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Retour à la raison en Norvège

La Norvège, membre de l’OTAN, a demandé à l’alliance militaire dirigée par les États-Unis de ne pas s’approcher de sa zone frontalière avec la Russie, affirmant que les forces armées du pays se chargeront de cette région stratégique.

e groupe naval de l'OTAN navigue dans la mer de Barents. Photo Royal Navy-
Le groupe naval de l’OTAN navigue dans la mer de Barents. Photo Royal Navy-
Robert Harneis
Robert Harneis, journaliste

Par Robert Harneis

Anniken Huitfeldt, ministre norvégien des Affaires étrangères récemment nommé, a demandé à l’OTAN de maintenir ses avions et ses navires de guerre à une certaine distance des zones les plus septentrionales du pays.
« Il est important pour l’OTAN d’être militairement présente dans notre environnement immédiat. Mais très près de la frontière russe, nous pensons que nous le faisons mieux nous-mêmes, avec des avions norvégiens et des frégates norvégiennes. C’est fondamental pour nous », a-t-elle déclaré au journal norvégien Verdens Gang.
Mme Huitfeldt a déclaré qu’elle cherchait à dialoguer avec les États-Unis et la Grande-Bretagne au sujet de la présence de leurs navires et avions dans la zone frontalière.

La Russie, un partenaire légitime

« Il est dans l’intérêt de la Norvège de s’occuper de ces zones par elle-même, avec les forces de défense norvégiennes » a-t-elle ajouté.
L’analyste norvégien Tormod Heier a déclaré : « Les États-Unis considèrent la Russie comme un concurrent stratégique. La Norvège ne considère pas la Russie comme un concurrent stratégique, mais plutôt comme un partenaire de coopération légitime et naturel dans la même zone où les Américains veulent dissuader la Russie », a-t-il déclaré. « Cela signifie que les intérêts norvégiens et américains ne coïncident pas toujours ».
Les activités militaires américaines en Norvège et dans son voisinage ont augmenté au cours des dernières années. Mais la principale préoccupation concerne un éventuel conflit militaire à la frontière entre l’Ukraine et la Russie, alors que l’Occident accuse Moscou de planifier une invasion militaire contre l’Ukraine et augmente les activités militaires dans la région pour soutenir Kiev.
Le Kremlin a démenti à plusieurs reprises que la Russie envisage d’envahir l’Ukraine et considère le soutien de l’OTAN à ce pays comme une menace à la frontière occidentale de la Russie. L’expert militaire Xavier Moreau affirme qu’en fait les forces russes ne sont pas rassemblées à la frontière de l’Ukraine, mais à 150 kilomètres à l’intérieur de la Russie. Dans le même temps, il souligne que la Russie, comme tout autre pays, a le droit de placer ses forces armées où elle le souhaite sur son propre territoire.

Des intérêts communs

La position du gouvernement norvégien reflète celle du général de Gaulle dans les années 1960 lorsqu’il a retiré la France du comité militaire de l’OTAN pour la même raison que les intérêts américains ne coïncidaient pas nécessairement avec ceux de la France, notamment en cas de guerre nucléaire.
La ministre norvégienne des Affaires étrangères a présidé la réunion du Conseil euro-arctique de Barents le 26 octobre, où elle a déclaré vouloir renforcer les relations dans le Nord. En ce qui concerne la Russie, elle a déclaré : « Nous sommes en désaccord sur beaucoup de choses, mais nous coopérons également bien dans de nombreux domaines où nous avons des intérêts communs ».
Un jour avant la réunion, elle a rencontré le ministre russe des Affaires étrangères, Sergei Lavrov, à Tromsø, où ils ont également déposé des fleurs sur la tombe des soldats soviétiques tombés au combat. Mme Huitfeldt a également reçu une invitation de M. Lavrov à se rendre à Moscou.
L’approche plus nuancée des relations russes intervient après le changement de gouvernement consécutif aux élections de septembre 2021 en Norvège.

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