdoctoral researcher in energy economics, Grenoble École de Management (GEM) et Olivier CATEURA, Professeur Associé en Management Stratégique et Management de l’Energie, Grenoble École de Management (GEM)
La version originale de cet article a été publiée sur The Conversation.